Quand les neurones inspirent la politique scientifique
La Journée de la science a connu un succès fou. Plus de 500 personnes sont venues vendredi soir à l’EPFL entendre deux chercheurs de pointe donner les dernière nouvelles du cerveau et le secrétaire d’Etat Charles Kleiber expliquer les buts et les perspectives de la politique scientifique suisse. Point commun entre les intervenants, l’intérêt pour la mise en réseau, des neurones pour les uns, des compétences universitaires pour Charles Kleiber.
Le secrétaire d’Etat à la science et à la recherche a donné une vision politique claire : pour faire face à l’exacerbation de la concurrence internationale entre les hautes écoles, les universités helvétiques ont tout intérêt à créer des réseaux ou des pôles de compétences forts. Soit à réunir des chercheurs aux qualités complémentaires autour de projets scientifiques, en dehors de tout esprit de chapelle et de logique de territoire.
Charles Kleiber estime d’ailleurs que les choses commencent à évoluer dans le bon sens à l’image notamment du projet triangulaire, programme pionnier de coopération mis en œuvre par les Universités de Lausanne, Genève et l’EPFL. « Le processus d’apprentissage, initié par ce projet ainsi que la création d’une faculté vétérinaire sur deux sites entre les universités de Berne et Zurich, semble prendre de l’ampleur », a ainsi constaté le secrétaire d’Etat. Il s’agit dorénavant « d’utiliser cette dynamique de réforme et des ressources nouvelles pour renforcer ce mouvement. »
Comment les réflexions de Charles Kleiber sur la politique scientifique lui sont-elles venues ? Le Prix Nobel de médecine et chercheur au Scripps Research Institute Dr Gerald M. Edelman s’est attaché à donner une réponse physiologique à cette question. Il a bousculé certaines idées au passage dans son exposé, s’interrogeant sur la manière dont la matière devient imagination.
Refusant de voir dans le cerveau une sorte d’ordinateur amélioré, le scientifique estime plus probable que notre matière grise « travaille suivant un ensemble de principes de sélection. » Ce « darwinisme neuronal » remet en question les approches plus traditionnelles qui s’attachent à comprendre la conscience en observant la contribution de zones cérébrales ou de groupes neuronaux spécifiques.
Autre chercheur réputé, le professeur Kamil Ugurbil a fait l’histoire de la résonance magnétique nucléaire (RMN), un outil dont il se sert avec talent pour explorer le cerveau. Le professeur au département de radiologie de l’Université de Minnesota a notamment souligné l’importance des études en spectroscopie (RM), lesquelles « donnent pour la première fois la possibilité de serveiller les événements chimiques qui entretiennent l’activité neuronale », soit du cerveau.