«Transformer un objet culturel en installation numérique m'intrigue»
Alexander Rusnak est étudiant en deuxième année du programme de Master en humanités digitales (DH Master), proposé par le Digital Humanities Institute (DHI) du Collège des Humanités (CDH) de l'EPFL. Dans le cadre de la série « Témoignages d’étudiants en humanités digitales » du DHI, Alexander décrit son expérience dans le programme et ce qui l'a inspiré à entrer dans ce domaine émergent et interdisciplinaire.
Originaire de Baltimore, Maryland aux États-Unis, Alexander a étudié à l’université de Caroline du Sud avant de venir à l’EPFL. Il est actuellement en train de terminer son troisième semestre de cours et de préparer son stage du programme DH Master.
Alexander se concentre sur ses deux intérêts principaux : les réseaux antagonistes génératifs (GANs, pour « generative adversarial networks »)/l’art génératif et la science des données appliquée à l’ingénierie financière. Il a déjà eu l’occasion de travailler sur les GANs avec le Multimedia Signal Processing Group de la Faculté des Sciences et Techniques de l’Ingénieur de l’EPFL, en analysant différentes approches pour détecter les « deepfakes ». Il est en train d’optimiser des réseaux de transfert pour le projet Venice Time Machine avec le Digital Humanities Lab (DHLab) du DHI, dirigé par Frédéric Kaplan, et de réaliser une œuvre d’art numérique à l’aide de GANs pour une exposition de l’EPFL Pavilions en 2021.
Alexander a également travaillé dans le domaine de l’ingénierie financière, notamment l’été dernier en tant que stagiaire en science des données chez Pictet Asset Management à Genève, où il était chargé de créer des signaux de négociations d’actions basés sur des données tirées des réseaux sociaux et d’articles d’actualité. Il continuera ce travail au cours de son stage de master, et espère décrocher un deuxième stage dans un musée d’art pour l’été 2021.
CDH DHI: Pourquoi avez-vous choisi le Master en humanités digitales de l’EPFL ?
Alexander Rusnak: J’étais déjà intéressé par le domaine des humanités digitales avant de devoir choisir une université pour mon master, mais ce programme de master en particulier a attiré mon attention, car il me semblait rigoureux (avec un fort accent mis sur la science des données et le machine learning) ; le cadre est magnifique, avec le lac et les montagnes ; et en plus l’exposition que j’ai été voir à l’EPFL Pavilions pendant ma visite correspondait beaucoup à mes propres intérêts artistiques.
CDH DHI: Qu'est-ce qui vous a inspiré à étudier les humanités digitales ?
AR: J’ai toujours eu un grand intérêt pour les sciences humaines et pour l’informatique. Depuis que je suis enfant, j’ai toujours été un lecteur vorace et un peintre assidu doté d’une grande imagination. Mon père avait étudié les mathématiques et l’informatique, il m’a donc initié très tôt à la programmation. Ces deux centres d’intérêt disparates m’ont mené à étudier le design graphique et l’informatique au niveau du bachelor. Pendant mes études j’ai été commissionné pour plusieurs projets d’art publics, j’ai trouvé du travail en tant qu’ingénieur logiciel, et j’ai été choisi pour créer une communauté d’apprentissage en humanités digitales au sein de mon université.
CDH DHI: Quel a été votre cours préféré du programme DH Master jusqu'à présent, et pourquoi?
AR: Sans hésiter le cours de Cultural Data Sculpting [donné par Sarah Kenderdine, professeure au DHI et directrice du Laboratoire de muséologie expérimentale]. C’est ce genre d’art des données et de visualisation qui m’a inspiré à venir faire un master ici, et ce cours m’a aidé à développer mes compétences en modélisation 3D. L’idée de transformer des objets culturels en installations numériques plus faciles à assimiler m’intrigue énormément. J’ai aussi beaucoup apprécié l’accent mis sur l’exposition des travaux.
CDH DHI: Qu’avez-vous trouvé le plus intéressant dans le programme du DH master jusqu’ici, et qu’avez-vous trouvé le plus difficile?
AR: J’aime beaucoup le large éventail de cours et de données proposés; la variété des sujets fait que l’on ne s’ennuie jamais. L’accent mis sur les projets est aussi très bien adapté à mon style d’apprentissage. Ce qui est le plus difficile pour moi, c’est de m’ajuster aux cours EPFL, où la totalité de la note est déterminée par l’examen final ; je ne suis pas habitué à ce système, qui est assez différent du modèle américain.
CDH DHI: Comment décrivez-vous ce que sont les humanités digitales à vos amis et à votre famille ?
AR: Je commence souvent en disant que c’est essentiellement de la science des données, mais que l’accent est mis sur les données provenant des sciences humaines, telles que la littérature, l’histoire, l’art, la musique ou sur des données tirées des réseaux sociaux. Ensuite j’essaie de leur donner des exemples concrets, comme la Venice Time Machine, le fonctionnement de l’analyse des données sur Twitter, ou encore mes propres recherches.
Comme les humanités digitales sont une discipline émergente, c’est un peu frustrant [de décrire ce que c’est], mais cela peut aussi mener à des discussion très enrichissantes et inattendues.
CDH DHI: Quels sont vos plans de carrière pour le moment?
AR: Dans un avenir immédiat je vais sans doute continuer de travailler dans le domaine de la finance quantitative. En même temps je vais activement continuer mes poursuites artistiques, en mettant l’accent sur les installations et les fresques numériques, et aussi, je l’espère, sur l’exposition d’une série de peintures sur le thème de l’intelligence artificielle qui sont en cours de réalisation. Un jour, j’aimerais également avoir mon propre espace d’exposition d’art numérique.