«Rêver dans un monde qui brûle»: la durabilité au fil des mots

Léandre Guy et Gustave Pellier, co-fondateurs de Plume lors de Marchéco, septembre 2022. © Arthur Carmés

Léandre Guy et Gustave Pellier, co-fondateurs de Plume lors de Marchéco, septembre 2022. © Arthur Carmés

Plume est l’association littéraire du campus. Au cours du temps, ses membres ont intégré la durabilité au cœur de leur projet. “Rêver dans un monde qui brûle” était le thème de la 4e édition de leur concours de poésie.

De la littérature sur le campus? Il n’y en avait pas vraiment avant que trois amis étudiants à l'EPFL aient l’idée de lancer un concours de poésie sur le campus. C’est ainsi que Léandre Guy, Gustave Pellier et Barnabé Devaux ont fondé l’association Plume en 2020. Unique en son genre à l’EPFL, cette association permet à tout un chacun de partager sa passion en prenant part à des ateliers d’écriture ou aux concours annuels. À côté de ces deux grands projets, les membres de Plume participent à plein d’événements avec d’autres associations et sont depuis peu ouverts à la communauté étudiante de l’UNIL. L’implication des membres de Plume en faveur de la durabilité a fleuri grâce à leur motivation ainsi qu’aux alliances interassociatives qu’ils et elles ont pu développer. Cela leur a permis d’être soutenus par l’unité Durabilité pour leur dernier concours.

Un concours brûlant

«Il y a trois ans, on voulait faire un concours de poésie, donc on est allé voir le Collège des humanités qui nous a aidés. On a été très surpris de recevoir une centaine de textes de très bonne qualité. Ça nous a encouragés à créer une association», raconte Léandre Guy, cofondateur de Plume. Dès lors, deux concours égaient le campus: celui de nouvelles en automne et celui de poésie au printemps.

Ce printemps 2023, la thématique du concours de poésie était plus que jamais ancrée dans la durabilité, comme le raconte Gustave Pellier, co-fondateur de Plume: «Thématiser les rêves dans un monde qui brûle, ça nous a permis d’entrer dans le réseau de la durabilité et de proposer un titre sous forme d’oxymore naviguant entre écologie et rêverie.» L’affiche de la baleine survolant un monde en feu a inspiré de nombreux écrits, et cette année quatre lauréat·es ont été salués pour leurs compositions.

Parmi les lauréates, Claire Trotti, une étudiante en français et anglais à l’UNIL, a été primée pour son poème Danseuse émeraude. Elle a composé son œuvre pour le concours en seulement quelques jours. «L’inspiration, c’est quelque chose qui te tombe dessus. J’ai toujours beaucoup aimé la poésie et ça s’est renforcé au cours de mes études.»

Un jour, j’ai entendu parler d’occasions de partager ce que j’écrivais et que ça pouvait toucher des gens. Il faut croire que ça a fonctionné.

Claire Trotti, lauréate du concours «Rêver dans un monde qui brûle»

Son poème Danseuse émeraude est tissé entre métaphores et jeux d’émotions. «Ça parle de rupture; à l’époque je sortais d’une relation et j’avais le cœur brisé. Dans une relation, tu peux te sentir bien, mais tu donnes aussi les armes à l’autre pour t’atteindre. J’ai fait le parallèle avec notre relation à la Terre, qui peut être à la fois florissante, prospère, et à la fois destructrice. Pour moi il y a une analogie directe», se confie la jeune femme.

Claire Trotti, lors de la remise des prix du concours de poésie, printemps 2023. © @ecgphotograph

Un florilège d’ateliers d’écriture

Outre le concours de poésie, l’association propose également des ateliers d’écriture plusieurs fois par mois à l’EPFL et à l’UNIL. Nés dans les débuts de l’association, les ateliers étaient parmi les seules activités encore possibles lors de la pandémie. Depuis chez eux, les participantes et participants pouvaient écrire puis partager leurs essais. Gustave était en échange à l’époque et avait continué d’y participer: «Il y a une des fois qui m’a marqué, on était seulement quatre et on a discuté pendant deux heures. Le fait d’être si peu nous a permis de parler de nos dernières lectures ou écritures du moment. La qualité de l'échange est toujours super importante.»

