«Pas d'aménagement d'horaires, même en tant que sportif d'élite!»
Paul McIntyre est champion suisse 2024 du 1500m en salle. À la veille de ses 25 ans, il termine son Master en data science à l’EPFL et compte tout mettre en œuvre pour effectuer son service militaire en tant que sportif d’élite.
Les McIntyre, un nom qui goûte l'aventure, emporte sur les terres de Braveheart et de Harry Potter. Bien loin des Highlands écossais, Paul et sa famille ont quitté l’Angleterre il y a 12 ans pour s’installer en Suisse, sa mère étant nostalgique de son pays natal. Car Paul McIntyre est le fils d’un Écossais et d’une Suissesse qui se sont rencontrés dans un avion – improbable et romanesque. Quant à son père, il s’est très bien adapté au pays des Helvètes. « Il parle couramment le français et apprend l’allemand via Duolingo. J’entends les notifications sur son téléphone tous les matins. » Ce qui n’empêche pas son géniteur de retrouver ses racines celtes dès qu’il contacte sa famille. « Quand mon grand-père et mon papa se téléphonent, ils parlent écossais, c’est une langue très énergique comparée à l’anglais typique, ils roulent beaucoup les r », raconte Paul.
De la tactique et de la technique
Dès son arrivée en Suisse, Paul explore le monde de l’athlétisme. Lancer la balle, le javelot, saut en hauteur, en longueur et toutes les disciplines s’y référant. « J’ai croché sur la course et sur les courses populaires en particulier. Ma tactique, car je voulais gagner, ce n’était pas d’aller plus vite, mais de choisir des distances plus longues parce qu’il y avait moins de personnes dans ces catégories. C’était donc plus facile de gagner. J’ai pratiqué cette tactique jusqu’à ma médaille d’argent au Marathon du Lausanne Marathon en 2018. »
Puis, délaissant les 42km125 d’asphalte, Paul McIntyre décide d’acquérir de la technique pour aller moins loin, mais plus vite. « Dès que j’ai commencé l’EPFL, j’ai rejoint le club d’athlétisme de Lausanne et je me suis spécialisé dans des distances plus courtes. Je suis tombé amoureux du 1500m, c’est ma distance favorite, rien ne me passionne plus que les trois tours et ¾ de cette course. Attaquer trop tôt, c’est dangereux ; attaquer trop tard, ça l’est aussi. Il faut bien se connaître. Je ne suis pas le meilleur des sprinteurs, mais j’ai un bon finish et c’est ce finish qui m’a permis de gagner les championnats suisses cette année. » Le jeune informaticien a remporté une médaille d’or sur le 1500m Indoor en février 2024.
L’informatique c’est créatif
Bachelor en informatique, Master en science des données avec un mineur en cybersécurité, à la fin de son stage de Master, Paul McIntyre pourra fêter en 2025 l’obtention de son diplôme et ses 25 printemps. « J’ai raté mon premier semestre et j’ai dû passer par la MAN. Ce sont des cours de rattrapage pour apprendre à mieux étudier. Cela nous permet de nous structurer. J’ai compris que c’était organisationnel et non pas une histoire de motivation. On a besoin d’avoir un planning, un groupe d’étude – ça aide énormément –, de ne pas craindre de demander de l’aide. C’était un peu dur pour moi au début d’aller voir les assistants et de poser des questions, souvent ce ne sont pas des questions bêtes. »
Paul a choisi l’informatique, car il a l’âme créative. Lorsque, plus jeune, il jouait aux jeux vidéo, il espérait qu’un jour il pourrait programmer, se retrouver de l’autre côté du jeu. « Créer des univers, c’est très satisfaisant et quand on a un programme qui fonctionne tout seul, c’est presque magique. Pour mon Master, je travaille sur l’automation des scripts Python. Quand on a le petit déclic pour que ça marche, c’est gratifiant. »
Réussir sport et études sans compromis
Tout au long de ses études, l’étudiant a choisi de ne pas demander d’aménagement d’horaires, même en tant que sportif d’élite, souhaitant vivre pleinement son expérience sans compromis. « Je ne voulais pas diluer mes études, même si cela a eu un impact sur ma vie sociale. À cette époque, je travaillais également à 30% à l’EPFL », se souvient-il. « Même pendant les révisions, je venais sur le campus en suivant un minutage strict, 7h à 10h j’étudiais, 10h à 11h j’allais courir, je reprenais les révisions jusqu’à 17h. Puis rebelote encore de la course de 17h à 18h. Ma sœur me motivait beaucoup, car elle m'accompagnait à vélo sur mes longs entraînements et a participé à toutes mes séances de renforcement. »
Paul McIntyre vient de débuter son stage chez Elca à Pully. « Nous analysons les réseaux sociaux selon les différents domaines et les réactions des utilisateurs face à une marque ou un produit, afin d'être plus réactifs. Notre objectif est de simplifier le chaos qui y règne. » Bientôt, arrivera l’heure d’accomplir son service militaire. « La plupart des gens effectuent leur service entre le Bachelor et le Master, mais pour ma part, j'ai décidé de le repousser, car j'aimerais être sélectionné à Macolin pour le réaliser en tant que sportif d'élite. »
Et quand il a besoin de se ressourcer, Paul a un secret. Il aime se vider la tête en pêchant. « Cela prend énormément de temps. Il ne faut être ni pressé ni stressé, juste être là. J’adore les parties de pêche avec mes amis surtout après les examens. »