Nicolas Füllemann reçoit le Prix Luce Grivat
Le LENI est fier d'avoir supervisé le travail de master de Nicolas Füllemann pour lequel il a reçu le prix Luce Grivat. Son travail effectué sous la direction du Dr. François Maréchal était intitulé "Assessment of Environmental Impacts Related to Shale Gas Extraction in the Polish Context".
Résumé
Ces dernières années, le développement exponentiel de la production de gaz de schiste observé aux Etats-Unis a eu des effets bénéfiques à la fois au niveau du prix du gaz naturel ainsi qu’en termes d’indépendance énergétique. Plusieurs pays possèdent potentiellement d’importantes réserves de gaz de schiste et pourraient être tentés de voir l’exemple américain comme celui à suivre. Cependant, parallèlement aux effets positifs observés, l’extraction du gaz de schiste comporte de nombreux risques et peut potentiellement induire des impacts importants sur l’environnement ainsi que sur la santé humaine. Le procédé de fracturation hydraulique utilisé lors de l’extraction du gaz de schiste représente une source d’inquiétude et de préoccupation particulièrement forte pour les populations locales. Les craintes sont entre autres liées aux risques de contamination des sols et des eaux souterraines par les produits chimiques utilisés lors de la fracturation hydraulique, de pollution de l’air à proximité des puits d’extraction ou encore de sismicité induite par les activités liées à l’extraction du gaz de schiste. Par ailleurs, bien que le gaz de schiste soit fréquemment présenté comme une opportunité dans la transition vers les énergies renouvelables, certains scientifiques ont récemment estimé que les émissions de gaz à effet de serre du gaz de schiste pourraient être, sur l’ensemble de son cycle de vie, supérieures à celles du charbon.
Durant son travail de Master réalisé en Pologne à l’université de Lodz, Nicolas Füllemann s’est intéressé à la problématique de la production de gaz de schiste, et plus particulièrement aux impacts potentiels de cette dernière sur l’environnement, grâce à une approche d’analyse de cycle de vie. La Pologne a été choisie comme lieu de référence afin d’évaluer les différent impacts, car que ce pays joue au niveau Européen le rôle le plus actif et le plus avancé dans le processus d’exploration du gaz de schiste. Le sujet du gaz de schiste étant politiquement et scientifiquement très sensible, Nicolas a été confronté lors de son travail de Master à la polémique naissante lié à cette ressource énergétique. La question des émissions de gaz à effet de serre qui est fortement débattue au sein de la communauté scientifique, a été traitée en utilisant une méthodologie basée sur une simulation de Monte Carlo. La méthode proposée a permis de mettre en perspective l’importance des incertitudes liées aux différentes hypothèses nécessaires à la réalisation de ce type d’étude et de mettre en évidence les principaux éléments à prendre en compte dans l’évaluation de cette technologie. En considérant la production de chaleur comme usage final, les résultats de son travail indiquent que les émissions de gaz à effet de serre du gaz de schiste peuvent être jusqu’à 28% plus grandes que celles du charbon lorsque considérées sur une période de 20 ans, mais sont 14% inférieures à celles-ci lorsqu’évaluées sur une période de 100 ans. En considérant la production d’électricité comme usage final, les émissions de gaz à effet de serre du gaz de schiste sont identiques à celles du charbon sur une période de 20 ans et 33% plus faibles que ces dernières sur une période de 100 ans. Bien que les résultats de son étude indiquent que la situation en termes d’émissions de gaz à effet de serre n’est pas nécessairement aussi bonne que généralement présentée, différentes mesures existent afin de réduire de manière significative les émissions de gaz à effet de serre du gaz de schiste. Dans la plupart des cas, les risques et impacts évalués dans son travail peuvent être limités de manière importante à l’aide de mesures adéquates et de précautions particulières. Actuellement, le plus gros problème réside cependant encore dans le manque de données fiables qui permettraient une évaluation précise des impacts potentiels. Ce manque de valeurs fiables se traduit par une grande incertitude dans l’estimation des risques liés à l’extraction du gaz de schiste. De nombreuses autres études scientifiques approfondies sont donc urgemment nécessaires afin de permettre une évaluation des impacts potentiels liés à l’extraction de cette ressource la plus complète possible. En attendant, le plus grand risque serait de ne pas pleinement accepter et considérer les nombreuses incertitudes existantes. Il est primordial qu’un principe de précaution soit donc appliqué dans le développement des activités d’extraction du gaz de schiste.
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