Un port flottant pour amarrer son bateau au large !

© 2012 EPFL

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SÉRIE D'ÉTÉ: projets d'étudiants (1) - Les places d’amarrage deviennent une denrée rare sur les rives du lac Léman. Une étudiante de l’EPFL a travaillé sur une alternative qui offre des espaces supplémentaires au large des ports.


Un anneau de 116 mètres de diamètre capable d’accueillir, à quelques encablures du rivage, plus d’une centaine de bateaux de plaisance. Il s’agit là d’un travail de master interdisciplinaire qui pourrait intéresser bien des communes portuaires embarrassées par leurs listes d’attente. Pour mener à bien son projet, la future diplômée a également construit une maquette qu’elle a immergée dans un bassin à houle.

Trouver un lieu où fixer son bout de cordage est compliqué notamment sur les bords du lac Léman. Il y a beaucoup de monde et on ne peut pas multiplier les ports. Le Laboratoire de constructions hydrauliques (LCH) et le Laboratoire de constructions métalliques (ICOM) ont collaboré pour réaliser ce projet.
Morgane Ugo, étudiante en génie civil au LCH, a défriché le problème dans son étude préliminaire: «j’ai téléphoné à de nombreux ports de l’arc lémanique pour connaître leur capacité. Sur les trois ports que compte la commune de Morges, 1400 personnes sont inscrites avec un temps d’attente moyen de 10 ans.»

S’amarrer au large
La solution envisagée serait donc de placer un port flottant à moins de 50 mètres de la terre ferme. Cette structure nouvelle n’a jamais été étudiée, c’est ce qui a motivé Morgane Ugo : «on trouve de la littérature sur les navires ou des digues flottantes attachées à des constructions solides, mais jamais encore on a travaillé sur un élément totalement dissocié».

Le choix s’est porté sur une structure en tôle, munie de caissons de 4 mètres de haut et de près de 6 mètres de large afin d’assurer la flottaison. «On a également installé une protection sous l’eau, une sorte de jupe, qui permet d’atténuer les effets de la houle, autant pour protéger les bateaux amarrés que pour procurer une stabilité à l’ensemble.

L’expérience d’Expo 02
«Nous avions acquis un certain savoir-faire en travaillant sur le monolithe de Jean Nouvel pour Expo 02, explique Anton Schleiss directeur du LCH. Nous devions notamment nous assurer que la structure absorbe convenablement le mouvement des vagues pour éviter de rendre tous les visiteurs malades. Outre le mal de mer, il était indispensable d’assurer la stabilité de la construction flottante même si tout le monde avait décidé de s’entasser dans un seul coin du monolithe».

Dans le cadre de son projet de master, Morgane Ugo s’est retrouvée devant la même problématique. Elle a dû aussi réfléchir à un système de raidissement afin de garder la structure monolithique. Le port flottant peut se déformer sous l’effet des vagues car sa structure en anneau est bien plus fine et donc moins solide que ne l’était le cube de Nouvel à Morat.

Sous les vagues
Pour son projet de master Morgane a construit un modèle réduit au 1/50 qu’elle a immergé dans un bassin où l’on peut générer des vagues. Elle a ensuite analysé les mouvements de la structure grâce à des capteurs infrarouges. «J’ai imaginé poser ce port flottant au large de plusieurs villes. Pour déterminer les vagues auxquelles il pourrait être confronté, et l’orientation de l’ouverture de l’anneau, j’ai étudié les vents des régions concernées en tenant compte de la distance et de la durée, ce qui m’a permis de m’appuyer sur des études statistiques pour les essais.»
A Genève, il faut compter avec le vent et la bise qui peuvent engendrer de grosses vagues. Morgane a ainsi malmené sa maquette dans le bassin du LCH avec des vagues allant jusqu’à 1m50 en réalité.