Raphaël Ahumada navigue entre architecture et aviron

Raphaël Ahumada en entraînement sur la lac Léman.©Alexia Ferri

Raphaël Ahumada en entraînement sur la lac Léman.©Alexia Ferri

L’étudiant de 21 ans bénéficie du statut de sportif d’élite à l’EPFL. Cours à distance, entraînements intensifs et compétitions internationales rythment son quotidien.

Les journées de Raphaël Ahumada, commencent tôt, à 5 heures du matin. «La discipline, c’est une habitude à prendre, glisse sans sourciller le sportif d’aviron et étudiant en première année d’architecture au sein de la Faculté de l’environnement naturel, architectural et construit (ENAC) à l’EPFL. J’ai toujours voulu atteindre le maximum de mon potentiel.» Rigoureux, le jeune homme de 21 ans se plie à une routine quotidienne bien rodée au centre national d’entraînement d’aviron à Sarnen dans le canton d’Obwald où il passe la majorité de son temps entre les compétitions internationales: séance de méditation au saut du lit, entraînements intensifs sur le lac et en salle entrecoupés de repas équilibrés, turbo sieste, sans oublier plusieurs moments de calme qu’il fixe dans son emploi du temps millimétré afin de pouvoir étudier.

J’ai toujours eu besoin de faire autre chose à côté de l’aviron. Etudier et ramer en parallèle m’apporte un véritable équilibre.

Raphaël Ahumada


Auréolé d’or en coupe du monde à Belgrade fin mai et de bronze aux championnats d’Europe à Munich en août, la carrière de Raphaël Ahumada est en pleine ascension avec en ligne de mire les Jeux olympiques en 2024. «Y participer serait un rêve incroyable», reconnaît-il. C’est avec cet objectif en tête qu’il a choisi de mener de front architecture et aviron au plus haut niveau. Pour cela, il a obtenu le statut de sportif d’élite, comprenant une prolongation de la durée des études et la possibilité de les suivre à distance. «J’ai toujours eu besoin de faire autre chose à côté de l’aviron. Etudier et ramer en parallèle m’apporte un véritable équilibre.»


Le sportif évolue dans la catégorie double poids légers élite, qui sera supprimée du programme olympique après 2024. C’est pourquoi cet appel des jeux de Paris résonne particulièrement à ses oreilles aujourd’hui. Une fois ce défi derrière lui, il s’imagine bien se replonger à 100% dans ses études.


Prise de note efficace
Si le cœur de Raphaël Ahumada a légèrement balancé du côté du génie civil, il a finalement opté pour l’architecture. La discipline concilie, à ses yeux, sa fibre artistique et son côté manuel avec les matières scientifiques, maths et physique, dans lesquelles il s’est toujours senti à l’aise à l’école. Après une année à l’ENAC, autant dire qu’il ne regrette pas son choix. Comme pour le sport, il se donne tous les moyens de réussir et y consacre un maximum de temps malgré la distance. «Je suis devenu très efficace dans la prise de note», dit-il en rigolant. Se rêver plus tard architecte lui semble encore trop abstrait. «Le plus important est d’aimer ce que je fais, avancer, rester ouvert et chercher toujours à me surpasser.»


Avant de ramer sur le lac Léman, l’enfant de Denges se voyait hockeyeur depuis ses 6 ans. Jusqu’au jour où, sous les encouragements de sa tante qui pratiquait l’aviron en Suisse allemande, il reçoit dans sa boîte aux lettres une annonce pour une semaine d’initiation au Forward Rowing club de Morges. Il s’inscrit et découvre dans cette activité un esprit d’équipe, une ambiance incroyable et une camaraderie des plus grands envers les petits qu’il ne connaissait pas avant et qui le poussent à faire «un choix difficile» : arrêter le hockey au profit de l’aviron. «C’est un sport complet. J’ai rapidement été assez fort et gagné des courses. En plus, j’ai la chance d’être grand», souligne le sportif de 1mètre 84.

Raphaël Ahumada pendant une compétition.©Detlev Seyb/SWISS ROWING


Né dans une famille active qui pratique aussi bien la randonnée, le roller que le vélo, Raphaël Ahumada a transmis le virus de l’aviron à sa sœur Thalia, qu’il croise désormais à Sarnen où elle s’entraîne aussi. La sportive de 19 ans, conquise par l’esprit qui règne dans ce milieu, s’est lancée dans la compétition alors qu’elle se destinait à la natation synchronisée.


Ramer à haut niveau exige une finesse technique de précision. «On doit toujours être dans le moment présent pour se concentrer sur l’efficacité de chaque mouvement et être capable de gérer la douleur qui peut être intense sur une distance de 2000 mètres.» Alors les jours de repos où il peut enfin rentrer à la maison, il doit renoncer à toute activité physique au profit de moments calmes entouré de sa famille et ses amis.


Auteur: Rebecca Mosimann

Source: People