Shrimp, la «crevette» de l'espace!

L’Agence spatiale européenne cherche de nouveaux concepts pour l’exploration des planètes, des robots adaptés à leur environnement. «Shrimp», mis au point par deux étudiants du professeur Roland Siegwart à l’Institut de systèmes robotiques (ISR) de l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) devrait retenir tout particulièrement l’attention des conquérants de l’espace.

Il y a des projets de semestre qui vont loin, celui de Yann Crausaz et Baptiste Merminod pourrait bien «finir» sur Mars. Les deux étudiants ont en effet mis au point un robot innovateur aux jambes très souples, capable de franchir passivement des obstacles deux fois plus élevés que la taille de ses roues. Une petite révolution dans le domaine, les performances de franchissement des autres robots ne dépassent pas la moitié de celles de Shrimp! Haut comme trois pommes (25 cm), ce dernier monte et descend des escaliers sans l’ombre d’une hésitation.

Un brevet est d’ores et déjà déposé et une start-up est dans l’air pour les deux diplômants qui conduisent actuellement une sérieuse étude de marché. Le destin de Shrimp a toutes les chances de déborder du cadre spatial, son concept pouvant intéresser des domaines aussi divers que l’industrie du jouet, l’agriculture, la construction ou le transport des handicapés.

Un candidat idéal pour l’espace... et la Terre!

Thomas Estier, assistant à l’ISR, énumère les atouts du petit nouveau: «Deux roues directrices à l’avant et à l’arrière et deux roues montées de chaque côté sur des bogies parallèles. La roue avant a une suspension à ressorts, ce qui garantit un contact au sol optimal de toutes les roues à tout moment. Le guidage de l’engin est réalisé par la synchronisation du braquage des roues avant et arrière et de la vitesse différentielle des roues latérales. Cela permet des manœuvres de grande précision allant jusqu’à pouvoir faire tourner l’engin sur lui-même avec une perte d’adhérence minimale. Son architecture parallèle lui assure une stabilité maximale et d’excellentes capacités de franchissement même lorsque les coefficients de friction entre la roue et le sol sont assez bas. L’engin se déplace aussi bien sur des sols convexes que concaves, qu’ils soient durs ou meubles».

Lors des journées Portes ouvertes du Département de microtechnique de l'EPFL, Shrimp a fait un tabac en s’attaquant à des pentes spectaculaires d’inclinaisons frontales ou latérales de l’ordre de 40°. «Quand les gens voient notre robot se déplacer, on peut dire qu’ils sont vraiment fascinés», remarquent les deux jeunes auteurs du projet. Très stable et très mobile, fiable même dans des environnements particulièrement difficiles, grâce à sa haute garde au sol combinée au contact non-hyperstatique de l’ensemble de ses roues avec la terre ferme, Shrimp est un candidat idéal au travail dans l’espace, qu’il soit de l’ordre de l’exploration ou de l’exploitation. Mais le concept mécanique mis au point et validé à l’Institut de systèmes robotiques, par la somme de ses avantages, ouvre aussi naturellement un champ très large d’applications sur Terre. Prochaine étape: équiper l’engin de capteurs qui lui permettront de mener de manière autonome plusieurs opérations. Parmi les futurs attributions possibles du nouveau robot, le Professeur Siegwart cite, entre autres, la surveillance intérieure et extérieure, le nettoyage des systèmes de climatisation, les machines de chantier, l’assistance après un tremblement de terre et même, si les senseurs appropriés voient le jour, les opérations de déminage.