Des «avatars» pour traiter le lymphome de manière personnalisée

Spirale lymphomoïde (créée par Albert Santamaria-Martinez).

Spirale lymphomoïde (créée par Albert Santamaria-Martinez).

Des scientifiques de l'EPFL ont développé des "lymphomoïdes", un modèle de cancer qui préserve, en laboratoire, la structure et la composition multicellulaire des tumeurs lymphoïdes. Ils offrent un moyen innovant de tester l'efficacité des traitements du lymphome et de mieux prédire les réponses individuelles.

Le cancer est indéniablement complexe, chaque tumeur répondant à des thérapies différentes. C'est également le cas des lymphomes, un type de cancer du sang qui prend naissance dans les lymphocytes, un sous-groupe de cellules immunitaires qui aident à combattre les infections. Les scientifiques cherchent constamment à identifier la meilleure thérapie pour chaque patiente et patient.

Les méthodes traditionnelles pour tester l'efficacité des thérapies contre le lymphome sont limitées. Par exemple, les modèles de xénogreffes dérivées de patients, où des tumeurs humaines sont cultivées sur des souris, sont efficaces mais aussi lents et coûteux. En outre, ils ne rendent pas pleinement compte de la diversité des interactions entre la tumeur et les cellules immunitaires.

Plus récemment, les scientifiques ont commencé à développer des «avatars tumoraux», de nouveaux systèmes permettant de conserver des cellules ou des échantillons de tissus en dehors du corps du patient (ex vivo). Les avatars tumoraux sont des outils très prometteurs. Cependant, il était particulièrement difficile de conserver la structure et la composition cellulaire d'origine des lymphomes.

Pour relever ces défis, Albert Santamaria-Martínez et Elisa Oricchio de l'EPFL, en étroite collaboration avec des cliniciennes et cliniciens du CHUV, ont développé un modèle ex vivo avancé appelé "lymphomoïdes". Ils ont identifié un environnement spécifique qui permet de maintenir des fragments de tissu de lymphome ex vivo pendant plusieurs jours. Dans ces conditions, ils ont pu préserver l'architecture, la diversité cellulaire et le microenvironnement de la tumeur.

Les chercheurs ont collecté 27 échantillons de lymphomes humains et ont démontré, à l'aide d'analyses basées sur l'imagerie et de profils moléculaires spatiaux, que les lymphomoïdes conservent les caractéristiques phénotypiques et moléculaires des tumeurs d'origine.

Dans le cadre d'une étude portant sur différents types de lymphomes humains à cellules B, les lymphomoïdes ont été conservés vivants et structurellement intacts pendant plusieurs jours, ce qui a permis aux chercheuses et chercheurs d'examiner la façon dont les échantillons réagissaient à différents médicaments. L'équipe a testé une série de médicaments anticancéreux sur les lymphomoïdes, notamment des inhibiteurs de la tyrosine kinase de Bruton (BTK), des inhibiteurs de la PI3K et des inhibiteurs de la BCL-2, afin de déterminer si ces traitements pouvaient réduire la croissance et la prolifération des cellules lymphomateuses.

Les lymphomoïdes ont montré une gamme de sensibilités aux médicaments anticancéreux, reflétant étroitement les réponses cliniques des patientes et patients dont les échantillons de tissus ont été utilisés. Par exemple, les lymphomes d'un patient dont la tumeur répondait bien aux inhibiteurs de BTK ont également montré une sensibilité au même médicament dans le modèle ex vivo. Dans un autre cas, les lymphomoïdes d'un patient résistant au lénalidomide ont montré une résistance similaire lors des tests ex vivo.

Ces recherches suggèrent que les lymphomoïdes peuvent servir d'outil fiable pour prédire comment chaque patiente et patient peut répondre à des traitements spécifiques. En permettant aux chercheuses et chercheurs de tester l'efficacité des médicaments sur des échantillons dérivés de patients, les lymphomoïdes offrent un nouveau moyen prometteur de personnaliser le traitement du cancer. Ils pourraient éventuellement permettre aux médecins d'utiliser l'échantillon de tissu d'un patient pour trouver le traitement le plus efficace pour cette personne avant de commencer la thérapie, ce qui pourrait épargner aux patients des traitements et des effets secondaires inutiles.

En outre, les lymphomoïdes pourraient également être utilisés dans le cadre d'essais cliniques pour tester les nouvelles thérapies anticancéreuses et explorer la dynamique complexe entre les cellules tumorales et les cellules immunitaires au cours du traitement.

Autres contributeurs

  • Centre suisse du cancer Léman
  • Centre Hospitalier Universitaire Vaudois (CHUV)
  • Université de Lausanne (UNIL
  • Institut suisse de bioinformatique (SIB)
  • Institut Central des Hôpitaux (ICH)
Financement

Santé personnalisée et technologies connexes (PHRT)

Fondation ISREC

Fondation Aclon

Fondation Accentus

Fondazione San Salvatore

Références

Albert Santamaria-Martínez, Justine Epiney, Divyanshu Srivastava, Daniele Tavernari, Marco Varrone, Dina Milowich, Igor Letovanec, Thorsten Krueger, Rafael Duran, Giovanni Ciriello, Anne Cairoli, Elisa Oricchio. Development of patient-derived lymphomoids with preserved tumor architecture for lymphoma therapy screening. Nature Communications 09 December 2024. DOI: 10.1038/s41467-024-55098


Auteur: Nik Papageorgiou

Source: EPFL

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