Progresser la collaboration internationale pour la science polaire

© The Polar Initiative - Foundation Prince Albert II de Monaco, 2024

© The Polar Initiative - Foundation Prince Albert II de Monaco, 2024

La deuxième édition du Symposium Polaire (Monaco, 22–23 février 2024), intitulée « The Cold is Getting Hot! From Arctic to Antarctic », a réuni plus de 120 scientifiques, décideurs politiques et représentants des principales institutions polaires pour discuter des défis urgents auxquels font face les régions polaires de la planète. Parmi les intervenants figurait le professeur Jérôme Chappellaz de l’EPFL, représentant le Swiss Polar Institute (SPI).

Coorganisé par la Fondation Prince Albert II de Monaco, le Comité scientifique pour la recherche antarctique (SCAR) et le Comité international des sciences arctiques (IASC), le symposium a servi de plateforme majeure pour renforcer la coopération entre les communautés de recherche arctique et antarctique. Les participants ont abordé des thèmes tels que l’élévation du niveau de la mer, le dégel du pergélisol et la nécessité d’approches holistiques et interdisciplinaires dans la recherche polaire.

Une conversation stratégique sur la coopération et l’héritage polaires

Lors d’une séance plénière, le professeur Chappellaz a échangé avec Antje Boetius (directrice de l’Institut Alfred Wegener) sur l’avenir des collaborations à long terme dans les régions polaires. Ensemble, ils ont exploré les conclusions du One Planet Polar Summit et les perspectives en vue de la 5e Année polaire internationale.

La discussion a mis en lumière leurs réflexions sur l’avenir de la cryosphère, qui perd actuellement de la masse à un rythme imprévisible, avec des conséquences majeures sur l’élévation du niveau de la mer et sur les grands courants océaniques ainsi que les régimes de précipitations.

Il a également été rappelé qu’environ deux milliards de personnes dépendent de l’eau provenant des régions cryosphériques de haute altitude, soulignant l’importance mondiale de préserver un équilibre dans ces écosystèmes. Parmi les défis identifiés figurent la dépendance persistante aux combustibles fossiles et la nécessité pour les États et les gouvernements d’agir plus rapidement sur ce point.

Les intervenants ont aussi insisté sur l’importance d’intégrer les connaissances des populations autochtones vivant dans et de la cryosphère.

Une conclusion majeure de cette discussion a été le manque d’un système de suivi global, robuste et complet de la cryosphère, accessible à la fois à la communauté scientifique et aux décideurs politiques. Ils ont plaidé pour la création d’un cadre similaire à ceux mis en place par les Nations Unies pour le climat et la biodiversité.

Impliquer la nouvelle génération

En plus de son intervention sur scène, le professeur Chappellaz a participé, aux côtés d’Anne-Catherine Ohlmann, à une séance de sensibilisation destinée à plus de 200 lycéens monégasques, organisée dans le cadre de l’événement Students on Ice Alumni, soutenu par la Fondation Prince Albert II.
Cette session a mis en avant le travail de la Fondation Ice Memory, qui vise à préserver des carottes de glace provenant de glaciers menacés pour les générations futures de scientifiques.

Un élan mondial pour la science polaire

Le symposium s’est conclu sur des engagements renouvelés d’institutions telles que le SCAR, l’IASC, le European Polar Board, ainsi que de partenaires philanthropiques comme la Fondation Albédo pour la Cryosphère et la Fondation Tara Océan.

L’événement a également mis en avant la future campagne InSync (International Science and Infrastructure for Synchronous Observation) en Antarctique (2027–2030), dans laquelle le Swiss Polar Institute jouera un rôle majeur, favorisant des observations synchrones de la glace, de l’océan et de l’atmosphère.