Transporter des vaccins dans l'azote en Tanzanie

© 2012 EPFL
SÉRIE D’ÉTÉ – Travaux d’étudiants (6) Le transport à -140 degré d’un vaccin sur des routes difficiles d’accès en Afrique subsaharienne pose problème. Une équipe de cinq étudiants en Sciences de la vie est partie en Tanzanie pour tenter de trouver une solution.
Le premier vaccin efficace contre la malaria est actuellement en cours d’essais cliniques aux Etats-Unis, en Europe et en Afrique. Il pourrait bientôt être distribué aux habitants d’Afrique subsaharienne notamment où l’endémie est très importante. Mais le problème de son transport dans l’azote sur des routes en terre et de longues distances n’est pas encore résolu.
Flavia Camponovo, étudiante en Sciences de la vie qui vient de boucler son bachelor, est une habituée des missions humanitaires. Cherchant cette année un projet en lien avec ses études, elle a frappé à la porte d’EssentialMed, start-up visant à élaborer du matériel médical adapté aux pays du sud. Enthousiasmée par le projet proposé par Essential Med, elle est revenue une semaine plus tard avec quatre autres étudiants en sciences de la vie. Accompagnée de Damien Huzard, Naig Chenais, Martin Page et Frédéric Michoud, elle est actuellement en Tanzanie pour tenter de trouver une solution.
A terme, ce projet vise à créer une entreprise de logistique de livraison de ces vaccins en Tanzanie, qui pourrait ensuite être étendue à tous les produits biologiques cryoconservés dans d'autres pays africains. Le but de ce projet piloté également par Sanaria, société productrice du vaccin, et le Swiss Tropical and Public Health Institute, dirigé par Marcel Tanner, est de rendre un business plan simplifié à la fin de leur séjour. «Ce projet nous permet de cumuler expérience personnelle, entrepreneuriale et logistique», ajoute-t-elle. «C’est un concept très innovant que nous pourrions renouveler si l’expérience s’avère concluante», note Klaus Schonenberger, patron d’EssentialMed.
Les vaccins dans l’azote
En Afrique sub-saharienne, le nombre des décès dus au paludisme est estimé par l’Organisation mondiale de la santé à 655 000 pour l’année 2010, dont 91% en Afrique. Moustiquaires et spray n’ont qu’une efficacité relative, ils ne suffisent pas à éradiquer la maladie. De plus les parasites sont devenus résistants à plusieurs médicaments antipaludéens.
Ce vaccin est le premier à avoir une véritable efficacité contre ce parasite : 80% des personnes sont immunisées durant 28 mois. Mais, constitué de micro-organismes dont la viabilité doit être maintenue pour être efficace, il ne peut être transporté que dans de l’azote liquide en phase vapeur. Soit en dessous de -140 ° C.
Les étudiants vont donc être confrontés à deux problèmes principaux : améliorer la chaîne de distribution pour ne pas perdre de temps ainsi que les conteneurs dans lesquels les vaccins seront transportés. L’essentiel du réseau routier n’étant pas goudronné, le chargement doit résister à la chute, au renversement et être assez petit pour être transporté en moto. Ils devront également posséder un système de casier de sécurité et un système de surveillance de la température.
Le transport peut prendre un mois
«Il existe déjà des chaînes de froid en Afrique, par exemple pour les produits d'insémination artificielle des mammifères ou les vaccins pour les bovins. Le but de notre projet est donc de les adapter, notamment de permettre un transport plus long, jusqu’à 35 jours, pour pouvoir acheminer le vaccin vers les villages reculés», explique Flavia Camponovo. L’équipe, sur place depuis le 19 juillet, a donc commencé par explorer les structures de distribution et les sociétés intermédiaires existantes pour comprendre les spécificités et les adaptations nécessaires. «La Tanzanie a apparemment une structure déjà plus importante et mieux organisée que la plupart des pays sub-sahariens, avec des centres de stockage central, régionaux, de districts qui fournissent ensuite les magasins des établissements de santé dans la périphérie. Chaque étape doit être prise en considération, visitée et la chaîne de livraison des vaccins adaptés à leurs contraintes. »