Un ordinateur pionnier retrouvé dans les caves de l'EPFL

Peter Toth, créateur de la CORA, a retrouvé sa machine à l'EPFL.© EPFL / Alain Herzog

Peter Toth, créateur de la CORA, a retrouvé sa machine à l'EPFL.© EPFL / Alain Herzog

A l’occasion du vernissage, mercredi, de ses nouvelles expositions, le musée Bolo d'histoire de l'informatique a levé le voile sur la CORA 1, un ordinateur développé pour les besoins de l’armée suisse dès la fin des années 50. Son créateur, Peter Toth, était à l’EPFL pour évoquer son aventure.

Les caves de l'EPFL recèlent décidément de sacrés trésors! Il y a quelques mois, Yves Bolognini, président de la fondation Mémoires informatique et fondateur du musée Bolo, y retrouvait une imposante machine porteuse d'une inscription sibylline: CORA 1. Au terme d'une minutieuse enquête, il en a retrouvé l'origine. Elle avait été développée dès la fin des années 50 sur un mandat de l'Armée suisse, via la société Contraves. A ce titre, il s'agissait probablement de l'un des tout premiers prototypes d'ordinateurs dont s'est servie la Grande muette - en l'occurrence pour des applications de défense contre aviation. Cette évolution technologique visait à améliorer la fiabilité de ces engins, basés jusque là sur des capteurs purement analogiques. La CORA 1 a été développée par un ingénieur d’origine hongroise, Peter Toth, qui vit aujourd’hui à Zurich et s’est rendu mercredi à la présentation de «sa» machine dans le musée Bolo.

Pour l’anecdote, la CORA avait été présentée au public lors de l’Expo 64 à Lausanne. Elle pilotait le crayon d’une grande table de dessin qui reproduisait, entre autres, les contours du château de Thoune. « Mais nous avions pris soin de cacher l’ordinateur derrière un mur pour ne pas effrayer les visiteurs, encore très méfiants quant à ces machines », se souvient aujourd’hui Peter Toth.

Un avis de disparition


Pour sa deuxième apparition publique, la CORA a pu profiter d'une manifestation d'envergure: le vernissage des nouvelles expositions du musée Bolo, qui s'expriment sous la forme d'un veritable avis de disparition.

Les ordinateurs sont devenus tellement omniprésents qu’ils tendent en effet à devenir invisibles. Miniaturisés, démultipliés, les processeurs se dissimulent désormais dans la plupart des objets de la vie quotidienne. Les besoins d’une grosse machine centralisatrice se font du coup eux aussi moins impérieux.

Ce constat a servi de point de départ pour l’élaboration de la nouvelle exposition de la fondation Mémoires informatiques, sise à l’EPFL et dont le «trésor» se compose de plus d’un millier d’ordinateurs ainsi que d’innombrables livres et logiciels. «Disparition programmée» prend l’apparence d’un immense réseau de questions et réponses, d’indices, de suspects et de coupables qui mettent en lumière certaines des pièces les plus remarquables de la collection. «Nous avons imaginé une présentation sous la forme d’une mind map pour que le spectateur lui-même soit appelé à mener l’enquête sur cette disparition», explique Yves Bolognini, président de la fondation et responsable du musée.

L’autre côté du mur est une gigantesque vitrine, un «cabinet des curiosités» où l’on peut découvrir certains des ordinateurs qui ont marqué l’histoire.

Une réflexion sur la société
La nouvelle scénographie du musée Bolo a été confiée à l’agence de design lausannoise Oxyde. En parcourant ce mur d’un indice à l’autre, le spectateur se retrouve témoin non seulement de l’évolution des machines, mais également du rapport de plus en plus fusionnel que les humains entretiennent avec elles. «Nous voulions offrir davantage qu’une simple exposition technologique, reprend Yves Bolognini. L’informatique a acquis une telle importance dans nos sociétés qu’il nous a paru nécessaire de prendre un peu de recul, de comprendre comment nous en sommes arrivés là, et d’imaginer comment cela va encore évoluer.»

Le musée est libre d’accès (plan ici) lorsque le bâtiment d'informatique est ouvert, soit du lundi au vendredi hors jours fériés. Des visites guidées peuvent être demandées aux bénévoles de l’aBCM, les «amis du Bolo’s Computer Museum», via leur site.