Un projet durable en Himalaya

L’utilisation de terre crue compactée dans un coffrage permet de réduire le temps de construction par rapport aux techniques traditionnelles du Zanskar. © Eric Domon
Des étudiants réalisent une construction durable en Himalaya. Un projet qui permet de valoriser les ressources locales et de sensibiliser à l’écologie tout en améliorant les conditions de vie des locaux.
Situé à plus de 3600 m d’altitude, le Zanskar est une vallée enclavée de l’Himalaya indien. La neige rend la région presque inaccessible de novembre à mai, obligeant ses habitants à vivre en autonomie. Mode de vie traditionnel, culture bouddhiste, climat aride et ensoleillement exceptionnel avec 300 jours de soleil par année, voilà en quelques mots les particularités du Zanskar.
Une région authentique où Grégoire Aguettant, étudiant en Master de génie civil, a eu la chance de passer deux étés dans le cadre de son projet de semestre. «Mon travail porte sur la construction d’une résidence pour les professeurs de la Marpaling School dans le village de Stongday», indique-t-il. En plus d’améliorer de manière significative la qualité de vie des enseignants souvent originaires d’autres régions de l’Inde, ce projet a pour vocation de promouvoir auprès de la population locale une architecture durable innovante, valorisant les techniques de construction et le savoir-faire locaux, tout en réduisant la dépendance aux ressources non renouvelables. Il fait suite à une série d’initiatives portées par l’association suisse Rigzen-Zanskar.
Le concept a été imaginé par Eric Domon, ingénieur civil diplômé de l’EPFL en 2015: «A la base, il s’agissait juste de quelques réflexions pour un projet théorique, mais des membres de l’association nous ont encouragés à concrétiser le projet.» A l’été 2015, il se rendait sur place pour échanger avec les futurs usagers. Comment aménager les espaces communs, toilettes mixtes ou non, possibilité de réunir les lieux de culte de différentes religions? Autant de questions auxquelles il a fallu répondre en tenant compte des subtilités de la culture locale.
Isolation en bouteilles de PET
Aujourd’hui, la construction est bien avancée. «Nous en sommes au plancher du premier étage», annonce Grégoire Aguettant. Depuis deux étés, l’étudiant passe trois mois au Zanskar pour gérer les travaux. « Les murs sont en pisé. Il s’agit de terre crue compactée dans un coffrage. Cette technique nous permet de réduire le temps de construction par rapport à l’utilisation traditionnelle de briques de boue séchée», explique-t-il. Pour l’isolation, il est prévu d’utiliser des bouteilles de PET. «Nos contraintes étaient la valorisation des ressources disponibles localement et la réalisation d’une construction reproductible par les habitants, continue Eric Domon. Et comme la problématique de la pollution par le PET se posait également, c’était la solution idéale.»
A cela s’est ajouté un projet de sensibilisation à l’écologie. «Les élèves ont été invités à récolter des bouteilles dans la nature et à les échanger contre des fournitures scolaires. Un moyen efficace pour nettoyer la vallée et sensibiliser les enfants, mais aussi leurs parents qui, du coup, se sont intéressés au projet de construction durable», précise-t-il.
Cet été, les travaux se poursuivront. Plusieurs points sont encore à élucider. Comment procéder écologiquement sans importer trop de matériaux pour réaliser la toiture étanche? Comment gérer les problèmes de surchauffe estivale? Comment gérer le système d’eau l’hiver sans qu’il gèle? Un projet concret et une approche multidisciplinaire qui ne demandent que réflexion.
Toute personne intéressée à participer bénévolement à l’aventure peut contacter l’association Rigzen-Zanskar.