Récupérer d'une attaque cérébrale grâce à la réalité virtuelle

© 2011 Alain Herzog

© 2011 Alain Herzog


Le "Nano" vise à retrouver sa mobilité suite à un accident vasculaire cérébral, grâce à un avatar en 3D. Mis au point par MindMaze, spin-off de l’EPFL, l’appareil permet une pratique quotidienne à domicile.

Portable, abordable, simple à utiliser: le «Nano» constitue une petite révolution dans le domaine de la réhabilitation neuromusculaire après un accident vasculaire cérébral. Cette thérapie, dont le matériel tient dans une petite mallette, fonctionne grâce à la réalité virtuelle. Un écran, une webcam, une paire de lunettes noires, un bonnet muni d’électrodes et un gant : le patient s’équipe, appuie sur «ON» et la séance débute. Cette facilité d’utilisation permet une pratique quotidienne à domicile. «On sait que c’est durant les premières semaines que la récupération est la plus importante. Or de nombreuses personnes abandonnent à ce moment», souligne Tej Tadi, fondateur de MindMaze, la start-up, basée au Garage -pépinière d’entreprises de l’EPFL- qui développe le « Nano ».


Progresser grâce à son avatar

La rééducation est basée sur un principe simple: il suffit d’observer la scène censée nous représenter, pour réactiver peu à peu certaines zones du cerveau proches de celles atteintes. Lorsqu’il bouge sa main valide, c’est l’avatar en 3D de son membre handicapé que le patient voit bouger dans ses lunettes. Cela active une région du cortex, connexe à celle qui a été endommagée, qui prend peu à peu le relais.
Les exercices sont ensuite effectués avec le membre invalide: tendre le bras, prendre un objet, montrer quelque chose.


Le médecin a accès aux données en temps réel

Les électrodes placées sur le bonnet permettent d’avoir des données en permanence sur l’activité cérébrale. Transmises via internet avec une image en 3D du cerveau, elles permettent au personnel médical de voir en direct, tout en restant à l’hôpital, les changements dans le cerveau du patient et de lui donner des indications. Le patient peut suivre ses progrès grâce à l’affichage de ces données sous la forme d’un graphique.
Le système devrait être commercialisé d’ici l’été 2012. Il est actuellement en phase d’essais précliniques au CHUV. Pour l’heure, il semblerait que la récupération de la mobilité soit également plus rapide qu’avec les programmes proposés actuellement.
Chaque année 10000 personnes en Suisse et 12 millions dans le monde sont touchées par un accident vasculaire cérébral. « Nous avons commencé par proposer un appareil ciblant la réhabilitation du bras car c’est le principal handicap pour 75 % des patients ayant fait face à un AVC», souligne Tej Tadi qui a mis au point cette technologie durant son doctorat au Laboratoire de neurosciences cognitives de l’EPFL.
Spin-off de l’Ecole, la start-up MindMaze a déjà reçu plusieurs prix, dont le Venture Leaders en 2010 et le Prix de l’Association des communes de la région lausannoise (PERL) en mars dernier. Son fondateur prévoit de mettre son premier appareil en vente d’ici la moitié d’été 2012. Les marchés suisse et allemand, où la société va débuter ses activités, sont estimés à 55 millions de francs. Une commercialisation internationale est prévue d’ici à trois ans.