Une grève pour plus d'égalité à l'EPFL

Grève féministe à l’EPFL le 14 juin.© 2019 EPFL / Alain Herzog

Grève féministe à l’EPFL le 14 juin.© 2019 EPFL / Alain Herzog

Ce 14 juin, la grève féministe était aussi à l’EPFL. Un collectif UNIL-EPFL d’employées et d’étudiantes a remis un manifeste à la Direction.

Ce 14 juin, à l’occasion de la grève féministe, quelque 300 personnes se sont réunies sous les voûtes du Rolex Learning Center de l’EPFL sur les coups de 11 heures. Elles ont répondu à l’appel du collectif EPFL-UNIL composé d’employées et d’étudiantes.

Premier événement de la journée, une lecture du manifeste réalisé par le collectif, une liste de revendications concernant notamment la suppression des inégalités professionnelles, la reconnaissance du travail parental ou encore l’éradication des violences sexistes. Le manifeste a ensuite été remis à la Direction de l’École, représentée par Caroline Kuyper, vice-présidente pour les finances et Andreas Mortensen, vice-président pour la recherche. Caroline Kuyper a notamment pris la parole pour remercier l’assistance pour ses actions et revendications qui «rejoignent les actions que la Direction met en place pour offrir encore davantage d’égalité sur notre campus.»

Le collectif a ensuite invité les grévistes à signer le manifeste et à participer à un pique-nique canadien. À partir de 15 heures, les grévistes de l’EPFL et de l’UNIL étaient appelés à se réunir et à se diriger vers le centre-ville de Lausanne, pour prendre part à un cortège.

Que peut-on attendre d’une telle journée?

«La journée de mobilisation de 1991 a été un catalyseur important pour faire avancer la situation des femmes et l’égalité des chances en Suisse. J’espère que celle-ci aura un effet aussi constructif», déclare Helene Füger, déléguée à l'égalité de l’EPFL. Et d’ajouter: «A l’EPFL, la situation a évolué favorablement, même s’il reste beaucoup à faire. Cependant, il y a un vrai dynamisme aujourd’hui que je trouve extrêmement important.»

Sensibilisation aux biais de genre

Parmi les actions mises en place à l’EPFL, citons les mesures pour l’égalité des chances dans les procédures de recrutement professoral, instaurées fin 2017. Dans ce cadre, des séminaires de sensibilisation aux biais implicites ont été mis en place. Les membres de la Direction, les doyens et doyennes et les directeurs et directrices d’instituts ont été les premiers invités. L’objectif de ce séminaire? Montrer comment des préjugés ou des stéréotypes qui se produisent de manière inconsciente affectent notre jugement et notre comportement. En être conscient permet de diminuer leurs effets.

Suite aux premières expériences, le caractère obligatoire de ces séminaires sera étendu dès l’année prochaine et comprendra les membres des commissions d’évaluation académique. Les membres des comités de recrutement sont également encouragés à être proactifs dans la recherche de candidates. L’objectif de la Direction pour les 5 années à venir est de faire 40% d’offres à des femmes.

Des progrès en matière d’égalité salariale

Et du côté des salaires? Une nouvelle analyse – basée sur l’outil « Logib» du Bureau fédéral de l’égalité –révèle qu’entre 2015 et aujourd’hui l’inégalité salariale entre hommes et femmes à l’EPFL s’est réduite. En 2015, la différence salariale « inexpliquée » était de 1,9 %, en défaveur des femmes. Aujourd’hui, cet écart s’est réduit à 1,3%. Est-ce que cela permet de réduire les différences salariales individuelles? «Cela les rend peu probables, signale Helene Füger. Mais en cas de doute, il faut chercher le dialogue et se renseigner auprès des ressources humaines.»

Vers quatre semaines de congé paternité?

L’égalité passe aussi par de meilleures conditions pour concilier vie professionnelle et vie familiale. La révision de l’Ordonnance du personnel du domaine des EPF, actuellement en consultation, comporte deux améliorations notables. Elle prévoit une prolongation du congé paternité. Il passerait de 2 à 4 semaines.

Une autre amélioration prévue : des jours de congé payés pour les employées et employés qui viennent en aide à leurs proches, typiquement un parent âgé qui a besoin d’aide. «Espérons que ces deux modifications passent, glisse Helene Füger. Je suis convaincue que l’EPFL a un rôle considérable à jouer dans l’évolution des carrières des femmes dans le secteur des sciences et de l’ingénierie en Suisse.»

Rappelons que par décision de la Direction, lors de la grève féministe du 14 juin, les collaboratrices et collaborateurs qui souhaitent participer aux événements sur le campus peuvent le faire sur leurs heures de travail.

L’égalité des chances à l’EPFL: des chiffres et des actions

  • Fin 2018, on comptait 16% de femmes dans le corps professoral et 28% d’étudiantes.

  • Parmi les nominations de professeures depuis 2015, on compte 31% de femmes.

  • Aux 187 places de crèche, distribuées sur trois garderies, 43 places supplémentaires se sont ajoutées en 2018. Environ 44 nouvelle places seront créées en 2020, dans la nouvelle crèche du bâtiment Vortex.

  • Depuis fin 2018, la bourse Robert Gnehm offre un soutien aux parents postdoctorants dans les premières étapes de la parentalité. Elle leur permet de consacrer plus de temps à leur enfant tout en atténuant une baisse temporaire de la productivité scientifique.