Présentation des projets du programme CROSS sur « la Résistance »

Caroline Roberts, Daniel Gatica-Perez et Jessica Herzing © 2019 EPFL

Caroline Roberts, Daniel Gatica-Perez et Jessica Herzing © 2019 EPFL

Le 7 novembre, des chercheurs de l’EPFL et de l’Université de Lausanne (UNIL) ont présenté au public quatre projets de l’édition 2019 du programme CROSS, « Collaborative Research on Science and Society », du Collège des Humanités. Tous les projets ont abordé le thème de la « résistance » avec une perspective interdisciplinaire.

Le programme CROSS soutient les projets sur les enjeux actuels de la société et de la technologie, et qui constituent des collaborations entre les chercheurs de l’EPFL en sciences naturelles, en sciences du vivant ou en ingénierie et les chercheurs de l’UNIL en sciences sociales ou en sciences humaines. Chaque année, CROSS lance un appel à contributions et offre des subventions de démarrage compétitives pouvant aller jusqu’à CHF 60'000 par projet.

L’année dernière, CROSS a décerné quatre subventions à des projets interdisciplinaires entre de l’EPFL-UNIL qui « se penchent sur la notion de résistance de manière prometteuse et en se servant de méthodes scientifiques inédites ». Le concept de « résistance » peut, au premier abord, paraître être un axe de recherche très large, mais Gabriela Tejada, la gestionnaire du programme CROSS, explique que le thème est volontairement très ouvert, afin de permettre aux chercheurs de différents domaines de faire face au même défi avec des perspectives différentes.

« C’est un thème très large, mais en même temps pertinent et qui s’inscrit dans l’actualité », déclare Gabriela Tejada. « Je peux voir beaucoup d’innovation dans les projets de cette année. Ils apportent de nouvelles idées pour s’attaquer aux défis sociaux et technologiques, et c’est cela que nous recherchons avec CROSS. »

Étudier la réticence à participer à des sondages

Caroline Roberts et Jessica Herzing de la Faculté des sciences sociales et politiques (SSP UNIL) de l’UNIL, et Daniel Gatica-Perez, du laboratoire de l’IDIAP de l’EPFL (LIDIAP), ont traité d’un problème courant dans la recherche en sciences sociales : les taux de réponse bas aux sondages. Leur projet explore les méthodes qui peuvent être utilisées pour rendre le remplissage de sondage sur smartphone plus attractif pour les répondants. Lors d’une première phase, les chercheurs se sont servis de la plateforme de recueillement de données Civique pour déterminer quel facteur fait résistance à la participation aux sondages sur smartphone. Ils ont identifié des inquiétudes vis-à-vis de la protection des données et des notifications pop-up, ainsi que des barrières technologiques. Leur équipe prévoit de conduire des tests supplémentaires, à l’aide d’autres plateformes, pour étudier plus en profondeur les problèmes complexes liés à l’usage de la technologie pour conduire des recherches en sciences sociales.

Prendre en compte d’autres points de vue

Andreas Spitz, du laboratoire du Laboratoire de science des données (DLab) de la Faculté Informatique et Communications de l’EPFL, a présenté un projet auquel ont également participé Robert West, le directeur du laboratoire, et Ahmad Abu-Akel, de SSP UNIL. À terme, les chercheurs espèrent élaborer/construire un algorithme capable de sélectionner le meilleur porte-parole pour adoucir les opinions très extrêmes. Les investigateurs ont présenté à des internautes des citations improvisées venant de personnes célèbres et respectées, dans une étude randomisée contrôlée. Les citations exprimaient des opinions allant du pour au contre sur quatre sujets sensibles et controversés : le réchauffement climatique, l’avortement, la vaccination et l’immigration. Les résultats initiaux suivaient bien le thème de la résistance, de nombreux participants ayant démontré un renforcement de leur propre opinion dans toutes les catégories.

Votre emploi est-il «robot-proof » ?

Rafael Lalive, de Faculté des HEC de l’UNIL, a présenté un projet qu’il mène avec ses collègues de HEC Inés Guardans Gonzalez et Isabelle Chappuis, et Nicola Nosengo du Laboratoire de systèmes intelligents de la STI (LIS). Afin de comprendre quels types d’emplois seraient les plus résistants à l’automatisation robotique, les chercheurs ont développé une rubrique pour pouvoir comparer des données sur les capacités des humains et des machines (par exemple, le raisonnement inductif comparé à l’apprentissage basé sur l’observation). Ils ont attribué un niveau de maturité technologique à chaque compétence robotique, et s’en sont servi pour calculer la part des compétences pouvant être automatisées pour différents emplois. A l’avenir, les chercheurs espèrent pouvoir créer un « calculateur de la résilience humaine », pour identifier les compétences que les humains peuvent développer afin de maintenir une main-d’œuvre résiliente et capable de survivre à – voir même de bénéficier de – la progression de l’automatisation.

La résistance au traumatisme

Ce projet, menée par Denis Gillet, de la Faculté des Sciences et Techniques de l’Ingénieur (STI), et Delphine Preissmann, de SSP UNIL, était présentée par Maria Gaci (STI) et Caroline Bendahan (SSP UNIL). Le projet s’est concentré sur les approches technologiques existantes pour détecter, prévenir et traiter les traumatismes au travers d’outils digitaux. Les chercheurs ont créé une expérience, basée sur le modèle expérimental du « trauma film paradigm », au cours de laquelle les participants regardent des vidéos conçues pour évoquer une réponse émotionnelle, et y ont ajouté la mesure de données physiologiques (fréquence cardiaque et conductivité de la peau) ainsi qu’une intervention psychologique. Par la suite, l’équipe de chercheurs va implémenter leur cadre expérimental sur une application web sur tablette.

En savoir plus sur le programme CROSS sur la Résistance, ainsi que sur les précédents et futurs programmes