WIITE, l'exosquelette qui permet la randonnée à ski
Tandis que les équipes qui auraient dû s’élancer sur la Patrouille des glaciers rongent leur frein, un randonneur handicapé chausse à nouveau les peaux de phoque. Les concepteurs de TWIICE ont transformé leur exosquelette d’aide à la marche pour l’adapter au ski de randonnée.
Tout a commencé par un souhait, celui de Martin Loos, amoureux de la montagne qui rêvait d’y retourner, non pas pour « simplement » y marcher mais pour y créer sa propre trace de montée dans la poudreuse. Il y a dix ans, un accident d’escalade l’a rendu paraplégique. Un coup du sort qui n'a pas terni son attrait pour les pentes enneigées. "Pour me déplacer en ville au quotidien, ma chaise roulante est une solution simple et suffisante. Je me disais que ce serait génial de pouvoir monter à nouveau en ski de randonnée et retourner dans les endroits que j’affectionne, inaccessibles en chaise".
Déterminé, Martin a, depuis plusieurs années, dû adapter sa pratique des sports hivernaux. Il descend parfaitement les pistes en handi-ski et participe à des excursions de randonnée en groupe. Mais pour monter, la nécessité d'être tiré par ses camarades ternit son sentiment de liberté. "J'aurais même du plaisir à simplement être debout sur la neige, sans n’avoir qu’à me pencher depuis mon handi-ski pour la toucher " confie-t-il. Également attiré par l'ingénierie qu'il étudie à Yverdon, c'est par l'intermédiaire de son père Roland, diplômé de l'EPFL, qu'il a pris contact avec le groupe de recherche REHAssist de l’EPFL. Les ingénieurs du projet TWIICE ont alors accepté le défi, de lui donner la possibilité d’être à nouveau « debout » dans la neige.
Du projet à la réalisation en un temps record
C’est ainsi que WIITE, variante de l'exosquelette TWIICE, a vu le jour. Il permet à une personne atteinte d'une lésion complète de la moelle épinière de se lever, de marcher, et surtout de faire de la randonnée à ski, grâce à sa compatibilité avec des chaussures de ski de randonnée standard. Seul impératif, “l'utilisateur doit être à même d'utiliser le haut de son corps pour manipuler les béquilles, qui servent à l'équilibre et au contrôle de l'exosquelette”, précise Mohamed Bouri, chef du groupe de recherche REHAssist. Celui-ci est contrôlé manuellement. Chaque action est déclenchée par l'appui bref d’une gâchette sur les poignées des béquilles, ou des bâtons pour Martin.
« Le projet de développement a pu se faire en un temps record, c’est-à-dire en un mois, incluant la conception et la fabrication sur mesure des parties adaptées », explique Tristan Vouga, membre de l’équipe de développement TWIICE et WIITE. « Dès la troisième séance d'entraînement, Martin était capable de déambuler avec l'exosquelette, skis aux pieds. » Martin aura eu besoin d’un peu plus d'une douzaine de séances pour en arriver au niveau actuel, et se lancer dans un périple de plusieurs heures entouré de toute l’équipe. « J’étais très concentré au début, craignant d’abord de perdre l’équilibre à chaque pas, mais après quelques minutes seulement j’ai pris confiance. C’était magique ! »
Les concepteurs travaillent déjà sur d’autres formes d’activités, de pathologies et de morphologies. La course à pied en palliant la perte d’un membre amputé et l’aide à des personnes ayant subi un AVC font parties des développement possibles de l’exosquelette TWIICE.
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Reportage et images réalisées avant le confinement.