MT180: « Je n'ai pas écrit ma présentation pour rester naturelle »

Sophie Rivara, gagnante de la finale EPFL MT180 2022 © 2022 Alain Herzog

Sophie Rivara, gagnante de la finale EPFL MT180 2022 © 2022 Alain Herzog

Pour la première fois en six éditions, jury et public du concours Ma thèse en 180 secondes ont été unanimes. Sophie Rivara a ainsi obtenu les deux prix simultanément le 17 mars lors de la finale EPFL. Interview.

Pour la première fois en six éditions du concours Ma thèse en 180 secondes, public et jury étaient sur la même longueur d’onde : tous deux ont décerné le premier prix à Sophie Rivara, doctorante en sciences de la vie. Grâce à un discours bien structuré, une élocution irréprochable, ainsi qu’une pointe d’humour, elle a su, en trois minutes, emmener l’audience dans le monde captivant de l’immunité innée. Elle représentera l’École, avec Tamara Rossy et Eric Paic lors de la finale suisse du concours qui se tiendra le 19 mai à l’Université de Genève.

Passée en quatorzième et dernière position des candidats le 17 mars dernier lors de la finale EPFL du concours Ma thèse en 180 secondes, Sophie Rivara a fait mouche avec sa comparaison entre le rôle central de l’ADN dans le système immunitaire inné, et des « gens tout nus dans la rue ». La vidéo de sa présentation :

Qu’est-ce qui a fait pencher la balance selon vous pour gagner non seulement le premier prix du jury, mais aussi celui du public ?

Ce serait plutôt aux autres de le dire. Je pense cependant que ma comparaison, un poil tirée par les cheveux mais qui a fait rire le public, n’y est pas étrangère. D’après les retours que j’ai eus, elle constitue un bon fil conducteur qui permet aux gens de suivre facilement.

Comment vous êtes-vous préparée pour ce concours ?

Une semaine avant le cours de préparation à la prise de parole en public, qui est un des prérequis pour l’obtention du crédit, j’ai appris qu’il était préférable d’avoir une ébauche de présentation. J’ai donc cherché durant tout le week-end précédent comment présenter les choses simplement, pour un public de tous horizons. En rapport avec ma thèse, il fallait une comparaison qui puisse être perçue comme logique dans certaines situations mais pas toujours. L’idée était aussi d’éviter les lieux communs dans ce genre de concours comme la dichotomie policier/voleur. J’ai donc tenté la version avec les gens tout nus lors du cours de préparation, ce qui a amusé les personnes présentes. Il fallait que je creuse encore un peu la comparaison mais cela fonctionnait. Contrairement à beaucoup de participants, je n’ai pas écrit de texte. Il me semble qu’en apprenant par cœur, on perd en naturel. J’ai donc synthétisé les idées dans ma tête et refait la présentation plusieurs fois jusqu’à arriver à une version qui soit pratiquement toujours la même. Je l’ai ensuite présentée de très nombreuses fois à ma maman – qui doit la connaitre par cœur- et j’ai profité de la tester dès que j’étais dans un groupe d’amis ou avec des collègues.

Pourquoi avoir participé à ce concours ? Un coup de tête ou une motivation de longue date ?

J’y pensais depuis le début de mon doctorat en 2018. Le crédit ECTS accordé aux participants était d’ailleurs comptabilisé dans mon parcours. Les premières années je trouvais que la matière que j’avais à présenter n’était pas suffisante. Ensuite le covid est arrivé et l’édition 2021 a été annulée. Cette année était donc le dernier moment pour me lancer.

Vous ne paraissiez pas stressée devant le public. Un secret ?

J’étais stressée juste avant, mais il est vrai qu’une fois lancée c’est passé. Je pratique le théâtre depuis quatre ans : c’est un bon équilibre à côté de mon travail et je pense que cela a facilité ma mise en scène.

Le domaine de l’immunologie était-il une passion de longue date ou le sujet de cette thèse s’est-elle imposée sur le tard ?

C’est arrivé un peu par hasard. J’ai décidé juste avant de m’inscrire à l’EPFL de faire un cursus en science de la vie, puis durant mes études j’ai effectué des travaux sur le métabolisme et l’immunologie. Ce sont des domaines très pluridisciplinaires, qui allient biochimie, santé et génétique. Avant de débuter un doctorat, je suis partie huit mois en Allemagne pour mon travail de Master où j’ai découvert l’immunité innée. Finalement en rentrant ici j’ai continué sur la lancée puisque je fais de l’immunologie dans le laboratoire d’Andrea Ablasser qui avait été ma référente EPFL lors de mon travail de Master.

Et quel est votre objectif pour ces prochaines années ?

Dans un premier temps je vais probablement faire une pause après l’obtention de mon doctorat. Travailler sur une thèse est très intéressant et passionnant, mais c’est aussi un investissement important et de longue haleine. Pour le futur je veux prendre le temps de faire le bon choix à tête reposée. Je suis très intéressée par la communication scientifique afin de transmettre et diffuser la science et les recherches qui me passionnent toujours, alors l’idéal serait de trouver un débouché qui me permette d’allier la recherche et la communication.

Et qu’attendez-vous de la finale suisse ?

Une version écrite de ma présentation (sourire). Des cours de préparation sont organisés pour cette finale, pour lesquels il est demandé d’avoir ce document. Cette préparation à la finale en soi est très intéressante, ça permet de travailler des compétences de communication et de présentation en public sur lesquelles on se focalise rarement quand on est dans un laboratoire. Je me réjouis aussi beaucoup de rencontrer les autres candidats lors des ateliers préparatoires et de la finale. Et j’espère avant tout réussir à prendre du plaisir et à le transmettre lors de ma présentation le jour J !

Références

La finale suisse MT180 se tiendra – en français- à l’Université de Genève le 19 mai dès 18h30. Elle sera également diffusée en ligne sur RTS Play. Plus d’informations : https://www.mt180.ch/finale2022/

Les vidéos des autres candidats de la finale EPFL 2022 : https://www.youtube.com/playlist?list=PLtmP6wk6UJ8OaAlGx0meJ1d5tW4iHP62K