Luisa Lambertini, future Rectrice à Lugano

Luisa Lambertini, future Rectrice à Lugano © 2023 EPFL

Luisa Lambertini, future Rectrice à Lugano © 2023 EPFL

L’économiste, titulaire de la chaire de finance internationale du Collège du Management de la Technologie (CDM) et Vice-Présidente associée pour l'éducation postgrade à l'EPFL, s’est investie pour une écoute toujours plus ciblée des doctorantes et doctorants. Nommée à l’unanimité comme future Rectrice de l'Université de Suisse italienne, elle rejoindra Lugano à partir du 1er juillet 2023.

Un défi de taille attend Luisa Lambertini. La titulaire de la chaire de finance internationale du Collège du Management de la Technologie (CDM) à l’EPFL depuis 2007 deviendra la nouvelle Rectrice de l’Université de Suisse italienne (USI) dès cet été à Lugano. Sa nomination à l’unanimité s’est imposée à l’issue d’un processus de sélection extrêmement compétitif. «Le profil de Luisa Lambertini a convaincu par la qualité de sa carrière académique et par son expérience en tant que Vice-Présidente associée de l'EPFL, qui l'a menée à la tête d'une école doctorale comptant 2400 étudiants et 22 programmes, sans oublier la gestion de la formation continue. Son expérience internationale et ses capacités managériales ont été considérées particulièrement pertinentes pour les stratégies de renforcement et de développement à venir de l'USI», relève Monica Duca Widmer, Présidente du Conseil d’USI.

Avant de rejoindre Lugano dans quelques mois, l’heure est aux souvenirs. Assise derrière son bureau baigné de lumière, Luisa Lambertini se remémore avec plaisir ses années de doctorat à l’Université de Californie à Berkeley. «Les économistes ne peuvent pas travailler tout seuls. L’interaction est primordiale pour avancer», précise-t-elle. Les débats d’idées entre pairs ont nourri sa vocation académique. Une trentaine d’années plus tard, la professeure ordinaire n’a pas oublié le rôle essentiel de ces échanges et consacre deux jours par semaine à ses doctorantes et doctorants, quoi qu’il arrive dans son agenda chargé.

Originaire de Bologne, la jeune femme rêvait d’étudier les mathématiques. Mais ses parents la convainquent de devenir comptable. «Après cinq ans, je savais clairement que ce n’était pas fait pour moi», dit-elle dans un sourire. Elle choisit d’étudier l’économie à l’université de sa ville natale.

Experte en politiques fiscales et monétaires

«L’économie réunit dans un même cadre plusieurs acteurs, que ce soient les consommateurs, les travailleurs, les gouvernements ou encore les banques, résume-t-elle. Comme j’adore la logique mathématique, je me suis concentrée dès le début de ma carrière à construire des modèles d’analyse macroéconomiques qui peuvent être confrontés à la réalité de tous ces acteurs».

La professeure est aujourd’hui une spécialiste reconnue des politiques fiscales et monétaires et s’intéresse en particulier à leurs influences sur les milieux bancaires. À titre d’exemple, une de ses recherches phares l’a conduite à étudier les données de la très discrète Banque Nationale Suisse. «Après la crise financière de 2008, plusieurs régulations ont été mises en place pour mieux contrôler les banques. Ma recherche consistait à analyser l’impact de ces changements sur leurs décisions à venir. Puisque les institutions devaient augmenter leurs réserves financières, allaient-elles répercuter ces coûts sur leurs clients à travers une hausse des taux d’intérêt de l’immobilier ? Nous avons pu démontrer scientifiquement que cette crainte généralisée était infondée.»

« Comme économiste, j’ai participé à la construction de la section finance du CDM car j’étais une des premières à intégrer l’équipe avec cette expertise.» Luisa Lambertini

Luisa Lambertini a consolidé son savoir académique sur deux continents. Après l’Italie, elle rejoint Warwick University en Angleterre pour finaliser son master avant d’embarquer sa vespa sur un bateau direction Berkeley où elle défendra son doctorat à l’Université de Californie en 1995. Sa carrière de professeure démarre à l’Université de Californie à Los Angeles puis à Boston College. En 2007, avec son mari, professeur lui aussi, et leur fille âgée de 4 ans, l’envie de rentrer en Europe grandit. C’est là que l’EPFL propose à chacun un poste de professeur dans leur discipline respective. La scientifique et ancienne sportive d’élite – elle a évolué une dizaine d’années dans sa jeunesse au sein de l’équipe nationale italienne de handball – troque sans sourciller l’Atlantique contre le lac Léman pour pratiquer, entre autres, la planche à voile.

«Comme économiste, j’ai participé à la construction de la section finance du CDM car j’étais une des premières à intégrer l’équipe avec cette expertise.» Quinze ans plus tard, elle aime toujours autant y enseigner. «Nous restons un petit Collège au sein de l’EPFL mais notre offre de formation s’est progressivement étoffée aussi bien au niveau Master que pour les cours transversaux de gestion et finance destinés aux étudiants Bachelor inscrits dans des cursus de sciences humaines et sociales», ajoute-t-elle.

Développement du mentorat

Luisa Lambertini cumule les responsabilités avec le même enthousiasme. Vice-Présidente de l’EPFL Wish Foundation, active dans le soutien et la promotion des femmes scientifiques, elle occupe en parallèle la Vice-présidence associée pour la formation postgrade. «C’est à la fois passionnant et très prenant, avoue-t-elle. Comme professeure de finance au CDM, je maîtrise les budgets, un atout pour diriger une telle structure. Mais ce n’est pas tout. Il faut être là pour accueillir et accompagner au mieux ces scientifiques». Dans cette optique, elle a lancé le nouveau système de mentorat, qui met à disposition des doctorantes et doctorants des personnes-ressources. Ces dernières offrent un espace d’échange en cas de désaccords tout en garantissant l’anonymat. «Cette approche est très utile, car elle aide à freiner l’escalade des conflits », ajoute-t-elle.