Repenser l'architecture avec l'intelligence artificielle

Christina Doumpioti a réalisé sa thèse au Laboratoire de design et médias de l'EPFL. - 2025 EPFL/Alain Herzog - CC-BY-SA 4.0
Intégrer les modèles prédictifs et génératifs de l'intelligence artificielle dès la conception d'un bâtiment pourrait bien révolutionner l'architecture. C'est ce qu'a exploré Christina Doumpioti dans sa thèse, réalisée au Laboratoire de design et médias de l'EPFL. Elle en livre un résumé dans une chronique parue dans trois quotidiens romands.
L'architecture est une pratique créative, guidée par l'intuition, l'imagination et l'exploration de nouvelles façons d'appréhender un espace. Aujourd'hui, les défis environnementaux et sociétaux créent des opportunités pour intégrer l'information dans la conception. Dans le cadre de mes recherches à l'EPFL, je développe des flux de travail qui relient la pensée analytique à l'exploration créative, afin de prendre des décisions plus éclairées en matière de conception.
Dans de nombreux cas, les considérations de performance ne sont introduites qu'après l'achèvement d'un bâtiment, ce qui réduit leur impact potentiel. Dans le cadre de ma thèse de doctorat à l'EPFL, j'ai étudié comment les modèles prédictifs et génératifs de l'intelligence artificielle (IA) peuvent rendre ces informations disponibles plus tôt, en les intégrant aux étapes initiales de la conception.
Les études de cas que je présente vont dans deux directions différentes : l'une des données environnementales vers la configuration spatiale, et l'autre des médias vers les performances. Dans le premier cas, des caractéristiques telles que la lumière du jour, le flux d'air et les gradients thermiques guident les formes spatiales dès le départ. Dans le second cas, des images synthétiques sont analysées pour découvrir les propriétés des matériaux, la consommation d'énergie et les relations spatiales.
L'information sert d'outil de découverte plutôt que de contrainte
Ces flux de travail illustrent la manière dont les méthodes informatiques peuvent renforcer la pensée créative tout en préservant la conscience environnementale. Ici, l'information sert d'outil de découverte plutôt que de contrainte.
Grands modèles linguistiques
Pour l'avenir, je vois un potentiel dans les capacités croissantes des grands modèles de langage utilisés dans l'intelligence artificielle. Ces systèmes permettent des interactions intuitives et conversationnelles avec les outils de conception, aidant les architectes, les ingénieur·es, les planificateur·trices et les citoyen·nes à s'engager directement dans le processus de conception.
En dépassant les barrières techniques, les architectes peuvent développer des interfaces de conception collaborative qui encouragent des flux de travail plus inclusifs, où la créativité humaine et l'intelligence artificielle travaillent ensemble pour créer des espaces à différentes échelles qui répondent aux besoins environnementaux et sociaux.
- Cette chronique est parue le août 2025 dans les quotidiens La Côte (Vaud), Le Nouvelliste (Valais) et Arcinfo (Neuchâtel), dans le cadre d'un partenariat avec le groupe de presse ESH Médias visant à faire connaître auprès du grand public la recherche et l'innovation de l'EPFL dans le secteur de la construction.