Un potager dans son appartement grâce aux serres intelligentes
De petites serres d’intérieur intelligentes développées à l’EPFL permettent aux citadins de cultiver leur potager en appartement ou au bureau. Cette technologie est l’œuvre de deux étudiants en master de l’EPFL. Une startup a été créée, et plusieurs prototypes de serres ont été installés sur le campus via la plateforme Act for Change LAB (Durabilité EPFL).
Cultiver son propre basilic, sa salade ou ses fraises dans son salon grâce à de petites serres connectées, urbaines et intelligentes. C’est ce que propose la startup Caulys, co-créée en début d’année par deux étudiants en master de l’EPFL.
L’ambition des fondateurs de Caulys ? Transformer les consommateurs urbains en producteurs de denrées fraîches et locales. En somme, amener l’agriculture en ville, et les potagers dans les appartements et autres lieux de vie.
Modulables et autonomes, les serres assurent la traçabilité des denrées. Elles permettent d’éviter les emballages plastiques, les pesticides ou les OGMs. En cultivant local, l’impact C02 lié au transport des aliments est éliminé. «La majorité des fruits et légumes que nous consommons d’habitude sont sélectionnés pour leur résistance aux transports et aux maladies, souvent au détriment de leurs qualités nutritives et gustatives. Près de la moitié des denrées est par ailleurs perdue en chemin», illustre Grégoire Gentile, étudiant en Génie mécanique à la Faculté des sciences et techniques de l'ingénieur, co-fondateur et directeur général de la startup.
La croissance des plantes optimisée
La technologie se présente sous la forme de modules, pouvant atteindre quatre étages et accueillir jusqu’à 200 plants. Dotées de capteurs et de LED, les serres adaptent en continu la luminosité, la température ou l’humidité, pour optimiser la croissance des plantes. Grâce à une irrigation en cycle fermé, les serres utilisent jusqu’à 95% d’eau en moins que dans l’agriculture classique.
Les serres Caulys sur le campus de l'EPFL © 2019 EPFL / Jamani Caillet
«La quantité de terres cultivables ne suffira bientôt plus pour nourrir tout le monde sur notre planète», explique Tom Lachkar, étudiant en Bioingénierie, co-fondateur et directeur du développement commercial de la startup. «Les serres pourraient être utilisées en complément à l’agriculture traditionnelle.»
Mettre la prise et changer l’eau
L’utilisation est très simple. D’abord, on branche la serre à une source de courant électrique. Ensuite, on introduit les recharges Caulys, contenant un substrat naturel, des nutriments et des graines. Reste à remplir le bac d’eau, et à attendre que les plantes poussent.
Il suffit ensuite de rajouter de l’eau dans le réservoir régulièrement. «Nous estimons le temps à consacrer à la culture à 20 minutes par semaine», précise Grégoire Gentile.
Les permiers tests sont en route sur le campus de l'EPFL © 2019 EPFL / Jamani Caillet
Grâce au soutien de la plateforme à projets durables du campus Act for Change LAB et de l’unité Durabilité EPFL, les fondateurs de Caulys sont en train de tester leur produit sur le campus de l’EPFL. 18 unités de serres de 50 plants ont été posées dans le bâtiment CO, à côté de la cafétéria. Le but est d’optimiser les cultures, mais aussi de permettre aux étudiants et aux collaborateurs de cultiver et récolter des jeunes pousses de radis, de roquette, ou de basilic par exemple.
Par la suite, Caulys proposera au fur et à mesure de son développement la possibilité de cultiver laitues, herbes aromatiques, petits fruits et légumes.
Partie d’un simple projet de semestre, la serre devrait être commercialisée d’ici la fin de l’année. Un modèle de quatre étages coûtera environ 3000 francs. Pour un module de deux étages, il faut compter une consommation en énergie de 840 kWh par an. Soit l’équivalent de deux lampes halogènes sur pied.
Grégoire Gentile, Tom Lachkar et Mathilde Lorans, membres de Caulys © 2019 EPFL / Jamani Caillet
La start-up a réalisé une première Analyse de Cycle de Vie. «Les résultats obtenus sont très encourageants. L’utilisation des serres Caulys permettrait de consommer fruits et légumes avec un impact CO2 moins important que la majorité des circuits aujourd’hui utilisés», explique Tom Lachkar.
L’invention des fondateurs de Caulys a déjà été récompensée par le prix des Jeunes Entrepreneurs et par le prix XGrant, chacun d’une valeur de 10'000 francs. La jeune entreprise, basée à UniverCité à Renens, est notamment accompagnée par Genilem et a bénéficié en 2018 du soutien de l’accélérateur MassChallenge Switzerland.