Un échange suisse-coréen pour tester des solutions pour les seniors

Les participants posent en faisant le geste du «cœur du doigt», populaire dans la culture coréenne © KIMCHEESE

Les participants posent en faisant le geste du «cœur du doigt», populaire dans la culture coréenne © KIMCHEESE

Récemment achevée, la première édition du programme KimCheese a mis au défi les étudiants suisses et coréens de concevoir des solutions destinées à faciliter le quotidien des seniors des deux pays.

Le programme KimCheese est dirigé parMarc Laperrouza, maître d’enseignement du Collège des humanités (CDH), qui a également lancé le China Hardware Innovation Camp (CHIC) et l’India Switzerland Social Innovation Camp (INSSINC). Il fait remarquer que le nouveau programme KimCheese permet aux participantes et participants de l’EPFL de travailler avec des facultés et étudiants de partenaires universitaires locaux – ici, le Korea Advanced Institute of Science & Technology (KAIST) et l’Université Hongik.

Outre le développement, le prototypage et les tests sur des solutions durables, le programme KimCheese est axé sur l’aide aux personnes âgées, grâce à l’expertise de la professeure de gérontologie du KAIST, Moon Jeong Choi, et de la professeure de design de l’Université Hongik, Sook Yeon Kim. Les participantes et participants suisses venaient quant à eux du programme Sciences humaines et sociales du CDH Design for Sustainability, et formaient des équipes d’ingénieurs et d’étudiantes et étudiants en design industriels de l’École cantonale d’art de Lausanne (écal).

«Le programme a une réelle symétrie intellectuelle, non seulement du fait des institutions participantes, mais aussi parce que la Suisse et la Corée sont de petits pays riches dont la population est vieillissante et qui ont un intérêt à consacrer des ressources à l’étude de ces questions», explique Marc Laperrouza.

Le programme auquel participent Moon Jeong Choi, de Sook Yeon Kim et des collègues co-organisateurs Pierre-Xavier Puissant du CDH, Alexandra Apicella et Ji Yeon Lee du Science and Technology Office Seoul, bénéficie du soutien du canton de Vaud et du programme MAKE de l’EPFL. Ce soutien comportait des fonds qui ont permis aux étudiantes et étudiants de développer des prototypes pendant le semestre, et de les améliorer lors de travaux de terrain à l’étranger durant l’été.

Des solutions qui ont du sens quelle que soit la culture

Alors que certaines équipes estudiantines ont réfléchi à la conception d’objets, comme une desserte à roulettes, un chariot/sac de courses hybride ou un combo marchepied/siège de type Montessori, pour améliorer l’accès et l’indépendance des utilisatrices et utilisateurs seniors, d’autres ont choisi de concevoir des systèmes permettant aux personnes âgées de se sentir plus proches de leur communauté.

Par exemple, une équipe a élaboré une application destinée à aider les utilisatrices et utilisateurs à organiser leurs relations sociales et leurs activités après la retraite, tandis qu’une autre équipe a conçu un équipement compact fournissant des informations sur l’accès aux services communautaires. Un projet a même impliqué le prototypage d’un module de distribution automatique non seulement de sodas, mais aussi de «Sooda», qui est le mot coréen pour «tchat»: chaque module distribue de courts messages ou anecdotes, enroulés autour d’une boisson fraîche, auxquels les utilisatrices et utilisateurs peuvent répondre.

Qu’ils suivent une formation en ingénierie ou en conception, les étudiantes et étudiants ont trouvé cette expérience interculturelle et interdisciplinaire très enrichissante.

«Mon implication avec divers collaboratrices et collaborateurs m’a permis de savoir comment l’interaction inclusive et le design de services peuvent être appliqués à une société vieillissante», raconte Alim Shin, étudiant en design industriel de l’Université Hongik, qui a participé au projet Sooda.

Kilian Scheiwiller, étudiant en robotique de l’EPFL, qui a travaillé sur le chariot de courses, observe: «De petites différences inattendues, comme le revêtement routier qui nécessite des roues plus grandes en Corée, peuvent avoir des répercussions immenses sur les designs internationaux.»

En plus de la conception d’objets et de systèmes qui répondent à un besoin spécifique, les équipes estudiantines devaient réfléchir à la manière de mettre en œuvre ces solutions de manière durable dans les deux contextes culturels.

«Nous avons créé un réseau de maisons de retraite et de centres pour seniors suisses afin que les étudiantes et étudiants coréens mènent des entretiens et testent leurs solutions», déclare Marc Laperrouza. Il explique que les étudiantes et étudiants suisses ont pu également accéder aux centres pour seniors à Séoul, et interagir dans des lieux de rassemblement plus informels comme les parcs, ou créer des storyboards pour partager leurs projets.

Marc Laperrouza ajoute que les étudiantes et étudiants devaient également tenir compte du facteur transport dans la réflexion sur la durabilité de leur produit, et qu’ils ont même organisé une session de formation avec la Vice-présidence pour la transformation de l’EPFL sur la manière de réduire leur empreinte carbone.

«Nous voulions montrer que les produits étaient durables, ce qui nécessitait de prouver qu’il y avait une valeur ajoutée à réaliser des prototypes et à les tester aussi bien à l’étranger que localement. Dans les prochaines éditions du programme, nous souhaitons élargir cet aspect en renforçant la collaboration entre les équipes suisses et coréennes avant de réaliser des travaux sur le terrain à l’étranger, et en étudiant davantage les moyens de réduire notre empreinte carbone.»