«Mission sur Mars» pour plus de 700 élèves du monde entier
Destinée à toutes les classes possédant des robots Thymio, la mission R2T2 sur la planète rouge a convaincu cette année 180 équipes. Ce projet pédagogique élaboré à l’EPFL permet aux élèves d’acquérir de nombreuses compétences.
En 2032, une météorite a endommagé une centrale électrique sur Mars. Heureusement, 16 robots Thymio sont prêts à intervenir pour remettre en marche le générateur principal. Jusqu’au 11 juin, 180 équipes d’élèves âgés entre 8 et 18 ans, et provenant du monde entier, tenteront depuis leur salle de classe de programmer les robots sur Mars, soit l’EPFL, pour les faire accomplir leur mission. «Nous organisons cette année 12 missions sur trois semaines. Chaque mission dure trois heures et réunit 10 à 16 équipes», détaillent Evgeniia Bonnet et Karen Jones, ingénieures et responsables du projet Remote Rescue Thymio II (soit R2T2 en clin d’œil à Star Wars) au Centre LEARN de l’EPFL.
Ce projet pédagogique international, initié en 2015 dans le cadre du pôle national NCCR Robotics pour promouvoir les STEM (science, technologie, ingénierie et mathématiques), a rassemblé en 2021 plus de 700 élèves du monde entier. Une campagne de communication initiée cette année ayant permis de mieux faire connaître le projet. «Nous avons créé un site web avec le matériel nécessaire à la préparation de la mission et nous sommes à disposition des personnes enseignantes pour les aider si besoin, remarque Evgeniia Bonnet, ancienne ingénieure spatiale. Ces dernières doivent par contre disposer de connaissances de base en robotique et bien connaître le fonctionnement des robots Thymio.»
Ci-dessous, un reportage réalisé lors des premières missions sur Mars du projet R2T2
Résolution de problème et confiance
Pour participer à la «mission sur Mars», les élèves doivent aussi être préparés, car les tâches à réaliser ne sont pas aisées. «C’est une expérience réelle qui oblige à décomposer un problème complexe, à coopérer, mais aussi à réfléchir avant d’agir, car entre Mars (l’EPFL) et la Terre (la salle de classe), il y a un retard de 30 secondes. On ne peut donc pas constater tout de suite les erreurs et celles-ci peuvent coûter du temps», sourit Evgeniia Bonnet. Sans compter que les actions réalisées impactent toutes les équipes, puisque celles-ci jouent ensemble et non les unes contre les autres.
Collaborer, faire preuve de patience et communiquer avec des personnes de langue étrangère, autant d’aspects qui peuvent représenter un défi pour des élèves majoritairement âgés entre 10 et 12 ans. Enseignante de musique, d’anglais et de mathématiques à l’établissement primaire Nyon Léman, Matilde Vianello l’a observé lors de sa participation à la mission avec neuf élèves. «Je donne le mercredi après-midi un cours facultatif sur Thymio par bloc de six semaines. Ce groupe d’élèves était motivé à continuer après une première session, je leur ai donc proposé cette aventure, parfaite au niveau de la difficulté, ni trop facile, ni trop dure. Le plus complexe pour eux, c’était de gérer leur impatience, de réfléchir à leur stratégie, d’effectuer des tests avant de communiquer leurs indications.»
Constitué majoritairement de filles, le groupe de l’enseignante de Nyon était divisé en trois équipes. «J’ai pu observer de la fierté chez les élèves et un gain de confiance. J’ai aussi trouvé génial le fait que l’on soit amené à interagir avec une classe en Russie. Les élèves se sont bien organisés pour communiquer.» L’enseignante qui a uniquement suivi une journée de formation sur Thymio en 2018, avant d’étoffer ses connaissances en autodidacte, a elle-même appris de cette expérience. «La mission sur Mars m'a amenée à changer un peu la manière de proposer des activités favorisant le travail pas à pas. En créant par exemple des contraintes aux élèves, à la manière du délai de transmission imaginé par l’EPFL.»
Six compétences clés
L’entraînement de la pensée computationnelle fait d’ailleurs partie des principaux bénéfices pédagogiques du projet R2T2, comme l’exercice de la collaboration, de la communication, de la pensée critique, de la créativité dans la résolution de problème ou l’échange interculturel. Des aspects régulièrement cités lors des entretiens qualitatifs menés auprès du personnel éducatif ayant participé au projet.
De plus, selon les différents retours d’expériences, l’aspect ludique de ce dernier fait parfois oublier aux élèves qu’ils sont en train d’apprendre. « C’est un projet unique qui couvre les compétences du 21e siècle. Thymio permet de rendre la robotique accessible à toutes et tous, note Karen Jones. En tant qu’ingénieure en robotique, je dois avouer qu’au départ, j’avais des doutes sur son potentiel, car je le trouvais très simple. Mais il offre de nombreuses possibilités et j’ai pu observer auprès de mes propres enfants à quel point il stimule leur créativité. C’est un outil inspirant pour les jeunes, tout comme ce projet.» Des missions sur Mars seront reconduites l’année prochaine et le personnel enseignant intéressé trouvera toutes les informations nécessaires sur le site web du projet.
Developing STEM and Team-working Skills Through Collaborative Space Robotics Missions, K Su, E Bonnet, F Mondada - manuscript submitted for publication, 2021