Survivre loin de la Terre: la chasse aux idées est lancée

© istockphoto

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Comment construire un habitat sur une planète couverte de glace? Le Swiss Space Center de l’EPFL et l’Agence spatiale européenne (ESA) invitent les étudiants de Suisse et d’Europe à partager leurs idées sur ce thème dans le cadre d'un partenariat en préparation d'un futur ESA_Lab@CH. Un site internet a été lancé.

Et si les solutions novatrices se trouvaient dans la fraîcheur du regard que les étudiants posent sur le monde? Au Swiss Space Center (SSC), on le pense. Ce centre basé à l’EPFL vient de lancer un site, «My idea for space», dont le but est d’inviter les étudiants de toutes les universités de Suisse et d’Europe à partager leurs idées. Si cette nouvelle plateforme est destinée à accueillir toutes les propositions en matière de technologies spatiales, elle est surtout le siège d’un projet pilote d’envergure: le tout premier volet d'un futur ESA_Lab@CH.

Portant sur le thème «créer un habitat humain dans la glace», ce projet s’inscrit dans le cadre des ESA_Lab@ lancés par l’Agence spatiale européenne (ESA). Il s’agit d'activités éducationnelles, qui visent à renforcer les contacts et interactions entre le milieu du spatial et les universités. Leur but est de favoriser la recherche et l’émergence de solutions novatrices. Ce premier projet en sera en quelque sorte une première démonstration.

«Le secteur spatial est entré dans une nouvelle ère, relève Tobias Bandi, ingénieur en charge du projet au SSC. Domaine autrefois réservé à quelques puissances, il voit désormais arriver de nouveaux acteurs, tels que compagnies privées, pays émergents, institutions académiques, industries ou particuliers. Il doit donc s’ouvrir. Or, sachant que 40'000 personnes y travaillent, mais qu’il y a plus d’un million d’étudiants sortant chaque année en Europe des formations techniques, on comprend tout ce qu’il a à gagner de telles initiatives!».

Sur le principe du Moon Village

Les participants auront pour tâche d’imaginer toutes les solutions permettant d’assurer la viabilité à long terme d’un habitat réalisé loin de la Terre et dans la glace. «De nombreuses planètes sont totalement ou en partie recouvertes d’une calotte glaciaire, relève Tobias Bandi. Ce thème est donc très pertinent dans le cadre de l’exploration spatiale du futur. De plus, un tel environnement a de nombreux avantages pour servir de base: il fournit de l’eau à profusion et protège notamment des radiations et météorites.»

Excavation, architecture, système énergétique, infrastructure sanitaire, gestion des déchets, conditionnement de l’eau, production et conservation de nourriture… Tous les aspects de la vie et des besoins humains au quotidien seront considérés et mis en relation les uns avec les autres, rejoignant ainsi le concept de «Moon Village» cher à l’ESA, c’est-à-dire une manière de résoudre les problèmes axée sur la jonction des forces et réflexions des différentes disciplines en présence. A titre d’exemple du genre de solution recherchée, on peut citer la création d’un réacteur de pyrolyse transformant les matières organiques (déjections et déchets) en une sorte de charbon pouvant être utilisé pour soit fournir de l’énergie, soit fertiliser des plantes.

Utile aussi pour la vie terrestre

Pour ce projet - puis pour les suivants si l’expérience est concluante -, l’idée est de rassembler une trentaine de participants répartis dans quatre à huit pays différents. Ils seront constitués en petits groupes locaux, qui travailleront chacun sur un aspect différent tout en oeuvrant pour le but commun. Chaque projet sera mené sur un à deux ans, afin d’être compatible avec les structures académiques. Pour les participants, cela représente une opportunité d’apprendre à travailler en équipe, de gagner en compétences technologiques et d’entrer dans le monde du spatial. Du côté des universités, c’est une façon de se faire mieux connaître, de valoriser leurs étudiants et de créer de nouveaux réseaux et collaborations.

Sans oublier que, de toute l’émulation créée dans un tel projet, pourraient bien émerger des idées également utiles pour la vie sur Terre, ajoute le jeune ingénieur. Il est même fort possible que celles qui s’avèrent, après étude, impraticables dans l’espace trouvent une application intéressante dans un autre registre, comme cela se fait régulièrement en matière de découvertes scientifiques. «Il y a sur ce continent un grand nombre de compétences, de connaissances et de motivations, dont le spatial peut bénéficier, et inversement! Avec un tel projet, nous voulons ouvrir des portes entre ces différentes communautés.»

Pour rejoindre la discussion et le projet en préparation de l'ESA_Lab@CH: https://www.myideafor.space/