Portrait de Thomas Kivevele Maître de conférence au NM-AIST

© 2022 EPFL

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Dans le cadre du programme JFD, nous voulons démontrer que les biocarburants peuvent être durables, en évaluant le potentiel de conversion en biodiesel de diverses biomasses africaines non comestibles ou sous-utilisées. 

Pouvez-vous vous présenter ?

Je m'appelle Thomas Kivevele et je travaille en tant que maître de conférences à la Nelson Mandela African Institution of Science and Technology (NM-AIST), basée à Arusha, en Tanzanie. Le NM-AIST fait partie d'un réseau d'institutions panafricaines de science et de technologie situées en Afrique subsaharienne (ASS). Ces institutions, qui sont l'œuvre de feu Nelson Mandela, ont pour objectif de former et de développer la prochaine génération de scientifiques et d'ingénieurs africains. Elles ont pour objectif d'avoir un impact profond sur le développement du continent grâce à l'application de la science, de l'ingénierie, de la technologie et de l'innovation (SETI).

Je suis titulaire d'un doctorat en génie mécanique, spécialisé dans l'énergie, de l'université de technologie de Tshwane (TUT) à Pretoria, en Afrique du Sud. J’ai été bénéficiaire d’une bourse postdoctorale Fulbright 2018 des États-Unis pour mener des recherches sur les biocarburants à l’université Baylor à Waco-Texas. Mes intérêts de recherche portent sur la conversion bioénergétique, en particulier les catalyseurs hétérogènes dérivés de la biomasse pour la production durable de biodiesel.

Pouvez-vous présenter la collaboration scientifique que vous souhaitez mener dans le cadre du programme Junior Faculty Development (JFD) ?

Dans le cadre du programme JFD, nous voulons démontrer que les biocarburants peuvent être durables, en évaluant le potentiel de conversion en biodiesel de diverses biomasses africaines non comestibles ou sous-utilisées. Le projet visera également la production de produits biochimiques de haute valeur à partir de cette biomasse non comestible/sous-utilisée.

Cette initiative permettra de mieux comprendre les avantages environnementaux du biodiesel. En outre, en transformant les déchets agricoles en produits de grande valeur ajoutée tels que des catalyseurs et des antioxydants, nous espérons réduire la pollution due à la combustion des déchets agricoles en Afrique et améliorer les techniques de gestion des déchets.

Comment comptez-vous vous y prendre ?

Nous planifions d'identifier la biomasse africaine non comestible ou sous-utilisée pour la production de biodiesel. Nous avons également l'intention de rechercher des déchets agricoles ayant de bonnes propriétés catalytiques et antioxydantes pour la production de catalyseurs hétérogènes et d'antioxydants biosourcés. Les catalyseurs seront utilisés dans la production de biodiesel par le processus de transestérification. Les antioxydants seront ajoutés au biodiesel pour améliorer sa stabilité lors du stockage. Cela aidera à réduire l’oxydation (dégradation) du biodiesel lorsqu’il est exposé à l'air ou à des températures élevées.

Dans le cadre de nos efforts pour résoudre ce problème, nous avons également l'intention d'améliorer les acides gras dérivés du biodiesel/des huiles végétales d'origine africaine en réduisant ou en éliminant complètement l'oxygène de ces acides gras à l'aide d'une procédure connue sous le nom de cétonisation (une réaction chimique dans laquelle deux acides carboxyliques se transforment en cétone/ biocarburant à haute valeur ajoutée, en dioxyde de carbone et en eau). Nous testerons également les biocarburants que nous avons produits dans des moteurs afin d'examiner comment ils se comportent face au diesel en termes de performance, d'émissions et de combustion.

Pourquoi avez-vous présenté un projet de collaboration avec un chercheur de l'EPFL ?

L'EPFL est une université de premier plan dans le monde entier avec des laboratoires de premier ordre. Le Centre EXAF m'a mis en contact avec le professeur Jeremy Luterbacher pendant l’élaboration de ma proposition de projet. Le Professeur Jeremy Luterbacher, co-responsable de recherche, est un chercheur renommé. Il a mené des recherches innovantes et variées dans le domaine de la catalyse. Son expertise et les compétences de l'équipe du Laboratoire de traitement durable et catalytique (LPDC) sont essentielles à la réussite du projet, notamment en ce qui concerne la transformation du biodiesel en biocarburants de grande valeur.

Est-ce la première fois que vous collaborez avec une université européenne en tant que professeur à l'East African Institute for Basic Research ?

Non, j'ai déjà des collaborations avec d'autres institutions européennes en Hongrie et en Allemagne.

Quel est le défi scientifique de votre sujet de recherche ?

L'un des défis que nous voulons relever dans ce projet est l'auto-oxydation du biodiesel lorsqu'il est exposé à l'air, à des températures élevées et à des contaminants métalliques. Nous voulons également aborder la question du débat entre nourriture et carburant. Actuellement, la plupart du biodiesel est fabriqué à partir d'huiles comestibles, ce qui constitue une menace pour la sécurité alimentaire. Le projet vise à démontrer que les biocarburants peuvent être durables lorsqu’ils proviennent de biomasse non comestible.

Que signifie l'excellence pour vous ?

Pour moi, l'excellence signifie faire quelque chose au mieux. Pour ce projet, l'excellence consiste à mener des recherches originales de haute qualité qui contribuent à enrichir la connaissance dans son ensemble et à combler le fossé entre la science et la société.