Quatre projets récompensés par le Bertarelli Catalyst Fund
La fondation Bertarelli, via son Catalyst Fund@Campus Biotech, soutient depuis 2017 une sélection de projets de recherche dédiés aux thérapies innovantes pour les maladies du système nerveux. Sur les quatre dossiers retenus pour l’année 2021, deux sont issus de l’EPFL.
Les projets récompensés en 2021 sont les suivants :
Améliorer le développement neuronal des prématurés
La prématurité est la principale cause de décès des nourrissons de moins de 5 ans et les enfants nés avant terme sont susceptibles de présenter des troubles neurologiques et du développement à long terme. En cause, un risque important de lésions pulmonaires et cérébrales néonatales nécessitant d’être traité le plus rapidement possible, le mieux étant avant la naissance. Carlotta Guiducci, professeure associée du Laboratoire d’électronique pour les sciences du vivant de l’EPFL, propose en collaboration avec l’équipe du professeur David Baud du CHUV un suivi en continu des femmes enceintes présentant un risque élevé d’accoucher prématurément. Pour se faire, elle développe un dispositif de suivi médical portatif de la forme d’une serviette hygiénique pour détecter les biomarqueurs annonçant un potentiel accouchement prématuré. Un tel appareil permettrait ainsi une prise en charge plus rapide de la future mère et de son enfant à naître pour un traitement plus rapide.
Des ultrasons pour redonner leur motricité aux victimes d’AVC
Après un accident vasculaire cérébral, les capacités motrices et sensorielles des victimes sont altérées du fait de dommages causés à plusieurs parties du cerveau. Les capacités sensorielles sont particulièrement importantes, car elles contribuent à la précision des mouvements. Elles sont cependant en partie tributaires de régions cérébrales profondes, accessibles uniquement de façon invasive, limitant les possibilités d’intervention dans le cadre de la rééducation du patient. Les équipes conjointes des professeurs Friedhelm Hummel et Grégoire Courtine souhaitent contourner cette difficulté en stimulant ces régions profondes via des faisceaux d’ultrasons. « Avec cette technique, on pourrait obtenir les mêmes résultats qu’avec les méthodes plus invasives nécessitant des opérations chirurgicales lourdes, précise Estelle Raffin, PRIMA fellow rattachée au laboratoire du professeur Friedhelm Hummel et co-investigatrice du projet. On évite ainsi les complications induites par de telles opérations. »
Deux autres projets hors EPFL se sont également vu attribuer une aide du Bertarelli Catalyst Fund@Campus Biotech :
Validation d'un nouveau marqueur pour améliorer les diagnostics lors de troubles de la conscience
Le premier, issu d’une collaboration entre les universités de Lausanne et de Genève et du CHUV, veut s’attaquer aux erreurs de diagnostic chez les patients présentant des troubles de la conscience, qui représente un défi sanitaire et éthique mondial. Le diagnostic clinique de ces patients peut être facilité par des investigations électrophysiologiques non invasives évitant l'arrêt inadapté de la thérapie de survie. Avant leur application clinique, les marqueurs électrophysiologiques pour la détection de la conscience doivent passer par une validation systématique dans des environnements contrôlés. Le sommeil chez les individus en bonne santé offre un cadre si rare où le niveau de conscience peut être déduit via des observations physiologiques et électrophysiologiques connues. Dans ce projet, Marzia De Lucia du CHUV et Sophie Schwartz du Campus Biotech étudieront la réponse neuronale aux signaux cardiaques et auditifs chez des individus sains pendant l'éveil et le sommeil afin de valider un nouveau marqueur cardio-audio de la conscience.
Traiter les troubles anxieux
Dans le cadre de ce projet, la professeure Sophie Schwartz et le professeur Daniel Huber, de l’Université de Genève, s'associent avec la Dre Laurence Bayer et le Dr Lampros Perogamvros des HUG, pour développer une nouvelle approche pour traiter les troubles anxieux. Ce type d’affection est le plus souvent combattu par une thérapie cognitive comportementale où le patient est progressivement exposé aux facteurs déclenchant son anxiété. Par ailleurs, le sommeil joue un rôle important dans la consolidation du traitement. Les équipes associées veulent aller plus loin en réalisant cette thérapie directement pendant le sommeil. En particulier, ce projet a pour but de permettre la présentation d'images sur la rétine des patients pendant qu’ils dorment.
Ensemble, les quatre projets se partageront une aide de 1,5 million de francs. Un soutien bienvenu pour encourager la recherche et le développement de thérapies innovantes. « Le prix Bertarelli nous apporte une grande bouffée d’oxygène et va nous permettre de vraiment développer notre technique et d’en faire un outil cliniquement pertinent », se réjouit la chercheuse Estelle Raffin.
«Prématurité, AVC, troubles anxieux et troubles de la conscience sont des pathologies qui peuvent toutes et tous nous toucher de près ou de loin. Mes félicitations les plus sincères vont aux chercheuses et chercheurs lauréats de cette année, dont les travaux auront un impact positif sur la vie du plus grand nombre» déclare Ernesto Bertarelli. «La diversité des institutions dont sont issus ces chercheuses et chercheurs reflètent bien l’esprit du Catalyst Fund de la Fondation Bertarelli qui a pour but de stimuler la recherche interdisciplinaire au Campus Biotech et au-delà, dans le but de faire progresser les neurosciences.»