«Mon cours est en constante évolution»

Cours de physique de Nicolas Grandjean © 2022 EPFL / Alain Herzog / CC BY-SA 4.0.

Cours de physique de Nicolas Grandjean © 2022 EPFL / Alain Herzog / CC BY-SA 4.0.

Lauréat de la PolySphère d’Or et de la PolySphère de la Faculté des sciences de base, Nicolas Grandjean a sa propre formule pour enseigner la physique aux étudiantes et étudiants de l’EPFL.

Chaque année, les étudiantes et étudiants de l’EPFL votent pour élire la meilleure enseignante ou le meilleur enseignant de chaque section. La PolySphère d’Or est également attribuée à la personne ayant récolté le plus de voix. Ces prix sont remis par l’AGEPoly au nom des étudiantes et étudiants de l’École lors de la Magistrale, la cérémonie de remise des diplômes.

Le 1er octobre dernier, c’est Nicolas Grandjean qui a eu l’honneur de recevoir la PolySphère d’Or, ainsi que la PolySphère de la Faculté des sciences de base (SB). Des distinctions qui mettent en lumière l’excellence de son enseignement.

Nicolas Grandjean a reçu la PolySphère d’Or & PolySphère SB des mains de l’AGEPoly le 1er octobre 2022 © 2022 EPFL / CC BY-SA 4.0.

La passion de l’enseignement

Auparavant chercheur au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) en France, Nicolas Grandjean arrive à l’EPFL en 2004, en tant que professeur assistant tenure-track. «Le fait d’être confiné dans un laboratoire, sans la possibilité de pouvoir partager et enseigner était l’une de mes motivations pour venir à l’EPFL», explique-t-il.

Le scientifique consacre ses recherches aux interactions entre la lumière et la matière dans des semi-conducteurs, tout en accordant beaucoup d’importance à son devoir d’enseignement. Entre 2018 et juillet 2022, il occupait même la fonction de directeur de la section de physique. «Une superbe expérience! J’ai particulièrement apprécié les contacts avec les représentantes et représentants des étudiants lors des commissions d'enseignement, de pouvoir échanger et travailler ensemble pour améliorer les cours», affirme celui qui a, un temps, envisagé une carrière d’enseignant.

Pour ses cours de physique générale en mécanique et thermodynamique, Nicolas Grandjean fait face à un auditoire de respectivement 230 et 300 premières années. Les élèves ne les ont pas choisis, ce sont des cours obligatoires faisant partie d’un bloc de matières fondamentales qu’il est indispensable de réussir pour pouvoir passer en deuxième année. «J’avoue qu’avec le cours d’analyse, mes cours sont un peu les bêtes noires des étudiantes et étudiants. C’est pour moi d’autant plus un défi que d’essayer de faire apprécier ces matières qui, telles que vues au Gymnase, peuvent être jugées comme rébarbatives et ennuyantes par certains.»

Nicolas Grandjean © 2022 EPFL / Alain Herzog / CC BY-SA 4.0.

Une remise en question perpétuelle

Quel est donc le secret de Nicolas Grandjean? Pourquoi son enseignement a-t-il été salué par la communauté estudiantine? Un élément de réponse se situe peut-être dans l’application que le professeur met à faire évoluer ses cours. «Je m’intéresse beaucoup aux évaluations de fin d’année que rédigent mes élèves. J’y trouve des commentaires instructifs qui me permettent de m’améliorer, assure le physicien. J’enseigne ces cours depuis plus de dix ans maintenant. On pourrait se dire qu'il y a une lassitude qui s’installe, mais pas du tout. Mon cours est en constante évolution.»

Un autre point à relever: le rythme. Le professeur veille à varier le tempo. Aux passages qui vont loin dans le formalisme mathématique et qui demandent une forte attention, succèdent des interludes plus relaxants: la projection de vidéos, de questions-réponses ou la démonstration d’une expérience de physique en direct. «À l’EPFL, nous avons la chance d’avoir à notre disposition quelque 800 expériences prêtes à être présentées en auditoire», précise-t-il.

Nicolas Grandjean accorde également beaucoup d’importance au fait de pouvoir échanger, partager et travailler ensemble vers un objectif commun. Il met tout en œuvre pour que ses élèves réussissent. Les questions «pièges» sont projetées et discutées en cours, pour attirer l’attention sur les erreurs classiques. «Lorsque je vois des erreurs récurrentes dans les copies, pour moi, c’est presque une recherche pédagogique. La question n’est pas de savoir ce que les élèves n’ont pas compris, mais ce que j’ai mal expliqué.»

Plus que le partage du savoir, Nicolas Grandjean veut aussi mettre l’accent sur leur acquisition d’un savoir-faire et d’un sens critique. «Je suis d’avis qu’il faut toujours remettre en question ce qui est établi: le chercheur pour aller au-delà des connaissances du moment, et le bon ingénieur pour développer quelque chose de mieux, de nouveau, ou de plus efficace d'un point de vue énergétique par exemple.» Finalement, le professeur n’hésite pas à parler de ses recherches à ses élèves. «J’estime qu’il est important de faire un lien entre le contenu du cours et la recherche. Dès que je peux, je digresse sur mes expériences de chercheur et sur les anecdotes que je connais sur le monde de la recherche.» Un aperçu bienvenu qui les connecte à la physique contemporaine, n’en déplaise à ce bon vieux Newton.


Auteur: Nathalie Jollien

Source: Institut de physique

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