Lucia Bordone défend sa thèse sur les mémoires urbaines

La recherche de Lucia Bordone s’est centrée sur la zone post-industrielle d’Ostiense, dans la ville de Rome © Lucia Bordone

La recherche de Lucia Bordone s’est centrée sur la zone post-industrielle d’Ostiense, dans la ville de Rome © Lucia Bordone

Le 9 octobre, la socio-anthropologue Lucia Bordone a défendu sa thèse intitulée « La mémoire collective et l’espace: Traces, récits et expériences autour d’un paysage urbain romain ».

La thèse de doctorat de Lucia Bordone a été dirigée par l’anthropologue et spécialiste du patrimoine Florence Graezer Bideau de l’Institute for Area and Global Studies (IAGS) du Collège des Humanités, et par l’historien Filippo De Pieri du Polytechnique de Turin. La qualité et l’originalité de son travail lui ont valu d’être nominé pour la distinction du programme doctoral en architecture et sciences de la ville de l’EPFL.

La défense a eu lieu sur le campus et était également accessible par Zoom. Lucia Bordone a présenté la manière dont sa thèse s’attachait à explorer les liens subtiles et multiples reliant la mémoire collective et l’espace dans la ville contemporaine. Plus spécifiquement, la recherche s’est centrée sur une étude de cas empirique menée dans la zone post-industrielle d’Ostiense, dans la ville de Rome. Dans ce contexte, les mémoires liées à l’histoire ouvrière contrastent fortement avec les représentations classiques attachées à la ville dans l’imaginaire occidental.

Partant de ce contraste, Lucia Bordone a proposé une triple lecture du territoire investigué, permettant de rendre compte de son épaisseur historique et sémantique. Cette lecture porte à la fois sur les controverses historiques et historiographiques qui ont accompagné le développement industriel de Rome ; sur la vie quotidienne telle qu’elle s’est donnée à voir dans le quartier au travers d’une enquête ethnographique ; et enfin sur les politiques publiques urbaines. Ce cadrage original permet à la thèse d’offrir des pistes pour renouveler la démarche monographique.

La combinaison d’approches classiques et d’approches dites « sensibles » (vidéo, photo, cartes mentales, marche urbaine) permet de rendre compte à la fois des dimensions matérielles, narratives, et expérientielles des mémoires liées au passé ouvrier.

« J’ai été impressionnée de voir à quel point les habitants que j’ai pu rencontrer articulaient, de manière à la fois très fine et très concrète, la question mémorielle et celle de la spatialité » dit Lucia Bordone. « Ils ont une vision propre concernant le devenir de leur territoire et elle mérite d’être prise en compte. »

À propos de Lucia Bordone

Lucia Bordone a débuté son doctorat en 2015 dans la cadre d’un projet plus large financé par le Swiss Network for International Studies (SNIS) intitulé « Mapping controversial memories in the historic urban landscape : a multidisciplinary study of Beijing, Mexico City and Rome ». Avant de rejoindre l’EPFL, elle a travaillé comme collaboratrice scientifique et comme consultante pour l’Institut d’éthique et de droits humains de Fribourg ainsi que pour la Direction du développement et de la coopération suisse (DDC).

Les intérêts et l’expertise de Bordone portent sur le rapport de l’homme à la matérialité dans le cadre de l’environnement naturel et construit. Le dialogue entre théorie et pratique, ainsi qu’entre différentes disciplines et champs professionnels constitue le moteur de son travail.