«Somme toute, s'exprimer en public c'est donner un spectacle.»
Maria Marcinek, gagnante en 2024 du concours «Ma Thèse en 180 secondes» à l’EPFL, raconte pourquoi elle a décidé de prendre part à la compétition et partage sa passion pour les sciences naturelles.
En 2023, Maria Marcinek, doctorante à l’EPFL, assistait à la finale suisse de «Ma Thèse en 180 secondes», une compétition où il faut expliquer sa thèse à un jury et au grand public en trois minutes chrono. «J’étais impressionnée par tous ces étudiants qui s’exprimaient publiquement, capables de produire un discours convaincant, à même de retenir l’attention du public, mais aussi par leur aptitude à condenser des idées complexes ou des projets de recherche en des termes simples et en si peu de temps», se rappelle-t-elle.
L’année suivante, Maria Marcinek a relevé le défi et s’est inscrite àla compétition de l’EPFL. Elle a gagné en présentant son travail surdes bactéries qui peuvent améliorer l’apport de nutriments aux plantes pour l’agriculture. «Pour être franche, j’ai peur de parler en public ! Ce n’est pas mon fort, mais c’était aussi le défi parfait. Je voulais développer ce genre de savoir-faire, qui est utile non seulement en science, mais également dans la vie en général.»
En s’inscrivant au concours, elle a pu prendre part à une série de cours donnés par le département de vulgarisation scientifique de l’EPFL, pendant lesquels un ancien présentateur de news télévisées, devenu formateur pour les médias et la présentation, entraîne les candidats à mieux s’exprimer et, surtout, à organiser leurs idées pour parler en public.
«J’ai réalisé à quel point la prise de parole en public requiert des efforts parce que, somme toute, il s’agit d’un spectacle, explique Maria Marcinek. Il ne s’agit pas de présenter ses idées spontanément pendant trois minutes, il faut respecter les temps, réunir toutes les pièces du puzzle, les exprimer avec l’intonation juste, et toutes ces pièces doivent s’assembler pour que la performance soit bonne. C’est un énorme travail.»
La doctorante de l’EPFL est venue de Pologne, où elle a grandi dans l’amour de la chimie et des sciences naturelles en général. «Je suis issue d’une famille de scientifiques, mon père est un physicien, mais il a fini dans un département de chimie. Ma sœur est chimiste. Ma mère est ingénieure environnementale. Mais ils ne m’ont aucunement poussée vers les sciences. La chimie était simplement ma matière favorite au gymnase. Très tôt dans mes études, j’ai réalisé que ces sujets étaient connexes, et j’ai commencé à développer un intérêt pour la recherche interdisciplinaire», explique-t-elle.
Après avoir acquis un diplôme d’ingénieur en Pologne, elle s’est rendue pour son master aux Pays-Bas, où elle a étudié les nanotechnologies et, plus tard, les brosses polymères — de longues chaînes de polymères accrochées à une surface. Dans le cadre de son master, elle a effectué un stage de neuf mois à l’EPFL avec son superviseur actuel, Harm-Anton Klok, expert mondialement réputé dans le domaine des brosses polymères, chez qui elle a finalement obtenu un poste de doctorante en 2019.
«À l’origine, il s’agissait d’attacher des nanoparticules à une bactérie pour administrer des médicaments, mais nous avons réalisé que nous pouvions tenter d’adapter cette approche pour administrer des produits agrochimiques en agriculture, explique-t-elle. On ne sait pas encore si cela va marcher ou non, mais la démarche interdisciplinaire est réellement stimulante, et elle revêt des applications potentielles qui peuvent bénéficier au monde. L’idée fondamentale est venue d’une application avec pour but de réduire la faim ou la pollution, et cela me motive vraiment.»
Maria Marcinek, avec ses multiples talents — elle s’intéresse au cyclisme, aux sports nautiques, aux hobbies artistiques comme le dessin et le piano et, désormais, à sa disposition nouvellement trouvée en communication — se demande encore quelle sera sa prochaine étape après la thèse. Elle acquiert d’autres compétences et se lance des défis. «C’est dans ma nature de cultiver des intérêts divers, je suis motivée par la curiosité, explique-t-elle. En ce moment, je me concentre sur l’achèvement de mon doctorat. Mais les possibilités sont nombreuses, dans l’industrie, dans le monde académique et peut-être même en communication scientifique.»