Un instrument de musique expérimentale de 45 mètres à l'EPFL
Du 21 au 23 septembre, l’EPFL hébergera Rohrwerk, un «pavillon sonore» qui est à la fois un instrument de musique, une expérience scientifique, une sculpture et un espace de performance. Le public est invité à se rendre au campus pour expérimenter cette installation unique en son genre, fondée sur le concept du compositeur suisse Beat Gysin.
Rohrwerk, dont le nom provient de l’allemand Rohre signifiant tubes, ressemble à un orgue futuriste. Il est composé de sept «tuyaux de rétroaction» de différentes tailles, d’un «multitrombone» et d’autre instruments sur mesure. Attachés ensemble, les tubes sont suspendus en l’air par une grue et se terminent en pointe. De loin, l’installation ressemble à un imposant crayon à l’envers. Installé en septembre 2019 au Kunstmuseum de Bâle, Rohrwerk sera monté dans la cour du Rolex Learning Center de l’EPFL dans le cadre du programme culturel du Collège des Humanités (CDH). Six compositeurs dont Beat Gysin ont créé des pièces originales pour Rohrwerk. Celles-ci seront jouées lors d’une série de concerts ouverts au public du 21 au 23 septembre.
La musique comme un art spatial
L’objectif de Rohrwerk consiste à rassembler le public et la musique contemporaine dans un espace architectural qui se comporte également comme un instrument. Selon Beat Gysin, l’installation est aussi une forme d’expérience scientifique. Après des études universitaires en chimie et en composition, il a constaté qu’il manquait une pièce dans son curriculum musical: comprendre comment les notes de musique étaient reliées à l’espace.
«Chaque son est situé dans l’espace. Je me suis donc intéressé au comportement physique des sons. J’ai commencé à faire des recherches sur ce sujet et constaté l’absence de compositeurs écrivant pour l’espace», explique Beat Gysin. Il ajoute que selon lui, la relation entre les sons et l’espace est un domaine captivant auquel pourrait se consacrer la recherche musicale au cours du siècle à venir.
«Je suis fasciné par l’idée de la musique comme un art spatial, et en tant que scientifique, Rohrwerk est l’instrument avec lequel je réalise mes expériences.»
Technologie créative
Chaque tuyau de rétroaction de Rohrwerk a des dimensions précises, ce qui permet à certaines harmoniques d’être amplifiées et de générer des tonalités inhabituelles. L’usage d’outils électroniques permet de contrôler précisément les paramètres acoustiques comme le décalage, la réverbération et la rétroaction. Il est possible de jouer de certains tuyaux en utilisant différents instruments annexés (trombone, clarinette, etc.) ou en les frappant avec un maillet. Une partie de la composition de Beat Gysin consiste même à tirer de petites boules à travers un tube, comme avec une sarbacane, pour heurter les tuyaux à un endroit précis. La totalité de l’espace se transforme ainsi en instrument, offrant une expérience unique au croisement entre la musique et l’architecture.
Beat Gysin explique que le Kunstmuseum de Bâle a accueilli Rohrwerk avec une toile de fond artistique. À présent, il espère que le cadre académique de l’EPFL inspirera une interprétation toujours créative mais plus technique.
«Je pense que la science est et doit être très créative. J’espère que les visiteurs de l’EPFL s’intéresseront à l’aspect technique de Rohrwerk et à la façon dont nous sommes capables de créer de l’art à partir d’un objet technique.»
Rohrwerk a été produit par studio-klangraum et coproduit avec ZeitRäume Bâle et ICST en collaboration avec le Conservatoire de Lausanne (HEMU). Les concerts à l’EPFL sont organisés en partenariat avec la Société de Musique Contemporaine (SMC) de Lausanne. La structure a été conçue par le bureau d’architecture suisse (à Genève et à Zurich) Made In sur la base du concept de Beat Gysin, et construite par Peter Affentranger. Les compositeurs Nicolas Buzzi, Emilio Guim, Marianthi Papalexandri, German Toro-Perez et Denis Schuler ont mis leurs compétences à disposition du projet, tout comme les musiciens Anne Briset, Jeanne Larrouturou, Stephen Menotti et Miao Zhao.
Mardi 21 septembre
12h15 à 13h15. Lunchtime concert: musique et discussion avec les compositeurs. Umlaute, installation sonore.
18h30 à 20h30. Concerts: 18h30, Framing; 19h00, Hangman’s Choral, Rohre ephemer et Lot; 20h00, Untitled VII.
Mercredi 22 septembre
12h15 à 13h00. Lunchtime concert: musique et discussion avec les musiciens; improvisation.
18h30 à 21h00. Concerts: 18h30, Framing; 19h00, Hangman’s Choral, Rohre ephemer et Lot; 20h00, Untitled VII; 20h30, Umlaute, installation sonore.
Jeudi 23 septembre
12h15 à 13h15. Lunchtime concert: musique et discussion avec un architecte; improvisation ouverte avec le public.
15h00. «Architecture et musique: un dialogue en construction». Table ronde avec le compositeur Beat Gysin, l’architecte de Made In Patrick Heiz, le directeur d’Archizoom Cyril Veillon et le directeur du festival ZeitRäume Bâle Bernard Günther. Animation: Constance Frei, professeure de musicologie UNIL-EPFL. EPFL, salle SV 1717.
18h00. Umlaute, installation sonore.
18h30 à 20h30. Concerts. 18h30, Framing; 19h00, Hangman’s Choral, Rohre ephemer et Lot; 20h00, Untitled VII.