Maladie de Parkinson: des dispositifs pour suivre les symptômes

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Les chercheurs de la faculté des sciences et techniques de l'ingénieur ont développé des algorithmes qui, combinés à des capteurs portables, pourraient aider les cliniciens à surveiller la progression de la maladie de Parkinson et à évaluer les effets des médicaments couramment utilisés chez les personnes atteintes de ce trouble neurodégénératif.

La maladie de Parkinson affecte les neurones d’une région du cerveau responsable du contrôle du mouvement, ce qui entraîne des tremblements, des difficultés à marcher et d’autres problèmes moteurs. Les médecins qui s’occupent des malades de Parkinson doivent pouvoir évaluer la gravité des symptômes et adapter les doses de médicament permettant de réduire ces symptômes. Pour ce faire, les cliniciens se basent sur une poignée de tests, notamment pour mesurer la vitesse de marche. Mais en général, ces tests ne sont pratiqués à la clinique qu’à plusieurs mois d’intervalle et les résultats peuvent être influencés par plusieurs facteurs, notamment l’expérience de la personne faisant passer le test.

Les chercheurs savent que la vitesse de marche en conditions réelles est un meilleur indicateur de l’évaluation de la mobilité des patients atteints de la maladie de Parkinson. La vitesse de marche est souvent décrite comme le sixième signe vital, aussi important que la tension artérielle et la fréquence cardiaque, et elle est cruciale pour l’autonomie des personnes dans les activités de la vie quotidienne, comme le ménage ou les courses. Une relation entre vitesse de marche et espérance de vie a aussi été établie. «Si l’on marche plutôt vite, on peut s’attendre à avoir une vie plus longue,» explique Kamiar Aminian, professeur à l’Institut de bioingénierie et directeur du Laboratoire de mesure et d’analyse des mouvements de l’EPFL.

C’est pourquoi Aminian et ses confrères ont cherché à analyser comment la vitesse de marche est altérée dans la maladie de Parkinson. Le Centro Hospitalar Universitário do Porto au Portugal, partenaire du projet, a recruté 27 personnes ayant la maladie de Parkinson et a fourni à chacune d’entre elles un capteur qui se porte au pied et qui enregistre leur vitesse de marche. Au cours de l’évaluation clinique, les chercheurs ont demandé aux patients de réaliser deux tests de marche différents: dans le premier, il fallait marcher en ligne droite sur 20 mètres, tandis que le second impliquait de marcher en cercles sur cinq tours. Les tests de marche étaient réalisés pendant que les patients étaient sous traitement par un médicament réduisant les problèmes moteurs, puis renouvelés alors qu’ils n’étaient plus sous traitement. À partir des données recueillies par les capteurs, l’équipe d’Aminian de l’EPFL a calculé la vitesse de marche moyenne et la vitesse de marche maximale de chaque personne.

«Les activités de la vie quotidienne peuvent nous fournir plus d’informations et nous révéler comment se déroule la vie réelle, nous avons donc demandé aux patients de rentrer chez eux et de porter le capteur pendant une journée,» explique l’investigateur principal de l’étude, Arash Atrsaei, doctorant de l’équipe d’Aminian. À l’aide d’algorithmes fiables qui analysent les données de mouvement à partir des capteurs, les chercheurs ont pu surveiller la vitesse de marche des patients 24 heures sur 24 et de manière objective.

L’équipe a constaté que les patients avaient en moyenne la même vitesse de marche chez eux qu’à la clinique. L’analyse a également suggéré que les personnes avaient tendance à se déplacer plus lentement sur des trajets courts, par exemple pour faire quelques pas avant de s’arrêter et de faire une autre tâche, et à marcher plus vite sur des trajets de plus d’une minute, en général en extérieur.

Pendant leurs activités quotidiennes, certains patients marchaient même plus vite qu’à la vitesse maximale mesurée à la clinique. Les chercheurs ont démontré que ces «foulées exceptionnelles» se produisent principalement entre 30 minutes et trois heures après la prise de leur médicament. «Nous constatons réellement les effets du médicament grâce à la mesure de la vitesse de marche,» indique Atrsaei. L’étude a été publiée dans la revue NPJ Parkinson’s Disease

D’après les résultats de l’étude, la surveillance de la vitesse de marche pendant les activités de la vie quotidienne à l’aide de dispositifs portables pourrait aider les médecins à optimiser la posologie des médicaments en fonction des symptômes moteurs de chaque patient. En outre, comme l’affirme Atrsaei, les capteurs et leurs algorithmes dédiés permettent aux cliniciens de surveiller les patients à distance, ce qui peut être un atout pour protéger les personnes vulnérables dans des situations telles que la pandémie de coronavirus.