Sauver les robots éducatifs de la déchèterie

Alexandre Viegas, étudiant master en robotique. 2025 EPFL/Alexandre Viegas CC BY SA

Alexandre Viegas, étudiant master en robotique. 2025 EPFL/Alexandre Viegas CC BY SA

Alexandre Viegas, étudiant en master à l’EPFL, s’est associé au site web de réparation iFixit afin de développer des classements et des guides de réparation pour les robots éducatifs.

C’est une frustration courante de nos jours: un appareil électronique coûteux ne fonctionne plus et semble impossible à réparer. Même si vous parvenez à ouvrir son boîtier et à identifier le problème, comment le réparer ou installer correctement des pièces de rechange? En fin de compte, il est souvent plus facile d’acheter un nouvel appareil, contribuant à accroitre le poids mondial des déchets électroniques, qui devrait atteindre 82 milliards de kilogrammes d’ici 2030.

«La société de consommation préfère souvent remplacer les appareils plutôt que de les réparer en raison d’un manque de connaissances, d’un accès limité aux options de réparation ou même d’une conception irréparable», explique Alexandre Viegas, étudiant en Master de robotique à l’EPFL. «Cela crée un besoin en ressources, telles que les minerais, l’eau et l’énergie, tout en produisant des déchets qui pourraient être évités grâce à une meilleure éducation. C’est là que la robotique éducative peut être un outil efficace.»

Dans le cadre de son projet de semestre, Alexandre Viegas a travaillé avec Cyril Monette et Francesco Mondada du Laboratoire de systèmes robotiques mobiles (MOBOTS) de la Faculté des sciences et techniques de l’ingénieur de l’EPFL, en collaboration avec le site web de réparation américain iFixit, afin de développer un indice de réparabilité pour soutenir les achats de robots axés sur la durabilité dans l’éducation.

«Ce projet fait entrer les robots éducatifs dans le domaine de la réparation, qui est souvent négligé dans l’électronique grand public», précise Alexandre Viegas. «Nous espérons que la publication de guides de réparation et la notation de ces robots éducatifs inciteront le corps enseignant à aborder ces sujets en classe et les fabricants à donner la priorité à la réparation dans la conception de leurs produits.»

Image du robot Blue-bot assemblé tirée du guide iFixit. 2025 EPFL/Alexandre Viegas CC BY SA
Image du robot Blue-bot démonté tirée du guide iFixit. 2025 EPFL/Alexandre Viegas CC BY SA

Une solution avantageuse pour la communauté étudiante et la durabilité

Enfant, Alexandre Viegas aimait bricoler ses jouets. «Dès qu’un de mes appareils se cassait, j’essayais toujours de le réparer moi-même en cherchant des guides et des pièces en ligne. Cela m’a encouragé à devenir ingénieur, en particulier en robotique, où je pouvais apprendre à construire et réparer n’importe quoi.»

En développant la première méthode de notation dédiée aux robots éducatifs, ce projet souligne l’importance de la réparation en robotique. Nos efforts contribuent non seulement à faire mieux comprendre la technologie à la communauté étudiante, mais aussi à une approche plus responsable, durable et circulaire de l’utilisation des technologies

Alexandre Viegas

Pour son projet de semestre, Alexandre Viegas s’est penché sur neuf robots éducatifs motorisés couramment utilisés dans les écoles, dont Thymio II, issu du laboratoire MOBOTS. Avec l’équipe du MOBOTS, les spécialistes d’iFixit et Mobsya, le concepteur à but non lucratif de Thymio, il a développé un système de notation pour classer les robots en fonction de leur réparabilité du point de vue de l’utilisatrice ou de l’utilisateur final. Il a ainsi démonté chaque robot et appliqué une version adaptée du système d’évaluation de la réparabilité des produits d’iFixit, qui classe les appareils en fonction de trois critères: la documentation, les pièces de rechange et la conception pour la réparation.

Démontage du robot Thymio. 2025 EPFL/Alexandre Viegas CC BY SA

Thymio II est arrivé en tête du classement de la réparabilité avec une note de 10 sur 10 grâce à sa facilité de réparation, à sa documentation de réparation complète et à l’accessibilité des pièces de rechange. Au contraire, le robot de codage Sphero Bolt+, semblable à un globe terrestre, a obtenu une note de 0 sur 10, car il ne pouvait pas être ouvert sans être détruit.

«La note élevée de Thymio n’est pas surprenante, car ce robot est censé être réparable, mais sa comparaison avec les principaux produits disponibles sur le marché illustre l’importance d’intégrer la réparabilité aux premières étapes de la conception», avance Alexandre Viegas.

Dans le cadre du projet, l’étudiant et ses collègues ont également publié des guides de réparation pour trois robots – Thymio, Blue-bot et Root –désormais disponibles gratuitement sur le site web iFixit. Alexandre Viegas se concentre désormais sur son stage d’ingénieur d’applications chez Sensirion Connect, où il travaille sur des dispositifs intelligents de détection des émissions de méthane et de la pollution. Mais, confie-t-il, il prévoit toujours de contribuer aux guides de réparation pendant son temps libre. Parallèlement, l’équipe MOBOT envisage de transformer les guides en activités de classe à part entière afin d’expliquer pourquoi la réparation est importante pour réduire les impacts environnementaux, tout en donnant à la communauté étudiante une expérience pratique de la réparation.

«En développant la première méthode de notation dédiée aux robots éducatifs, ce projet souligne l’importance de la réparation en robotique. Nos efforts contribuent non seulement à faire mieux comprendre la technologie à la communauté étudiante, mais aussi à une approche plus responsable, durable et circulaire de l’utilisation des technologies», conclut Alexandre Viegas.


Auteur: Celia Luterbacher

Source: Institut d’électricité et microtechnique

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Image du robot Blue-bot démonté tirée du guide iFixit. 2025 EPFL/Alexandre Viegas CC BY SA
Image du robot Blue-bot démonté tirée du guide iFixit. 2025 EPFL/Alexandre Viegas CC BY SA
Démontage du robot Thymio. 2025 EPFL/Alexandre Viegas CC BY SA
Démontage du robot Thymio. 2025 EPFL/Alexandre Viegas CC BY SA
Démontage du robot Thymio. 2025 EPFL/Alexandre Viegas CC BY SA
Démontage du robot Thymio. 2025 EPFL/Alexandre Viegas CC BY SA
Image du robot Blue-bot assemblé tirée du guide iFixit. 2025 EPFL/Alexandre Viegas CC BY SA
Image du robot Blue-bot assemblé tirée du guide iFixit. 2025 EPFL/Alexandre Viegas CC BY SA

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