"Productive Failure": Transformer l'échec en levier de réussite
Tel était l’un des thèmes du 5à7 organisé par le Service de promotion de l’éducation (SPE) en collaboration avec les Sections de mathématiques, physique, chimie et informatique en marge des journées d’information de l’EPFL.
Au programme, l’exploration de nouvelles approches pédagogiques et la présentation de concepts inspirants comme la "self-efficacy" (auto-efficacité) et le "productive failure" (échec productif) comme leviers pour renforcer l’apprentissage en première année de Bachelor. L’objectif ? Fournir aux étudiant·es des outils pour gagner en confiance, s’adapter au contexte universitaire et maximiser leurs chances de réussite dans leurs études.
Plus d’une centaine de participant·es issu·es du corps enseignant du secondaire II et du corps professoral de l’EPFL ont pris part à ces discussions enrichissantes.
Échec en année propédeutique : Les mesures pour soutenir l'apprentissage des étudiant·es et accroître les chances de réussite
Des études antérieures révèlent que le taux d’échec en année propédeutique est fréquemment attribuable à la difficulté des étudiant·es à adapter leurs méthodes et stratégies d’apprentissage aux exigences du milieu universitaire.
Pour faciliter cette transition, l’EPFL a déployé plusieurs mesures concrètes.
Un écosystème de soutien a été créé pour développer les compétences d’apprentissage universitaire. Il inclut des outils numériques, des cours d’été Students4Students, ainsi que du mentorat. L’octroi de 30 minutes supplémentaires aux examens permet de réduire la pression liée au temps. Des méthodes d’enseignement interactives, comme les classes inversées, sont utilisées pour encourager un apprentissage actif en complément des cours classiques. Enfin, un "cookbook" de stratégies d’enseignement a été élaboré visant à renforcer la notion d’auto-efficacité chez les étudiant·es.
Et si nous pouvions concevoir l’échec de manière à le rendre réellement productif pour l’apprentissage ?
Cette question est au centre de l’approche pédagogique de "Productive Failure" élaborée par le Prof. (ETHZ) Manu Kapur. Bien que souvent perçu comme négatif ou contre-productif, l’échec est en réalité une étape essentielle dans le processus d’apprentissage. Lorsqu’il est compris et exploité, il peut devenir une vraie source d’enseignement et de progrès.
Provoquer volontairement des erreurs, de manière calibrée, en poussant les étudiant·es hors de leur zone de confort peut conduire à une meilleure compréhension des sujets abordés.
Cette approche encourage également une réflexion approfondie et la recherche de solutions pertinentes.
C’est là le principe du "deeper learning " : essais, exploration et erreurs précèdent l’apprentissage théorique, menant à une compréhension plus approfondie et à un meilleur transfert des connaissances en comparaison avec un schéma d’apprentissage traditionnel.
Vers l’auto-efficacité : réduire le stress face à l’échec
La notion de "self-efficacy", introduite par le psychologue Albert Bandura, désigne la croyance ou le sentiment d’avoir la capacité d’atteindre certains objectifs. Développer cette compétence est crucial pour réduire le stress lié à l’échec et renforcer la confiance des étudiant·es en leurs capacités.
Nos actions visent notamment à pallier le manque de confiance et fournir des outils permettant de dédramatiser l'échec, comprendre qu'il est inhérent au processus d'apprentissage et ainsi le rendre positif.
Un groupe d’enseignant·es de terrain, très impliqué·es dans les cours de première année de Bachelor, a conçu, avec le soutien d’expert·es, un recueil d’approches pédagogiques visant à renforcer le concept de self-efficacy. Ce travail explore plusieurs axes, notamment la maîtrise personnelle, en clarifiant les objectifs d’un exercice à l’aide d’une phrase d’introduction qui en définit le cadre. Il met également en avant l’apprentissage vicariant de succès, où l’assistant·e-étudiant·e, en toute autonomie, résout un exercice complexe, partage ses difficultés et devient un modèle. Le travail de groupe est également valorisé, encourageant une progression collective grâce à des évaluations qualitatives. Enfin, l’apprentissage vicariant d’échec consiste à formuler un concept erroné pour inciter à son identification, à sa reformulation correcte et à la construction progressive de la théorie.
Ces "recettes" pragmatiques qui s’appuient sur l’expérience et le bon sens s’annoncent prometteuses et mettent en évidence une corrélation claire entre auto-efficacité et performance académique.
Une nouvelle vision pédagogique inspirante
Ces approches innovantes mettent en lumière l’importance de transformer l’échec en levier d’apprentissage. En développant l’auto-efficacité et en intégrant l’échec productif dans les pratiques pédagogiques, il est possible de mieux préparer les étudiant·es non seulement à réussir académiquement, mais aussi à affronter les défis du futur avec résilience et confiance.