Aujourd’hui, les ateliers de deux heures sont ouverts à une douzaine de personnes. Un thème est proposé et les gens peuvent écrire puis échanger dessus de manière constructive et bienveillante. Une large palette de thématiques est dès lors proposée; que ce soit une contrainte technique ou un jeu avec de la musique, une couleur ou une citation, la diversité permet à chaque séance d’être une expérience en soi. «À chaque fois j’aime écouter les participants parler de la même chose, mais de manières complètement différentes», partage Léandre.

«C’est fort, car il y a un côté thérapeutique. Les personnes se livrent sur certains thèmes qui touchent à l’intime et ça fait du bien. Les organisateurs ont réussi à créer un safe space qui permet de parler de choses profondes», raconte Gustave.

Ça fait du bien d’avoir cette bulle d’ateliers d’écriture pour se déconnecter sur des thèmes différents de nos sujets du quotidien.

Léandre Guy, cofondateur de Plume

Des associations à la durabilité

En intégrant la durabilité dans leurs projets, des liens se sont progressivement tissés entre Plume et les associations durables du campus. Au semestre de printemps 2023, une pièce intitulée Les Insolents a été écrite par des membres de Plume et les costumes ont été préparés par les membres d’Unipoly Fashion Lab, la friperie d’Unipoly. Plume a également eu l’occasion de tenir un stand à Marchéco, une foire de seconde main organisée tous les semestres par Meubléco, un autre pôle d’Unipoly.

«Une libraire à Lausanne nous donne des livres de seconde main, on les choisit puis on les vend à Marchéco à un ou deux francs. Ça nous permet de ramener les livres sur le campus et de rendre la littérature accessible pour les personnes qui n'ont pas le temps ou les moyens», relate Léandre.

Par ailleurs, des synergies se sont créées avec ArtePoly, l’association d’art visuel. «Avec Artepoly, l’idée était d’illustrer un écrit de quelqu’un pour former des diptyques, c’était trop beau! Pour l’anecdote, une membre de Plume a rencontré une membre d’ArtePoly et elles ont décidé d’écrire un livre illustré qu’elles cherchent à éditer en ce moment», s’enthousiasme Gustave.

La durabilité au cœur du projet

«Avec Plume, ce serait facile de dire qu’on s’en fiche de la durabilité. On pourrait se dire que notre impact est dérisoire», reprend Gustave. «Alors que finalement cela demande peu d’effort de l’intégrer et on sait que ça a un impact. Lors du dernier concours, on a décidé de faire un apéritif végétarien et ça a été grandement apprécié! Faire ce genre d’action lors d’un événement change quelque chose.»

Aujourd’hui, les membres de Plume se déplacent avec les vélos-cargo louables à l’EPFL pour leurs achats, et planifient de faire leurs futurs t-shirts d'association avec Unipoly Fashion Lab qui brode les logos sur des t-shirts de seconde main.

«C’est super d’éveiller les associations qui ne sont pas très durables en se tournant vers celles qui le sont déjà. Le nouveau comité a plein de projets en tête pour collaborer avec d’autres associations», explique Gustave.

Plume est une association jeune et est donc très ouverte à toute forme de nouveaux projets et de créativité. «On a de la place pour tous les profils ou idées qui pourraient te tenir à cœur. On est aussi très ouverts aux collaborations!», souligne Léandre.

In fine, comme il le dit en souriant: «Si vous avez besoin d'écrire quelque chose, vous pouvez nous appeler, on peut tout faire…». «...Durablement», clôture Gustave.


Auteur: Lina Bentires-Alj

Source: People