Quand la Dame Blanche bat le Roi Noir

Pour la Dame Blanche, la troisième confrontation avec le Roi Noir aura été la bonne. Après avoir été dominé deux années de suite en ligne, le club d’échecs de l’EPFL a battu, certes au tie-break, celui de l’ETH Zurich, le Schwarzer König. Le 5 novembre, 8 joueuses et joueurs de chaque école se sont affrontés sur l’échiquier à Zurich tandis que, parallèlement, 68 adeptes se rencontraient en ligne. C’est là que l’école lausannoise a fait la différence.

Cette victoire aux échecs réjouit Grégoire Tissier, président depuis l’an dernier de la Dame Blanche, une commission de l’AGEpoly. «Les joueurs de l’ETHZ avaient en moyenne 100 points Elo (ndlr : système d’évaluation comparatif du niveau de jeu des joueurs d’échecs, le champion du monde étant aux alentours de 2850 points) de plus que nous. Nous avons perdu les parties en présentiel 3.5 contre 4.5, le demi-point résultant d’un match nul. Mais nous avons gagné le tournoi en ligne qui nous a donné un point et était, selon les règles, le tiebreaker en cas d’égalité», raconte l’étudiant. Toutefois, plus que la victoire, c’est l’événement, baptisé Polychamps, que retient Grégoire. L’idée de rapprocher les deux écoles qui prend finalement vie après les années covid dans la magnifique salle du Dozentenfoyer dominant la ville, des échiquiers digitaux pour une retransmission en direct, le tout commenté par un grand maître et un étudiant de chaque club. Un succès.

«Le jeu ultime»

Il est déjà prévu que l’EPFL accueille le tournoi fin 2023. Grégoire Tissier et les huit autres membres du comité de la Dame Blanche s’y préparent déjà, même si le président ne sera plus de la partie. En dernière année de master en mathématiques, il aura refermé le chapitre EPFL, qu’il a étroitement associé aux échecs. «En arrivant à l’EPFL en 2018, je connaissais les règles, mais ne jouais pas régulièrement. C’est en voyant un ami jouer en ligne que je m’y suis mis.» Le coup de foudre? «Un peu: à un moment, j’ai réalisé que ce n’était pas seulement un jeu, mais le jeu ultime.» Grégoire rejoint d’abord la Dame Blanche en tant que membre, puis, dès l’année 2019-2020, il s’engage dans le comité.

«Si les règles sont très simples, le jeu est très compliqué à maîtriser, remarque l’étudiant. Si l’on n’étudie pas, à partir d’un certain stade, on ne peut plus progresser.» Il trouve dans les échecs un peu le même plaisir que dans les maths. «C’est un jeu très logique. Le chemin pour gagner est un peu celui de la résolution d’un problème de maths ou la démonstration d’un théorème: il faut trouver le coup gagnant et visualiser les positions pour y parvenir. Il n’y a pas de peut-être, on sait qu’il y un coup gagnant ou que le théorème est vrai, il faut seulement trouver les moyens de le prouver.»

Peut-être pour cette ressemblance avec les maths, il se trouve que la Dame Blanche attire pas mal d’étudiantes et étudiants en maths. Sur les neuf membres du comité, 4 sont en maths. La physique, l’informatique s’accorde bien aussi, même s’il y a de tout parmi les quelque 300 membres qui suivent le compte Telegram. Les fans, les curieuses et les curieux se retrouvent deux fois par semaine, les mardis et jeudis, pour découvrir, apprendre, progresser, partager et tout simplement jouer. La Dame Blanche organise aussi régulièrement des tournois, des soirées gaufres, ou des affrontements avec d’autres clubs.