«Une excellente préparation est importante»
Professeur d'ingénierie financière Erwan Morellec a été désigné meilleur enseignant de sa section. Un titre qu'il avait déjà glané il y a cinq ans.
Erwan Morellec, professeur au Collège du management de la technologie de l’EPFL, est de ceux qui redorent le blason de la finance. Titulaire d’une chaire de recherche du Swiss Finance Institue, il s’engage pour former des gestionnaires responsables, contrôler les dérives des banques et amener les organismes financiers à prendre des décisions réfléchies. Ses spécialités ? L’évaluation et le financement des entreprises ainsi que la gestion des risques financiers.
A l’EPFL depuis dix ans, le professeur adepte de mathématiques dispense un cours sur les grands principes de la finance, en option pour tous les étudiants en Master. Et il aime autant enseigner que développer des modèles théoriques ou réaliser des études statistiques. A la tête du programme doctoral en ingénierie financière, il co-enseigne également un cours sur la finance d’entreprise à l’école doctorale. Déjà récompensé meilleur enseignant de sa section il y a cinq ans, il remet le couvert cette année. Et son cours Master attire toujours plus d’étudiants, à tel point qu’il a dû le dédoubler. Après un doctorat à HEC Paris, ce père de deux enfants a fait ses armes aux Etats-Unis, à l’Université de Rochester. «J’ai eu la chance d’apprendre aux côtés d’un professeur «star», et de pouvoir suivre à l’automne le cours que je devais enseigner au printemps. Lorsque des étudiants déboursent des dizaines de milliers de francs pour leurs études, il faut être à la hauteur. Cela m’a montré l’importance d’une excellente préparation.»
Expert mondial dans son domaine, le spécialiste de la finance consacre toujours une ou deux heures à relire ses cours pour s’assurer de transmettre clairement ses connaissances. Sans aller trop vite. Car le professeur a pour mission de composer avec des étudiants de toutes les sections aux backgrounds très variés. «Mon challenge est de trouver le juste milieu, ne pas ennuyer les uns et perdre les autres, je dois m’assurer qu’ils terminent tous le cours en ayant acquis les fondamentaux de la finance.» Des compétences très utiles pour les étudiants qui désireront monter une start-up. «Je donne des cadres d’analyse généraux qui peuvent s’appliquer à toutes sortes de cas pratiques. L’idée est qu’ils aient à disposition des outils pour réagir à n’importe quelle situation.»
Soigner l’ambiance
Dans son cours, l’enseignant s’appuie sur des centaines de slides qu’il veille à mettre à jour chaque année. «L’objectif est que les étudiants aient peu de notes à prendre pour qu’ils puissent plus interagir.» A l’instar d’un bon réalisateur, il soigne l’intrigue et les changements de rythme. Côté exercices, il se base sur des cas et des données existantes. Car il est bien connu que la réalité dépasse souvent la fiction.
L’enseignant cherche aussi à créer une ambiance de classe propice à la discussion, en ayant recours à des anecdotes et à l’humour. «Aux Etats-Unis, les étudiants participent plus, mais c’est aussi car les professeurs sont moins cassants. Lorsqu’un élève formule une mauvaise réponse, ils essayent de comprendre pourquoi. Il est important d’instaurer un climat de confiance.» Erwan Morellec enseigne donc avec bienveillance y compris avec ses doctorants. «Le but est d’en faire des chercheurs qui s’épanouissent, il faut être critique mais aussi encourageant. D’ailleurs, ma porte est toujours ouverte, ils peuvent venir discuter à tout moment.»