«Si vous n'êtes pas attentif aux étudiants, vous les perdez»

© Alain Herzog/ 2018 EPFL

© Alain Herzog/ 2018 EPFL

Détenteur de la chaire analyse de risques et optimisation, Daniel Kuhn enseigne à l'EPFL depuis cinq ans. La section du management de la technologie l'a désigné meilleur enseignant.

Au moment de prendre une décision importante, Daniel Kuhn réfléchit toujours mûrement. Tel un joueur d’échec, le professeur au Collège du management de la technologie est du genre à anticiper tous les scénarios. Pas question donc de flouer ce fils d’avocat devenu un pro de l’optimisation. «Mon travail de recherche consiste à modéliser les inconnues des problèmes afin de créer un algorithme qui donne rapidement une solution optimale. Ce que j’apprécie dans l’optimisation, c’est que les mêmes techniques peuvent être appliquées à un large éventail de domaines.» L’expert en résolution de casse-têtes met notamment ses connaissances au service de la gestion des systèmes énergétiques, de l’ingénierie ou du management.

Détenteur de la chaire analyse de risques et optimisation, Daniel Kuhn donne à l’EPFL deux cours Master et un cours à l’école doctorale. Dans ceux-ci, il passe en revue la théorie et la mise en pratique de l’optimisation aussi bien pour l’ingénierie que pour la prise de décision. Ses enseignements demandent des compétences pointues en mathématiques, ce qui les rend parfois difficiles pour les étudiants. Mais Daniel Kuhn n’en est pas moins apprécié. La preuve, en raison d’excellentes évaluations, il est cette année le meilleur enseignant de la section du management de la technologie. Un titre dont il est fier, mais qui le ferait presque rougir, car entre temps l’enseignant est devenu directeur de la section. «Je ne veux pas que les gens croient que je me suis auto-élu», lance-t-il d’emblée en souriant.

Tours de magie

Le docteur en économie de l’Université de Saint-Gall a rejoint l’EPFL en 2013, après avoir enseigné durant six ans à l’Imperial College de Londres. En débarquant en Suisse, il a dû se réhabituer à la réserve helvétique. «En Angleterre, après chaque cours j’avais une file d’étudiants qui venaient me poser des questions. Ici je n’ai personne, les élèves osent moins intervenir.» Pour encourager les discussions et attiser la curiosité de ses étudiants, Daniel Kuhn use donc de petits tours de passe-passe. Il les bluffe avec des tours de cartes ou en leur montrant comment les casinos finissent inévitablement par plumer leurs adeptes. «Je m’inspire de mon maître de post-doctorat qui était très marrant.» Le professeur propose ainsi un enseignement ludique, basé sur des exemples concrets. «Je n’ai jamais aimé les cours où il faut apprendre par cœur.» Ce détenteur d’un post-doctorat en management de la science et de l’ingénierie à l’Université de Stanford privilégie une approche orientée sur la conceptualisation et la résolution de problèmes. L’optimisation impliquant de maîtriser la pensée computationnelle.

Pour être certain que ses étudiants assimilent correctement la matière, Daniel Kuhn s’attache à l’expliquer de différentes manières. Pour ce faire, il utilise uniquement le tableau noir où il déroule le schéma de sa pensée. «Je prends régulièrement le pouls de l’audience et je m’adapte, il est important de saisir ce que les étudiants ne comprennent pas. Si vous n’êtes pas attentif à eux, vous les perdez. Et cela ne sert à rien de consacrer beaucoup de temps à préparer un cours si en classe la matière ne passe pas.» Question d’optimisation.