«Mon rôle est de donner aux étudiants confiance en leurs capacités»

"Parfois, je suis surprise de voir à quel point des petites actions de ma part, comme un simple encouragement, peuvent avoir un grand impact", Giulia Tagliabue. 2024 EPFL/Alain Herzog - CC-BY-SA 4.0

"Parfois, je suis surprise de voir à quel point des petites actions de ma part, comme un simple encouragement, peuvent avoir un grand impact", Giulia Tagliabue. 2024 EPFL/Alain Herzog - CC-BY-SA 4.0

Professeure assistante tenure track en génie mécanique, Giulia Tagliabue est la lauréate de l’EPFL Award for best teaching. Spécialisée dans les moyens de produire de l’énergie à l’aide de nanotechnologies, elle met tout en œuvre pour que les étudiantes et étudiants tirent le meilleur profit de ses cours.

Depuis son adolescence, Giulia Tagliabue aime tourner son regard vers la lumière des astres et se plonger dans des livres de pop science. Avec une fascination particulière pour tout ce qui l'aide à comprendre l’univers. Son père, ingénieur en électronique et grand amateur de littérature scientifique, s’occupant alors de garnir la bibliothèque familiale de leur maison à Trévise.

Lorsqu’on a cette curiosité farouche de mieux appréhender le monde qui nous entoure et qu’on vient d’une ville située à quelques kilomètres de Padoue, où Galilée a vécu dix-huit ans et fait des découvertes majeures, l’étude de la physique et de l’ingénierie s’impose donc naturellement.

Se sont ajoutées la chimie, la science des matériaux et surtout les nanotechnologies qu’elle a découvertes lors d’un Erasmus à l’EPFL en 2009, et qu’elle utilise dans la recherche de nouvelles manières de convertir de l’énergie. Car pour la responsable du Laboratoire de nanoscience pour les technologies énergétiques (LNET), la science doit avoir un impact, positif de préférence. Un précepte, qu’elle applique aussi à son enseignement, avec une volonté d’aiguiser le processus de réflexion des étudiantes et étudiants, pour les amener toujours plus loin dans leurs connaissances. Un engagement couronné cette année de l’EPFL Award for Best Teaching, le prix du meilleur enseignement.

Petites actions, grand impact

«Mon rôle est de donner confiance aux étudiantes et étudiants en leurs capacités d’apprendre et de comprendre des sujets compliqués. À moi de les aider à trouver les ressources qui leur permettront d’avancer. Parfois, je suis surprise de voir à quel point de petites actions de ma part, comme un simple encouragement, peuvent avoir un grand impact.» Son premier cours donné à l’EPFL, la professeure assistante tenure track s’en souvient comme d’un moment «effrayant». C’était au printemps 2019, après avoir créé le contenu d’un nouveau cours Bachelor sur le transfert de chaleur et ses applications. Elle s’est retrouvée face à un auditoire d’environ 200 personnes. «C’était angoissant, car je n’avais pas vraiment d’expérience pratique. J’ai constaté que c’est une chose de maîtriser un sujet et une autre de l’enseigner. C’est surprenant de voir à quel point un élément peut être clair dans notre tête et lorsqu’on l’explique, on se rend compte que ce n’est pas compréhensible. Enseigner vous force à affiner votre pensée», sourit-elle.

Cocktail de méthodes

Guidée par sa soif d’apprendre, l’enseignante en génie mécanique a amélioré son cours de Bachelor au fil des ans, en se «mettant à la place des étudiantes et étudiants». Elle mixe les méthodes et les angles pour présenter les concepts de différentes manières. Attachée à créer une atmosphère bienveillante et interactive, elle pousse les étudiantes et étudiants à affronter les difficultés, à se questionner et à oser se tromper. Elle alterne exercices pratiques, notamment à l’aide de Jupyter Notebooks, sessions de questions/réponses avec des clickers et enseignement théorique traditionnel. «Par exemple, lorsque j’explique des équations, je préfère utiliser le tableau noir, car l’écriture au tableau noir donne un rythme adapté. Selon moi, la théorie et la rigueur de pensée sont très importantes pour développer l’esprit critique et logique.»

C’est une chose de maîtriser un sujet et une autre de l’enseigner. C’est surprenant de voir à quel point un élément peut être clair dans notre tête et lorsqu’on l’explique, on se rend compte que ce n’est pas compréhensible. Enseigner vous force à affiner votre pensée.

Giulia Tagliabue, responsable du Laboratoire de nanoscience pour les technologies énergétiques

Aux étudiantes et étudiants du cours de Master qu’elle a également entièrement développé, elle propose aussi une approche projet, l’un orienté vers la théorie, l’autre vers la recherche. Pour ce dernier, elle les invite à venir dans son laboratoire faire des mesures sur des dispositifs hydrovoltaïques, des nanostructures qui produisent de l’énergie à partir de l’évaporation d’eau, ainsi que sur des structures nanophotoniques.

Car dans le laboratoire de Giulia Tagliabue, la lumière est patiemment scrutée. Pas de télescope pour observer le ciel, mais des objets conçus sur mesure pour étudier l’absorption de la lumière. «Je suis passionnée par la recherche expérimentale, les observations, la possibilité de comprendre de nouvelles choses. Cela implique beaucoup de frustration, mais lorsqu’enfin on saisit quelque chose, c’est un sentiment incroyable.» Elle essaye de transmettre aux étudiantes et étudiants cet attrait pour la quête du savoir, parfois rude, mais si gratifiante lorsqu’un sommet est atteint. Peut-être est-ce aussi pour ça que depuis son enfance, à côté de la science, l’escalade l’a toujours accompagnée.


Auteur: Laureline Duvillard

Source: Institut de Génie Mécanique

Ce contenu est distribué sous les termes de la licence Creative Commons CC BY-SA 4.0. Vous pouvez reprendre librement les textes, vidéos et images y figurant à condition de créditer l’auteur de l’œuvre, et de ne pas restreindre son utilisation. Pour les illustrations ne contenant pas la mention CC BY-SA, l’autorisation de l’auteur est nécessaire.