Sensibiliser à l'importance de l'hygiène lumineuse à travers l'art

La nouvelle exposition d’EPFL Pavilions «Lighten Up! On Biology and Time» explore par le prisme de l’art la relation entre les organismes vivants et le cycle de la lumière. Artiste et co-curatrice de l’exposition, la professeure Marilyne Andersen y présente l’installation «Circa Diem», réalisée à partir de ses recherches menées à la Faculté ENAC. 

A travers une grande variété d’approches et d’expériences artistiques, l’exposition Lighten Up!, présentée à EPFL Pavilions du 24 mars au 30 juillet 2023, explore notre connexion à la lumière et le rôle crucial que jouent nos rythmes circadiens. Les œuvres d’art célèbrent le pouvoir et la beauté de la lumière du jour, nous initient aux secrets des horloges biologiques, imaginent des alternatives à la représentation du temps ou sondent les mystères du sommeil et des rêves.

L’exposition est réalisée par quatre curatrices, Sarah Kenderdine et Marilyne Andersen, professeures à l’EPFL, Anna Wirz-Justice, professeure honoraire de l’Université de Bâle et Giulia Bini, responsable du programme Artist-in-Residence de l’EPFL. Ensemble, elles ont réuni pour cette exposition unique en son genre dix-neuf installations d’artistes et architectes de renom tels qu’Olafur Eliasson, James Carpenter, Liliane Lijn ou Colin Fournier. Ces installations transforment nos rythmes circadiens, lunaires et saisonniers en paysages sonores et lumineux, espaces immersifs ou expériences virtuelles. Elles mettent en avant l’urgence à se reconnecter à l’environnement extérieur et nous rappellent l’importance pour notre santé d’une exposition régulière à la lumière naturelle.

L'installation "Circa Diem" dans EPFL Pavilions. © Marilyne Andersen/Megan Danell

Expérience immersive

L’une de ces installations a été réalisée par Marilyne Andersen elle-même, qui travaille depuis des années sur l’intégration de la lumière naturelle dans l’environnement bâti au sein de la Faculté de l’environnement naturel, architectural et construit (ENAC). Nommée «Circa Diem», l’installation se présente comme une structure cylindrique haute de six mètres et large de quatre mètres. Elle permet de vivre en sept minutes de manière immersive les différentes expériences visuelles et sonores d’une journée, avec une exposition plus ou moins forte à la lumière du jour. Prévue initialement pour la Biennale de Séoul en 2021, sur invitation de Dominique Perrault, l’installation met en évidence l’impact de l’environnement bâti sur notre exposition à la lumière naturelle et souligne le lien étroit entre nos modes de vie urbains et notre hygiène lumineuse.

L'immersion proposée par "Circa Diem". © Florin Isvoranu / MeganDanell

Le projet artistique réunit le travail d’une équipe interdisciplinaire autour de Marilyne Andersen. «Pour moi, il était indispensable de mêler les approches», explique la physicienne de formation, aujourd’hui membre du corps professoral de l’Institut d’architecture de l’EPFL. «D’un point de vue personnel, j’ai toujours été intéressée par les questions à l’interface entre les domaines, notamment scientifiques, et j’aime beaucoup me confronter à d’autres modes de pensée, car c’est là qu’on apprend le plus.» L’installation met ainsi en lumière ses propres recherches en photobiologie, menées à la Faculté ENAC, mais à travers une technologie de l’image développée à l’EPFL par le professeur Mark Pauly, de la Faculté informatique et communications, et par un travail de mise en scène réalisé conjointement avec le Département Architecture d’intérieur de la Haute Ecole d’Art et de Design de Genève, dirigé par le professeur Javier Fernández Contreras.

Quand on passe par l’individu, on a plus de chances de toucher une corde sensible et d’ainsi espérer changer les comportements.

Marilyne Andersen, directrice du Laboratoire de performance intégrée au design (LIPID)

Toucher d’autres publics

Marilyne Andersen rappelle que la population urbaine passe aujourd’hui 90% de son temps à l’intérieur et est donc en déficit de lumière permanente la journée, tout en étant souvent sur-exposée à la lumière le soir et la nuit. Pour elle, transmettre ses recherches scientifiques sous la forme d’un projet artistique est un moyen de sensibiliser la population à cet enjeu de santé publique: «L’installation fait appel au ressenti, à l’expérience personnelle. Quand on passe par l’individu, on a plus de chances de toucher une corde sensible et d’ainsi espérer changer les comportements.»

La professeure rêve de trouver un lieu où l’expérience poétique proposée par «Circa Diem» pourrait être montrée de manière permanente à l’issue de l’exposition d’EPFL Pavilions. Ceci afin de continuer à sensibiliser le grand public à l’importance de rester connecté au cycle naturel jour-nuit que nous offre le soleil, sous lequel nous avons évolué.