ZEISS et EPFL : Un plan d'action pour l'innovation collaborative

L'EPFL est l'un des leaders mondiaux de la recherche, donc la qualité est là, mais c'est aussi une question d'atmosphère et de volonté d'essayer de nouvelles choses, d'oser se tromper et parfois d'avoir étonnamment raison dans nos intuitions scientifiques. C'est une grande réussite.

L'histoire récente a vu la fusion des connaissances de l'industrie et de l'exploration universitaire comme moyen de stimuler les percées technologiques innovantes. Aux États-Unis, les collaborations entre le MIT et Analog Devices, Inc. ainsi qu'entre l'Université de Stanford et Hewlett-Packard sont des exemples clairs de synergie entre le monde universitaire et l'industrie. S'inspirant de ces partenariats réussis, l'EPFL a entretenu sa tradition de collaboration avec l'industrie, favorisant des alliances significatives avec des entreprises telles que Swisscom, Nestlé et Logitech. Dans un esprit similaire d'innovation collaborative, la Faculté d'ingénierie de l'EPFL a collaboré de manière intensive avec ZEISS, un leader mondial de la technologie optique.

Professeur Bellouard, quel est le trait caractéristique de la collaboration entre l'EPFL et ZEISS ?

Yves Bellouard: Nous sommes tous des chercheurs qui comprennent que la recherche peut prendre des directions intéressantes et parfois imprévisibles. Travailler avec ZEISS nous donne des occasions uniques d'être confrontés à des problèmes de recherche stimulants, pertinents pour l'industrie et à la pointe de l'innovation, qui à leur tour nous aident à identifier des problèmes fondamentaux à plus long terme.

Dr. Kempe, comment ZEISS encourage-t-il cette créativité scientifique ?

Michael Kempe: L'innovation est dans notre ADN. Le mieux est peut-être de prendre l'exemple concret de notre collaboration avec le laboratoire Galatea du professeur Bellouard. Nous travaillons ensemble à l'amélioration continue de notre technologie optique pour la fabrication de semi-conducteurs. La technologie de pointe consiste à utiliser la photolithographie à des longueurs d'onde très courtes, il s'agit donc de composants qui sont fabriqués avec une extrême précision grâce à la lumière. L'optique joue un rôle essentiel à cet égard. Pour conserver notre avantage concurrentiel, nous devons participer à la recherche qui alimente notre technologie et l'alimenter.

Dr. Gwosch, vous avez travaillé sur ce projet commun avec le professeur Bellouard en tant que chercheur, pourriez-vous nous en dire plus sur ce projet ?

Klaus Gwosch: Le secteur des semi-conducteurs est très compétitif et les machines qui fabriquent plus de 80 % des semi-conducteurs actuels utilisent des optiques ZEISS. Comme l'a dit Michael, nous devons donc maintenir notre avantage concurrentiel pour conserver notre part de marché. La collaboration avec l'équipe de l'EPFL a été très étroite. Nous avons eu des réunions mensuelles et nous avons trouvé ensemble des solutions aux problèmes.

Yves Bellouard: C'est vrai. Nous n'avons jamais eu l'impression qu'on nous donnait le financement et qu'on nous laissait seuls pour trouver les solutions. Le dialogue a été constant, ce qui montre que les chercheurs de ZEISS prennent également le temps de comprendre nos recherches et d'apporter leurs idées au projet.

Dr. Kempe, pensez-vous que ce modèle de collaboration pourrait s'appliquer à d'autres secteurs ?

Michael Kempe: Il nous a fallu un certain temps pour trouver la meilleure façon d'initier des collaborations fructueuses. Le comité scientifique, composé de chercheurs de l'EPFL et de ZEISS, a trouvé des moyens efficaces d'identifier de petits projets au sein de la communauté de recherche de l'EPFL, ayant le potentiel de se développer en projets plus importants. Environ 50 % de ces projets initiaux se sont transformés en collaborations de recherche continues. Je suis sûr que si une entreprise a des objectifs similaires, ce modèle fonctionnera bien pour elle, comme il l'a fait pour nous.

Comment la collaboration est-elle organisée au niveau institutionnel, professeur Bellouard ?

Yves Bellouard: L'atelier annuel est vraiment au cœur de l'organisation de la collaboration. Nous lançons un appel à projets, des chercheurs de ZEISS et de l'EPFL se réunissent et évaluent ces projets, et ceux qui répondent aux exigences sont financés par le programme ZEISS Research IDEAS. Nous choisissons trois ou quatre projets chaque année, et lorsqu'un ou plusieurs d'entre eux sont couronnés de succès - à la fois sur le plan de la collaboration, sur le plan humain et sur le plan scientifique - ZEISS ou d'autres sources de financement continuent à apporter leur soutien financier et leur expertise pour développer un projet de plus grande envergure. Nous parlons ici de certains des problèmes scientifiques les plus intéressants et les plus difficiles à résoudre qui proviennent de l'industrie. C'est une excellente occasion pour nos jeunes chercheurs d'acquérir de l'expérience en travaillant sur ces projets.

Michael Kempe: Oui, il est important de souligner l'aspect humain des choses. Comme Yves et Klaus y ont déjà fait allusion, la collaboration ne se fait pas uniquement sur le papier. Il s'agit d'individus qui interagissent en permanence, il faut donc qu'il y ait une étincelle. L'EPFL est l'un des leaders mondiaux de la recherche, donc la qualité est là, mais c'est aussi une question d'atmosphère et de volonté d'essayer de nouvelles choses, d'oser se tromper et parfois d'avoir étonnamment raison dans nos intuitions scientifiques. C'est une grande réussite. Je tiens à souligner que cette atmosphère de collaboration est encouragée en grande partie par la Vice-présidence pour l'innovation (VPI) de l'EPFL. Il existe une réelle volonté institutionnelle de collaborer.

Il est évident que la collaboration entre ZEISS et l'EPFL est une manifestation profonde de ce qui se passe lorsque le monde universitaire et l'industrie se rencontrent. Les ateliers organisés par la VPI, comme le modèle ZEISS / EPFL, en témoignent. Ils offrent une plateforme où les chercheurs de l'EPFL et les innovateurs de l'industrie comme ZEISS peuvent explorer des intérêts communs et, en fin de compte, susciter des collaborations potentielles. Ces sessions ont été saluées par divers secteurs pour leur capacité à fournir une voie simplifiée vers des alliances impactantes, en exploitant le vaste réservoir de connaissances et de talents de l'EPFL.