Une boîte à outils SIG participative pour les transports au Kenya

© 2022 EPFL

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La CEAT, grâce au Grant 2021 de Tech4Dev a développé un outil d’analyse de la mobilité rurale basé sur les activités des communautés locales au Kenya. Pablo de Roulet nous présente des détails de ce projet conduit par l’EPFL et plusieurs institutions de diverses parties du monde.

1. Nous sommes heureux de vous recevoir, dites-nous qui êtes-vous ?

Je suis Pablo de Roulet et je suis géographe. Je suis spécialisé dans les méthodes mixtes combinant les données qualitatives, quantitatives et d’analyse spatiale pour les sciences sociales. J’ai notamment travaillé sur les dynamiques urbaines en lien avec les conflits politiques, les inégalités urbaines, l’aide humanitaire et la mobilité. Je mène le projet en collaboration avec Baraka Jean-Claude Munyaka.

2. Qu’est-ce que c’est, Tech4Dev, et comment est née la collaboration avec la CEAT?

Tech4Dev est une institution interne à l’EPFL dédiée aux développement de solutions technologiques pour les pays du Sud à travers des partenariats entre des labos de l’EPFL et des ONG internationales. Les projets de Tech4Dev se déroulent sur 2 ans et doivent aboutir sur un produit final prêt à l’emploi.

3. En quoi consiste le projet et comment sont facilitées les choses sur le terrain?

Le projet consiste à mettre en place un outil d’analyse de la mobilité rurale basé sur les activités des communautés locales. Cela demande l’usage d’outils flexibles, puisque se sont les communautés qui décrivent les éléments pertinents à collecter. Concrètement, le projet propose une plateforme WEB, appelée « uSafiri » - ce qui veut dire « transport » en Swahili, combinée à l’outil de collecte de données QField et une méthodologie de cartographie participative. La solution est bon marché et relativement facile d’utilisation, puisqu’elle ne demande que l’usage d’un smartphone et d’un ordinateur pour la collecte, le stockage et l’analyse des données de mobilité.

Mais ces outils doivent également être capables d’exigences techniques relativement complexes. La modélisation et la construction d’un réseau de mobilité demande une grande qualité des données, du fait que des analyses doivent être faites au-delà d’une simple visualisation.

Cette méthodologie et ces instruments de collecte est combinée avec une plateforme WEB qui doit permettre aux futurs utilisateurs de pouvoir facilement charger des données et accéder à des fonctionnalités de visualisation et d’analyse de mobilité.

Nos partenaires de terrain, l’ONG WBR, organisent les communautés dans des zones où ils sont implantés, principalement en Afrique rurale. Leurs expériences et leur connexion avec ces communautés à travers leurs autres programmes nous ont permis de dialoguer avec les membres de ces communautés et arpenter leurs villages pour y collecter des données sur les lieux centraux desquels et vers lesquels ils et elles circulent, principalement à pied.

4. Comment se passe la collaboration entre autant de partenaires géographiquement dispersés ?

Nos partenaires sont l’ONG World Bicycle Relief, implantée dans des communautés rurales de nombreux pays sur des programmes de mobilité cyclable, et NepalFlyingLabs, une organisation privée active dans des solutions de géomatique pour les projets de développement et l’analyse des risques naturels et basée au Népal.

Avec les réunions sur Zoom et les outils de partage de travail cloud, c’est relativement facile de se coordonner et de travailler sur plusieurs zones géographiques, même si ce n’est pas la même chose que de se voir en vrai. Le travail sur plusieurs fuseaux horaires cause parfois la confusion, mais nous avons tout de même eu l’occasion de nous voir lors du lancement du projet , à Lausanne. Puis certains d’entre nous se sont également revus sur le terrain à Kakamega, au Kenya, pour notre première collecte de données.

5. Donnez-nous une idée générale des résultats préliminaires à cette étape du projet ?

Nous avons fait une première visite de terrain de 6 semaines, au cours de laquelle nous avons testé nos outils et notre méthode. Nous avons collecté des milliers de points et de segments de route qui nous permettent de visualiser les axes de mobilité essentiels à l’échelle des villages.

Les résultats que nous avons obtenus nous ont démontré que la méthode fonctionne. Nous avons collecté des données pertinentes pour la mobilité rurale, basées sur les préoccupations des communautés locales. Finalement, nous avons des données de réseau de mobilité piétonne à l’échelle de deux grands villages.

6. Quelles sont alors les prochaines étapes du projet ?

Nous allons continuer le développement des fonctionnalités de la plateforme WEB avec nos partenaires de l’ONG NFL.

Nous allons également continuer notre collecte de données de terrain, en améliorant et prolongeant notre méthode de collecte et de validation communautaire.