«Un ordinateur, du wifi, et on peut travailler de partout»
En août, Emilie Dorer finira son apprentissage en informatique. Avec Luc Venries, chargé de sa formation, elle a dépassé ses peurs et réussi à contourner ses troubles d’apprentissage.
Le rêve d’Emilie ; poursuivre une carrière professionnelle sans frontières. S’affranchir des contraintes sédentaires et globetrotter au gré de ses opportunités. C’est qu’elle a ça dans le sang, Emilie ! Elle n’a pas 22 ans qu’elle a déjà fait le tour du monde en camping-car avec sa famille. Départ en 2015. « Nous sommes descendus du Canada au Panama. Nous avons fait toute l’Amérique, traversé le Mexique. Nous avons aussi beaucoup voyagé en Europe, nous sommes allés en Égypte, en Asie, à Hong Kong, puis nous nous sommes installés plusieurs années en Thaïlande. Plus tard j’aimerais visiter plus spécifiquement l’Asie, la Corée. »
Luc Venries, lui, taquine les algorithmes depuis près de 20 ans à l’EPFL. Après avoir œuvré dans plusieurs départements pour la mise en place d’Exchange, de la communication unifiée, de l’implémentation de Wordpress et du DevOps, il est aujourd’hui, en plus de tout cela, maître d’apprentissage dans l’équipe ISAS FSD. « Pour résumer, nous nous occupons du développement d’applications et du déploiement d’infrastructures pour la partie académique de l’EPFL. Nous avons commencé à accueillir des apprentis il y a quelques années. Aujourd’hui nous en avons cinq, dont Emilie qui termine bientôt son apprentissage. Je vais beaucoup la regretter, car nous avons créé des liens forts. »
Elle a tous les dys possible !
Après plusieurs années de voyage, Emilie revient en Suisse en raison de la pandémie de Covid. Elle a l’âge d’entrer en apprentissage et voudrait étudier l’informatique. Dans l’urgence du retour, la jeune femme ne trouve pas d’entreprise pour l’embaucher. Elle effectue alors une année en école privée à Lausanne, puis est recrutée par l’EPFL. « Elle avait des notions d’informatique car elle avait participé au coding club pour les filles », explique Luc Venries. C’est d’ailleurs un des points qui m’ont fait la choisir. Elle avait déjà bidouillé chez elle et avait envie d’apprendre. »
Trois ans plus tard, son formateur et elle se connaissent bien mutuellement. « Si je devais la décrire, je dirais qu’elle est volontaire, sympathique et tellement pugnace qu’elle préfère passer des heures sur une difficulté plutôt que de venir nous demander de l’aide. » Emilie rétorque : « C’est parce que je veux y arriver seule. » Elle ajoute : « Quant à Luc, il est toujours de bonne humeur et... il a toujours raison. »
Pugnace, un trait de caractère qu’Emilie s’est sans doute forgé au fil de sa jeune existence pour contrer ses troubles d’apprentissage. « Elle a tous les dys possibles, explique son maître d’apprentissage : dyscalculie, dysorthographie, dyslexie. » Mais pourquoi alors choisir un domaine où il y a des 1 et des 0 ? « En fait, c’est parce que c’est noté de manière logique, s’exclame Emilie en riant. En revanche, dans mon quotidien, lorsque j’écris un mail, je dois le faire relire. L’orthographe, c’est compliqué. Les sons aussi. Il y en a certains que je n’entends pas bien. En calcul mental, c’est difficile puisque je suis dyscalculique. Mais ce sont des problèmes que j’arrive à combler avec des supports et des applications comme ChatGPT. »
L’heure du bilan
Emilie a eu la chance de faire des formations dans différents départements. C’est ainsi qu’elle a passé six mois dans l’équipe de Daniel Perret au Service du poste de travail et deux semaines au standard du Service Desk1 2 3 4. « Répondre au téléphone était difficile pour moi, car je suis de nature timide. J’étais hors de ma zone de confort. »
À l’heure du bilan de ces trois années intenses, Luc Venries est fier de son apprentie. « Je pense pouvoir dire qu’elle a acquis chez nous bien plus que ce qui est requis pour un apprentissage. À l’EPFL, nous avons la chance d’utiliser des technologies innovantes qui ne sont pas encore enseignées à l’école. Nous poussons nos apprenties et apprentis au maximum pour qu'ils puissent choisir leur voie. J’ai adoré mettre Emilie au défi. Avec elle, ma phrase favorite était : "T’es sûre ?" »
Quant à Émilie, elle avoue qu’il y avait BEAUCOUP d’informatique dans son cursus. « Je suis entrée dans une très bonne équipe et je me suis sentie bien encadrée. » Cet été, c’est prévu, elle devrait effectuer un stage dans une entreprise au Canada, car son rêve serait d’être engagée par une multinationale qui lui permettrait d’assouvir sa passion du voyage tout en travaillant à distance. « En informatique on a besoin d’un ordinateur, du wifi et on peut travailler de partout. »