Nouveau rôle pour la sérotonine dans la vulnérabilité psychiatrique

© 2014 Thinkstock

© 2014 Thinkstock

L’équipe du professeur Dayer a découvert le rôle crucial d’un récepteur à la sérotonine dans l’assemblage des circuits cérébraux.

La sérotonine est la mère de nos humeurs. De nombreuses recherches ont montré qu’une mauvaise régulation de ce neurotransmetteur peut augmenter le risque de développer des maladies psychiques telles que l’autisme, la dépression ou les troubles anxieux. De plus, des variations génétiques dans des composants du système de la sérotonine peuvent interagir avec des stress précoces éprouvés pendant la période fœtale et/ou la petite enfance. Ceci augmente encore le risque de développer des troubles psychiatriques plus tard.

A l’Université de Genève, l’équipe d’Alexandre Dayer vient de découvrir le rôle crucial d’un récepteur à la sérotonine dans le développement cérébral. Ces recherches permettent de mieux comprendre le rôle essentiel de la sérotonine dans l’assemblage des circuits cérébraux et potentiellement dans la vulnérabilité précoce aux troubles psychiatriques. Des résultats à lire dans Nature Communications.

Afin de mieux comprendre l’influence de la sérotonine dans le cerveau en formation, l’équipe du professeur Alexandre Dayer a examiné un récepteur particulier (le 5-HT3AR) à ce neurotransmetteur et son rôle dans la formation des circuits cérébraux. Les chercheurs ont pu montrer que ce récepteur exprimé dans les interneurones inhibiteurs était indispensable pour que ces derniers trouvent leur emplacement correct dans le cortex en formation. Les interneurones inhibiteurs ont pour tâche de réguler l’excitation afin d’éviter une suractivité cérébrale potentiellement pathologique.

A travers une série d’expériences chez la souris, les scientifiques ont pu démontrer que la stimulation de ce récepteur module l’activité et la migration des interneurones pendant une phase spécifique de leur processus migratoire. Ce mécanisme leur permet de se positionner correctement dans les différentes couches corticales, une étape clé du développement des circuits cérébraux.

A l’inverse, un mauvais fonctionnement de ce récepteur peut altérer la mise en place de ces circuits et potentiellement expliquer les perturbations comportementales observées chez les souris invalidées génétiquement pour ce récepteur. Cette étude ouvre la voie à des recherches plus larges sur le rôle de la sérotonine dans le développement du cerveau. «Notre découverte pose plusieurs questions importantes», souligne Alexandre Dayer, «notamment l’usage de médicaments chez les femmes enceintes qui pourraient modifier les niveaux de sérotonine chez le fœtus. Nous voulons également comprendre comment le stress précoce agit sur ce récepteur et modifie la fonction des neurones concernés.» C’est sur ces questions que se penche maintenant l’équipe du professeur Dayer dans le cadre du Pôle de recherche national Synapsy, ceci en collaboration avec les professeurs Carmen Sandi (EPFL) et Anthony Holtmaat (UNIGE).