Premier test à grande échelle pour l'app de traçage décentralisée
Dès aujourd’hui, des collaborateurs de l’EPFL, de l’ETH Zurich, de l’Armée, de certains hôpitaux et d’administrations cantonales peuvent télécharger l’application de traçage numérique de proximité “SwissCovid”. Ce pilote à grande échelle, le premier au monde avec les mises à jour de Google et Apple, prépare la mise à disposition de l’application pour le public à la mi-juin.
Plusieurs milliers de personnes en Suisse peuvent dès aujourd’hui, si elles le souhaitent, télécharger “SwissCovid”, l’application officielle de traçage des contacts à risque de transmission du COVID-19. “C’est la première fois que les mises à jour des systèmes d’exploitation de Google et Apple permettent son déploiement et un test à si grande échelle”, souligne Edouard Bugnion, vice-président pour les systèmes d’informations à l’EPFL, qui a été au cœur des discussions avec les deux géants californiens pour qu’ils adoptent le protocole “DP3T” développé par les deux EPF suisses. Alfredo Sanchez, chef de projet, relève que “cela donne une grande responsabilité aux testeurs suisses, car beaucoup d’autres pays comptent adopter le même protocole par la suite.” Cette phase pilote durera quelques semaines, jusqu’à la décision du parlement sur la révision de la loi sur les épidémies.
L’application a pour objectif de signaler à l’utilisateur qu’il a été en contact prolongé avec une ou plusieurs personnes qui, par la suite, ont été déclarées positives au SARS-CoV-2. Grâce à cette information, les personnes concernées peuvent se faire tester et prendre davantage de précautions afin d’éviter la propagation de la maladie. “Ce traçage numérique ne remplacera pas les mesures de protection, mais il constitue la meilleure voie pour contrôler l'évolution de l'épidémie”, a récemment déclaré Alain Berset, conseiller fédéral en charge du Département de l’intérieur.
“Privacy by design”
L’efficacité de l’application dépendra de son adoption par le public. Pour obtenir une adhésion maximale, les concepteurs du protocole ont choisi de minimiser la collecte et le partage d’information. “Notre objectif est d’offrir une solution qui puisse être adoptée en Europe et dans le monde”, explique Carmela Troncoso, responsable du laboratoire Security & Privacy Engineering de l’EPFL, à l’origine du protocole DP3T. “Cela fait des millions d’utilisateurs et nous leur devons d’être transparent.”
SwissCovid fonctionne de façon “décentralisée”, ce qui signifie que les opérations essentielles d’un point de vue de la sphère privée ne sont pas effectuées sur un serveur centralisé, mais sur chaque téléphone. Ceux-ci enregistrent les identifiants éphémères de proximité qu’ils échangent par Bluetooth avec les autres téléphones à proximité. Ceux-ci restent sur le téléphone, à moins que son détenteur ne soit diagnostiqué positif au COVID-19. Dans ce cas, son médecin lui donnera un code à usage unique qui permet de partager volontairement les identifiants éphémères de son propre téléphone qui correspondent aux jours où la personne était contagieuse. Ce partage est fait avec un serveur géré par la Confédération.
Si l’application conclut à des contacts prolongés (plus de 15 minutes) et de proximité (moins de 2 mètres) avec une personne COVID-positive, elle génère une notification qui indique à l’utilisateur de téléphone le jour de l’exposition au risque et la marche à suivre.
La quasi-totalité des pays, notamment européens, emboîtent le pas à la Suisse pour le lancement de leur propre application de traçage numérique basée sur ce protocole décentralisé. Ceci facilitera l’interopérabilité des systèmes en cas de voyage à l’étranger.
Une phase pilote ciblée, mais réelle
Pour l’heure, ce sont des “populations pilotes” désignées par le Conseil fédéral qui sont appelées à télécharger l’application SwissCovid. Les collaborateurs de l’EPFL en font partie – en particulier celles et ceux qui se rendent régulièrement sur le campus ou l’un des sites externes de l’Ecole. Il leur suffit de se rendre sur ce formulaire pour s’inscrire au programme pilote.
Cette phase pilote fonctionne avec des données réelles. Pour les participants qui recevront une notification, cela signifie qu’ils ont été en contact avec une personne qui a véritablement été diagnostiquée COVID19-positive – il ne s’agit pas d’une simulation et le processus sanitaire recommandé devra être suivi.
Pour plus d’informations, le point de presse de ce jour de l’Office fédéral de la santé publique est largement consacré au lancement de ce pilote. Par ailleurs, un webinaire organisé par le Center for Digital Trust (C4DT) de l’EPFL ce mercredi rassemblera un important panel d’experts autour du déploiement de l’application SwissCovid.