Transition énergétique: une spin-off lève 1,75 million de francs
La méthode développée au sein de l’EPFL Fribourg simplifie l’analyse du cycle de vie d’un bâtiment. Les fonds levés doivent accélérer la commercialisation des solutions de la start-up française.
A lui seul, le secteur du bâtiment engendre 39% des émissions totales de CO2. Un véritable poids lourd qui montre l’urgence de diminuer le bilan carbone dans la construction. Par une approche pluridisciplinaire, une technologie développée par l’EPFL permet aux ingénieurs d’évaluer les qualités énergétiques d’un bâtiment dès les prémices de sa conception. Son auteur, Thomas Jusselme, a défendu sa thèse en mars dernier et cofondé en 2015 la start-up française Vizcab. Elle vient de lever 1,75 million de francs.
«Cette levée de fonds va nous permettre de renforcer le déploiement de nos outils sur le marché français», se réjouit Thomas Jusselme également directeur de l’innovation. En 2017, Vizcab a acquis une licence auprès de l’EPFL et prévoit de pénétrer le marché européen avec un tour de financement de série B d’ici 18 à 24 mois.
À la croisée des transitions numériques et écologiques
Brevetée, la méthode permet de simplifier l’analyse du cycle de vie du bâtiment dès les prémices du processus de conception. «Notre start-up se situe à la croisée de deux transitions majeures: numérique et écologique», explique Thomas Jusselme. Concrètement, grâce à une application web, les professionnels du bâtiment accèdent à un module d’exploration d’hypothèses de construction, nourri par des dizaines de milliers de simulations où différentes variantes sont prises en compte (types de chauffage, de vitrage ou encore d’isolation). Avec une telle base de données, il est possible de savoir tôt dans le processus de conception ce qu’il faut faire pour atteindre les objectifs fixés. Une véritable innovation, car jusqu’à ce jour le calcul de l’impact environnemental d’un bâtiment ne pouvait se faire qu’une fois ce dernier conçu.
Une approche pluridisciplinaire
La méthode développée, au sein du Smart Living Lab à Fribourg par le groupe de recherche Building2050, adopte une approche pluridisciplinaire, qui allie aussi bien la physique du bâtiment, que les sciences de l’environnement, le génie mécanique, les sciences des données, les statistiques ou encore la visualisation des données. Une pluridisciplinarité inscrite dans l’ADN même du Smart Living Lab. «Building2050 et les nombreux échanges dont j’ai pu bénéficier avec mes collègues dans ce cadre ont été essentiels et déterminants dans le développement de cette technologie. Cet environnement a favorisé son éclosion», tient à souligner Thomas Jusselme. Le premier prototype a notamment été soutenu par des collaborations avec les laboratoires LIPID et LAST de l’EPFL, l’EPFL ECAL-Lab et l'institut Human-IST de l’UNIFR.
Un contexte favorable : la neutralité carbone 2050
Alors que l’Union européenne, dans le cadre de son «pacte vert», s’est fixé l’objectif d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, les besoins pour des solutions telles que celle proposée par Vizcab vont se faire croissants. «Quand de nouvelles règles sont imposées, c’est une opportunité intéressante pour les start-ups de développer des solutions pour faciliter la vie des entreprises qui doivent s’y soumettre», note Frédéric Pont. Dans un tel contexte, il y a de fortes chances pour que le nombre d’utilisateurs de la plateforme de Vizcab (680 aujourd’hui) monte en flèche dans les années à venir.
Gestionnaire du transfert de technologie à l’EPFL, Frédéric Pont se réjouit de l’importance de voir des technologies issues des laboratoires - qui ont un impact sur la société et l’industrie - continuer à se développer. «Chaque fois qu’une start-up qui licencie des technologies de l’EPFL lève des fonds, c’est très positif. Et encore plus dans le contexte actuel de la crise sanitaire et économique liée au COVID-19.»