Portraits du Directeur Général Adamou MOUSSA SALEY de l'ESMT à Dakar

Directeur Général de l'Ecole Supérieure multinationale des télécommunications (ESMT) à Dakar au Sénégal, M. Moussa Salay évoque sa vision de l'éducation numérique et ses attentes. 

Pouvez-vous nous présenter l’ESMT et votre implication dans les C-CoDE ?

Je suis le directeur général de l'Ecole Supérieure multinationale des télécommunications (ESMT) à Dakar au Sénégal. Cette école a été créée en 1981 par sept pays de la sous région - Sénégal, Guinée, Mali, Burkina-Faso, Bénin, Mauritanie, Niger - dans le cadre du développement du capital humain. J'assure à ce titre la gestion administrative, mais aussi pédagogique sur un plan très macroscopique. Je travaille également au développement des C-CoDE depuis1 année en tant que manager. J'interviens dans le coaching des équipes impliquées dans la transformation digitale de l’ESMT.

Pouvez-vous revenir sur ce qui vous a amené à vouloir porter le projet des C-CoDE ?

L'appel d'offre est arrivé avant le COVID. Nous étions déjà dans cette dynamique de transformation digitale de notre offre pédagogique. En tant que Directeur général, j'avais donné le cap sur l'éducation à distance en posant les premiers jalons avec une étude de stratégie en ce qui concerne l'enseignement à distance au niveau africain. Nous avons sept pays membres et vingt nationalités. L’enseignement à distance permet de former nos étudiant.es en contexte de places limitées, mais également celles et ceux qui n’ont pas la possibilité de venir physiquement jusqu’à cette école.

L’administration, les enseignants, l’ensemble du personnel de l’ESMT s’est énormément investi pour remporter cet appel d’offre sur les C-CoDE. Ce n’est pas le premier projet que nous menons sur l’éducation digitale. Nous avons un département dédié à l’enseignement à distance. Ce qui nous a amené à vouloir développer ce projet avec l’EPFL c’est la formation. Nous pouvons avoir les meilleurs équipements, si les équipes n’ont pas les compétences nécessaires, nous ne pouvons pas proposer de nouveaux contenus. Toutes les parties prenantes de l’ESMT travaillent à s’approprier le projet des C-CoDE pour appréhender au mieux la portée de tels outils techniques sur notre offre d’éducation digitale. Il s’agit de monter en compétences sur les formations déjà en ligne et d’en acquérir de nouvelles pour relever le défi de la formation numérique, ce qui m’apparaît incontournable dans une école qui a l’ambition de se développer à moyen et long terme.

Comment les C-CoDE peuvent-ils promouvoir l’excellence selon vous ?

L'excellence, c'est la capacité de se distinguer des autres par la créativité, l'innovation et la création de valeur. Les C-CODE permettent à ce titre l’excellence par la transformation digitale, l'accompagnement dans le développement applicatif, la montée en compétences et leur effets à longs terme sur le capital humain. C’est ce qui m’importe : le développement du capital humain soit l'enrichissement de la valeur intrinsèque des TIC (technologie de l'information et de la communication) par une montée en compétences.

Nous travaillons à plusieurs niveaux cette montée en compétences sur les TIC :

Tout d'abord avec les étudiants dans le cadre de la formation post-bac dans un système LMD. Nous avons 1 millier d'étudiants.

Nous avons également de la formation continue pour accompagner les Etats membres de l'ESMT, les administrations des Etats, entreprises privées (opérateurs historiques) sur une panoplie de thématiques de valeur au regard du développement des technologies et de la demande du marché : 5G, 4G, cybersécurité, dématérialisation des processus.

Enfin, nous faisons de l'expertise et de l’accompagnement sur le terrain pour les entreprises. Nous accompagnons la mise en place de technologies, par exemple auprès des opérateurs dans la mesure de qualité de service.

Quelles sont ces nouvelles compétences que vous recherchez et qui sont essentielles à votre recherche d’excellence dans l’éducation digitale ?

La signalisation, par exemple, est une compétence essentielle. Dans la partie off line, c'est-à-dire la gestion de la vidéo du cours enregistré, on stock un contenu, une matière à développer que les étudiants vont ensuite s’approprier. Pour traiter ce contenu, il y a tout un ensemble de techniques à maîtriser. Nous avons des professeurs qui savent “signaliser”, mais de façon standard en classe, en présentiel. Cependant, quand nous parlons de formation à distance, il y a tout une codification différente et d'autres règles qui garantissent la qualité de l’enseignement. Il y a également des compétences à acquérir auprès de designers pour rendre le contenu attrayant. Je pense que les étudiants qui se sentent à l’aise devant le cours sont les compétences particulière de différents métiers. Ces compétences diffèrent des cours donnés en classe. Enfin, nous attendons de la formation, l'accompagnement pour construire les modules des cours. Le projet C-CODE va nous apporter toutes ces compétences.

Qu’est-ce qui est stimulant dans le projet des C-CoDES ?

Ce qui me stimule en tant que Directeur de l’ESMT est de parvenir à l’objectif suivant : l’accessibilité à toutes les formations de l'ESMT. Il ne s’agit pas seulement d’être présent au Sénégal, mais d’être partout en Afrique francophone et le développement de la plate-forme de formation à distance est notre priorité. Nous souhaitons développer un nouveau Master en intelligence artificielle, ainsi qu’un Master en technologies des sciences de la santé. Il faut que toute l’Afrique puisse en profiter et nous souhaitons réaliser cela grâce au projet C-CoDE.

Le deuxième objectif qui modifie à terme ma pratique professionnelle est la gouvernance. Avec ce projet, nous avons l’ambition d’agir sur la plateforme cours à distance. Nous avons besoin de développer des indicateurs sur la partie qualitative des cours pour les aspects de management. Par exemple, j’aimerai pouvoir extraire de la plateforme un rapport complet sur chaque cours et chaque professeur pour prendre connaissance de la présence et de l’appréciation par les étudiants. Cette question me semble d’autant plus importante que dans l’enseignement à distance, nous avons recours à des enseignants qui ne sont pas au Sénégal et que je ne peux rencontrer physiquement à l’ESMT. Il est donc capital d’obtenir un retour sur leur travail pour une bonne gouvernance des modules, des enseignements.

Quels sont les challenges à venir avec le projet des C-CoDES ?

Le plus gros challenge est bien sûr de réussir le projet. Lorsque nous avons des partenaires comme l’EPFL, il faut que l’on prouve qu’on a les capacités de réaliser le projet en utilisant à bon escient les ressources à notre disposition. Ensuite, l’objectif d’un tel partenariat est bien sûr d’arriver demain à proposer des formations de haut niveau sur la 5G et l’intelligence artificielle aux entreprises de nos différents pays.