Une séparation de l'hydrogène record grâce à des films ultraminces
Des scientifiques de l’EPFL ont synthétisé la première membrane à réseau organométallique d’une épaisseur de seulement une cellule unitaire. Le film ultramince permet d’obtenir une performance de séparation inégalée de l’hydrogène-azote.
Les réseaux organométalliques (metal-organic framework ou MOF) constituent une catégorie de matériaux dotés de pores à l’échelle nanométrique. Ces pores procurent aux MOF des surfaces spécifiques internes qui dépassent tous les records, ce qui leur confère une polyvalence extrême pour un certain nombre d’applications dont les suivantes: séparation des produits pétrochimiques et des gaz, imitation de l’ADN, production d’hydrogène et extraction de métaux lourds, d’anions fluorures et même d’or à partir de l’eau.
Dans le domaine de la séparation des gaz, les MOF sont particulièrement intéressants pour séparer l’hydrogène de l’azote, ce qui est essentiel pour produire de l’énergie propre, pour améliorer l’efficacité des piles à combustible, pour la synthèse de l’ammoniac et pour divers processus industriels. La séparation de l’hydrogène et de l’azote présente également un certain nombre d’avantages pour l’environnement, ce qui la rend indispensable pour faire progresser les technologies et les pratiques industrielles durables.
Une équipe de chercheuses et chercheurs sous la houlette du professeur Kumar Varoon Agrawal de la Faculté des sciences de base de l’EPFL a mis au point un film MOF ayant la plus petite épaisseur possible et capable d’atteindre des niveaux inégalés de séparation hydrogène-azote. Ces chercheuses et chercheurs ont travaillé avec un type de MOF appelé réseau zéolitique d’imidazolate (ZIF). Celui-ci suscite un grand intérêt en raison de son potentiel dans les séparations moléculaires, la détection et d’autres applications.
Pour fabriquer les films, les chercheuses et chercheurs ont utilisé une méthode de cristallisation innovante qui tire parti de l’alignement précis des mélanges de précurseurs ultradilués avec le substrat cristallin sous-jacent. En contrôlant soigneusement les concentrations de précurseurs et les interactions avec le substrat, l’équipe est parvenue à supprimer la croissance hors plan – un problème fréquent dans la fabrication de films minces.
L’approche a porté ses fruits: en l’espace de quelques minutes et à température ambiante, les scientifiques ont réussi à fabriquer des films ZIF bidimensionnels (2D) macroscopiquement uniformes et d’une épaisseur sans précédent (une seule unité structurelle mesurant uniquement deux nanomètres). Les scientifiques ont également démontré que le processus est évolutif et permet de préparer des films d’une surface de plusieurs centaines de centimètres carrés. Cette avancée permet de dépasser les méthodes traditionnelles, qui ont limité l’épaisseur du film ZIF à 50 nanomètres, ce qui rend difficile son utilisation à grande échelle.
Le film ZIF présente une configuration unique: une épaisseur de l’ordre du nanomètre et un ensemble uniforme de cycles de coordination zinc-imidazolate à six chaînons de criblage de l’hydrogène. Kumar Varoon Agrawal explique: «Cela permet une combinaison exceptionnelle de flux d’hydrogène et de sélectivité, offrant un immense potentiel pour des applications hautement efficaces de séparation des gaz.»
Autres contributeurs
- Université Johns-Hopkins
- Université des sciences et technologies du roi Abdallah
- Université Soochow
Conseil européen de la recherche
Fonds national suisse de la recherche scientifique (FNS)
Département de l’Énergie des États-Unis
Université Soochow
Qi Liu, Yurun Miao, Luis Francisco Villalobos, Shaoxian Li, Heng-Yu Chi, Cailing Chen, Mohammad Tohidi Vahdat, Shuqing Song, Deepu J. Babu, Jian Hao, Yu Han, Michael Tsapatsis, Kumar Varoon Agrawal. Unit-cell-thick zeolitic imidazolate framework films for membrane application. Nature Materials 21 septembre 2023. DOI: 10.1038/s41563-023-01669-z