Mobilité douce et transports publics séduisent les Vaudois

L’EPFL dresse un fin tableau des pratiques de mobilité de la population du canton de Vaud et de l’image qu’elle a des moyens de transport.

Au cours de la décennie écoulée, les Vaudois ont connu une évolution remarquable de leurs conditions de transport. Alors que la population a cru de plus de 15%, l’offre en transports publics a augmenté de plus de 30%, les moyens de communication et d’information ont explosé tandis que la place de la voiture et de la mobilité douce ont été repensées dans les grandes agglomérations. Quelles répercutions ces transformations ont-elles sur les habitudes de mobilité ? Une enquête de l’EPFL révèle que le choix d’un mode de déplacement est désormais aussi déterminé par la qualité du temps de déplacement. En outre, si la voiture occupe toujours une place importante dans le portefeuille de mobilité, les transports publics et la marche entrent dans les mentalités : les Vaudois sont devenus multimodaux.

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Sous la direction de Vincent Kaufmann, le Laboratoire de sociologie urbaine (LASUR) de l’EPFL a mené une enquête auprès d’un échantillon représentatif de la population active des différents territoires du canton de Vaud : Lausanne, communes suburbaines lausannoises, centres moyens de Morges, Nyon et Yverdon, périurbains d’agglomération autour d’Yverdon et de Nyon, petits centres (Aigle et Rolle) et petites localités périurbaines hors agglomérations. Cette enquête a été réalisée en 2018-2019, et complétée en 2020 par une enquête spécifique durant la pandémie. Il en ressort un découpage très fin des pratiques de mobilité de la population active en fonction des zones de résidence, de l’âge et du niveau de formation notamment.

La voiture prisée, mais moins aimée

Des enquêtes similaires avaient été menées en 1994 et 2011 dans l’agglomération lausannoise, ce qui offre un précieux élément de comparaison. Premier constat, la voiture occupe une place prédominante dans le portefeuille de mobilité des Vaudois. Dans les régions moins bien desservies en transports publics et dans les centres, la voiture est présente dans 9 ménages d’actifs sur 10. A Lausanne, 3 actifs sur 4 disposent d’une voiture dans leur ménage. Les conditions de stationnement extrêmement favorables contribuent au maintien de son attractivité : plus d’un actif sur deux qui se rend en voiture au travail à Lausanne y dispose d’une place de parc - jusqu’à 3 sur 4 dans les autres régions du canton. A mettre en regard avec le fait que moins de 35% des actifs utilisant les transports publics bénéficient d’une participation financière de l’employeur pour leur abonnement.

L’image de la voiture, qui reste majoritairement positive, se dégrade. En 1994, on lui reprochait surtout son coût. Aujourd’hui, c’est son caractère polluant qui est réprouvé. S’il y a 25 ans, une personne sur 10 en avait une image négative, aujourd’hui c’est une sur 4. L’image des transports publics connaît quant à elle une évolution en dents de scie. Plus d’un Vaudois sur deux (53%) en avait une image négative en 1994 et seuls 30% une image positive, une tendance qui s’est maintenue en 2020 pendant la période de crise sanitaire que nous vivons. En 2011, le rapport s’est inversé avec 61% des actifs avec une image positive et 26% une image négative. En 2018, l’image s’est un peu détériorée : un Vaudois sur deux a une image positive. Alors qu’en 1994, on reprochait aux transports publics d’être surtout contraignants et lents, c’est le prix qui dérange aujourd’hui, en particulier chez les utilisateurs occasionnels et ceux qui se déplacent en famille.

Quant à la mobilité douce, elle croule sous les compliments : sportive, écologique, pratique, bon marché, confortable… Le vélo reste cependant perçu comme dangereux surtout à Lausanne et dans sa banlieue tandis que la marche est qualifiée de lente, surtout pour les longs déplacements hors des centres.

Une population multimodale

Conséquences de ces perceptions : les habitudes changent. L’utilisation de la voiture diminue, celle de la marche augmente de même que celle des transports publics, hormis dans le périurbain hors agglomération. La tendance est encore plus nette chez les moins de 35 ans, de moins en moins nombreux à avoir une voiture toujours à disposition. Globalement, les Vaudois sont devenus multimodaux : 40% d’entre eux utilisent régulièrement plusieurs modes de transports et un tiers le font de manière occasionnelle. Le vélo et le vélo électrique ont encore un potentiel important, estiment les chercheurs. Ils recommandent de ce fait des itinéraires vélos continus et sécurisés en ville et un plan de déplacements piétons en lien avec les transports publics. Cette tendance a perduré en 2020 pendant la crise du COVID.

Autre constat, l’utilisation du temps de déplacement prend de l’importance dans le choix modal. Concernant les transports publics, les scientifiques recommandent de fait un meilleur confort d’utilisation, une fréquence plus élevée et une vitesse commerciale plus compétitive. Ils préconisent aussi une meilleure offre de rabattement dans les secteurs périurbains et ruraux du canton ainsi qu’une tarification plus attractive pour les voyageurs occasionnels.

Financement

Cette étude réalisée par le Laboratoire de sociologie urbaine de l’EPFL a été financée par les partenaires suivants: Etat de Vaud (DGMR), agglomération d’Yverdon-les-Bains, ville de Lausanne (division mobilité), ville de Morges (Service d’urbanisme, constructions et mobilité), transports publics lausannois, ville de Nyon (Service mobilité), Pôle territoire, environnement et mobilité de la région de Nyon.