Confinés, les étudiants en architecture s'initient à la 3D

ROOMS, Lea Guillotin © Studio Bondu

ROOMS, Lea Guillotin © Studio Bondu

Alors que la majorité des dessins se font à la main en première année d’architecture, les étudiantes et étudiants de l’EPFL ont dû apprendre en deux semaines le dessin 3D en raison du confinement. Avec des résultats très satisfaisants qui donnent l'occasion d’enseigner et de penser l’architecture différemment.

La première année d’étude en architecture se distingue à l’EPFL par une approche qui lie imagination, technologie et construction. Le dessin à la main et la fabrication de maquette sont deux de ses principaux axes d’apprentissage. L’année académique trouve son point culminant lors de la construction en extérieur, généralement dans un lieu iconique, d’un projet en format 1:1, monté et vissé à la main par quelque 150 étudiants (voir articles en lien).

En raison de la pandémie de coronavirus, l’Atelier de la conception de l’espace (ALICE), qui pilote ce projet pédagogique, a dû revoir tout son programme. «Nos directeurs de studio ont délivré pendant deux semaines un tutoriel sur le logiciel de dessin 3D ‘Rhino’ à quelque 150 étudiants. Ce cours était très suivi et la classe s’est montrée très motivée», explique Camille Vallet, architecte et responsable communication de ALICE.

Rendus prometteurs
Les premiers «rendus», un ensemble des documents présentés sur un blog par les étudiants, dont des dessins en 3D réalisés avec Rhino, viennent de leur parvenir. Et les résultats sont très prometteurs: «Les travaux des étudiants sont très stimulants. Nous sommes même surpris de voir à quel point le niveau est déjà assez élevé. Malgré la virtualité imposée par l’ordinateur, le dessin 3D a motivé certains à aller plus dans le concret que lors de la fabrication d’une maquette ou du dessin à la main», commente Camille Vallet. «Dans certains cas, le poids, le coût est les dimensions précises de chaque élément ont par exemple été renseignés en légende.»

Un enthousiasme partagé par Dieter Dietz, professeur associé directeur d’ALICE et de la section d’architecture de l’EPFL: «D’une manière générale, nous sommes très contents du travail – important, et nous en sommes conscients – fourni par les étudiants au cours de ces dernières semaines. Nous voyons dans les difficultés présentes l’occasion d’apprendre des manières différentes pour enseigner et penser l’architecture. Je pense que toutes et tous, nous avons hâte de voir comment ce semestre va évoluer.»

Workshop estival
Cette année, les quelque 150 étudiantes et étudiants de première année doivent imaginer des aménagements temporaires dans des parcs et friches du Canton de Genève. Il s’agit plus précisément de trois lieux situés à proximité de la pointe de la Jonction: la mangrove sous le parc Cayla, le parking de la route des péniches et l’embarcadère d’Onex. Lieux de contemplation, de jeu ou de rencontre, leurs projets n’ont pas de limite, si ce n’est celle d’établir un dialogue architectural avec le contexte existant. Les étudiants auraient dû ériger eux-mêmes leurs constructions en bois ce printemps. Un workshop estival devrait toutefois permettre à certains d’entre eux de construire une partie des projets développés au cours du semestre.

Relier l’architecture au vivant
Ce concept, nommé Cabotage, s’inscrit dans le projet pédagogique d’ALICE baptisé «Becoming Léman», inauguré l’année passée à Evian. «Becoming Léman s’attache à comprendre cette dimension en devenir (becoming) de notre environnement et de nos sociétés», explique Dieter Dietz. «À travers ce cycle, étudiants et architectes ont pour but d’apprendre comment relier l’architecture au sol, au territoire et au vivant. Apprendre comment situer des idées et des constructions spatiales en relation non seulement avec la société, mais aussi avec les ressources planétaires, en utilisant très concrètement le cas de la région du Rhône et du Léman.»

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