Un canal navigable pour relier le Léman au lac de Neuchâtel

© 2012 Alain Herzog
SÉRIE D’ÉTÉ – Travaux d’étudiants (5): Un étudiant en génie civil à l’EPFL a imaginé, entre le lac de Neuchâtel et le lac Léman, un canal de navigation long de de 38 km, ponctué de 3 tunnels, d’écluses mais aussi d’un ascenseur à bateaux.
Fränz Zeimetz a étudié plusieurs tracés de canaux entre le lac de Neuchâtel et le lac Léman. Son choix s’est finalement porté sur un tronçon entre Grandson et Préverenges. Cette voie de navigation offre, à son avis, des options environnementales, une économie des coûts des transports et un intérêt touristique importants. L’ouvrage d’art de 38 km est devisé à 2 milliards et demi de francs...
Le canal d’Entreroches dans les mémoires
L’étudiant du laboratoire de constructions hydrauliques (LCH) a, en quelque sorte, pour son travail de master à l’EPFL, revisité le canal d’Entreroches. Un canal aujourd’hui désaffecté, dont le tracé est encore visible à certains endroits entre Cossonay et Morges.
Ce canal répondait au vieux rêve européen de relier par une voie navigable la mer du Nord à la mer Méditerranée. Au 19ème siècle, avec l’arrivée du chemin de fer et faute d’argent, le rêve a pris fin brutalement.
Le tracé de navigation
Départ pour le sud dans le port de Grandson, sur le lac de Neuchâtel. Un premier tunnel vous amène dans la plaine de l’Orbe que vous traversez à l’air libre. Puis un autre tunnel vous permet de glisser ni vu ni connu sous la colline du Mormont entre Yverdon-les-Bains et Lausanne. A Daillens le bateau prend l’ascenseur et continue son chemin sous terre. Arrivée sur le lac Léman à Préverenges, 6 heures plus tard.
Un ascenseur de 78 mètres
L’ascenseur à bateau est une alternative intéressante à l’écluse lors de grands dénivelés. Il en existe un peu partout dans le monde, en France, en Belgique, en Chine et en Russie. Tous ont une architecture spécifique à la géographie dans laquelle ils s’inscrivent. Celui imaginé dans le canal entre Neuchâtel et Morges serait un grand puits, percé à Daillens, qui permettrait aux embarcations d’avaler en une seule fois 78 mètres de dénivelé.
Le parcours protégé de la Venoge
Sur les 38 km du canal, les trois quarts passent dans des tunnels. Les raisons sont en partie liées aux barrières architecturales - puisque de nombreuses villes jalonnent le parcours et qu’il n’est pas toujours possible ou trop onéreux de les contourner. Des mesures de protection de l’environnement et des cours d’eau ont obligé Fränz Zeimetz à reconsidérer certaines de ses options:«Prenez la Venoge: une loi datant de 1997 précise qu’il est interdit de changer son tracé naturel, de toucher à son bassin versant et de transformer ses affluents. Le meilleur moyen d’y arriver, c’était donc la solution souterraine.»
Des tunnels interactifs
Comme ce canal est destiné au transport des marchandises et aux bateaux de plaisance, l’étudiant a troqué sa veste d’ingénieur en constructions hydrauliques pour endosser celle de l’architecte. Il a ainsi imaginé une façon originale d’animer cette longue balade sous terre. «On pourrait projeter des images sur les parois des tunnels, comme les paysages extérieurs que l’on est en train de traverser ou, pourquoi pas, raconter l’histoire du canal d’Entreroches ». Un ingénieur a le droit de rêver.