Projets EPFL lauréats du prix SIA de Master en Architecture

© 2024 Manu Friederich
Le 17 octobre 2024 a eu lieu à la ZHAW de Winterthour la remise des prix SIA de Master. Le Conseil suisse de l’architecture et la SIA ont distingué les huit meilleurs travaux de master en architecture, parmi lesquels se placent deux projets de l'EPFL: celui de Meryl Barthe et Noémie Perregaux-Dielf et celui de Enzo Migliano.
Prix Master Architecture de la SIA
Ce Prix, décerné conjointement par le groupe professionnel Architecture (BGA) de la SIA et le Conseil suisse de l’architecture, récompense les meilleurs projets de master de la filière Architecture de toute la Suisse. Tous les projets achevés au semestre d’automne 2023 ou au semestre de printemps 2024 ont été pris en considération pour la sélection de cette année. Les établissements de formation procèdent eux-mêmes aux nominations, tandis qu’un jury indépendant récompense huit projets. Ce Prix est doté au total de 14 000 francs.
Les travaux distingués, dont deux contributions de l’EPFL portant sur la transformation d’anciens ouvrages industriels, illustrent toute l’étendue du métier d’architecte et augurent d’un bel avenir pour la relève.
Les délibérations du jury ont eu lieu les 3 et 4 octobre 2024 à la Haute école zurichoise des sciences appliquées à Winterthour. Ont siégé au sein du jury 2024 : Olga Cobuscean, Søren Linhart, Andreas Haug, Thomas Pulver, Anne Kaestle, Guillaume Henry, Elena Fontana et Barbara Thüler.
Rapport du Jury
Meryl Barthe, Noémie Perregaux-Dielf, « DIS/ ASSEMBLE: a monument to progressive deconstruction »
sous la direction de Sarah Nichols et Amy Perkins
Une centrale thermique fonctionnant au fioul lourd, située tout en haut de la vallée de la Rhône, semble aujourd'hui un anachronisme.
La centrale de Chavalon, en Valais, a d'ailleurs été fermée dès 1999, mais elle n'a jamais été démantelée ni le site renaturé, comme cela avait été prévu lors de sa mise en service en 1965. Une centrale à gaz prévue par la suite n'a jamais été réalisée. Au lieu de cela, un investisseur a acheté le site en 2017, mais rien n'a été fait jusqu'à présent.
Les autrices proposent donc un processus de démantèlement progressif de la centrale, qui sera progressivement démontée et dont les composants
doivent être réutilisés. Le projet est conçu comme un processus participatif.
En décernant ce prix, le jury salue la décision des autrices de privilégier la déconstruction plutôt que la reconstruction comme sujet de leur mémoire de fin d'études d'architecture. Un espace fermé devient à nouveau accessible au public ; un laboratoire ouvert au lieu d'une tabula rasa ; une mine urbaine au lieu de tonnes de gravats. Au final, la façade temporaire du centre de réemploi, devient symbole de la construction en tant que processus de devenir et de disparition.
Enzo Migliano, « Habiter la Grande Profondeur – reconversion de l’Entrepôt pour Tabac d’Orient, Boncourt (JU) »
sous la direction de Marco Bakker et Alexandre Blanc
Les vestiges de l’ère industrielle constituent une matière première louable pour la production de logements collectifs comme alternative à l’étalement urbain. Se heurtant à des emprises très épaisses (souvent bien au-delà de 16 mètres), un tel exercice reconsidère à la hausse la profondeur domestique usuelle. L’énoncé théorique, le jeu de la profondeur, explorait l’état limite du standard et offrait des outils projectuels pour l’appréhender. A la frontière franco-suisse, le village jurassien de Boncourt est orphelin de l’industrie lui ayant valu deux siècles de prospérité suite à la délocalisation du cigarettier British American Tobacco. L’Entrepôt pour Tabac d’Orient livré par les architectes bâlois Suter & Suter (1965) se développe brutalement au cœur du tissu en une barre d’environ 200 par 27 mètres qui borde l’Allaine. Le projet reconnaît les qualités constructives de l’ensemble et conserve son intégrité structurelle tout en perçant les zones les moins sollicitées. L’édifice forme une nouvelle pièce urbaine et établit une porosité avec son contexte en accueillant une mixité de programmes publics qui dynamisent le lieu. En particulier, un bain public est finement inséré entre les fondations. Une ruelle aérienne se développe à ciel ouvert à la manière d’une faille sur toute la longueur de l’entrepôt, respectant sa distribution originale centrée, générant deux nouvelles façades introverties. Une imbrication volumétrique complexe confère une variété typologique dans laquelle chaque logis est traversant et tire pleinement parti de l’orientation est-ouest.